De nouvelles révélations du Guardian jettent une ombre sur la Cour pénale internationale (CPI). Une enquête approfondie, basée sur les témoignages de onze fonctionnaires actuels et anciens de la Cour, expose des accusations graves contre le procureur Karim Khan, notamment de harcèlement sexuel et de tentatives d’étouffement de l’affaire.
Une avocate trentenaire, travaillant directement avec Khan, aurait subi des agressions pendant près d’un an, d’avril 2023 à avril 2024. Les incidents se seraient produits dans divers lieux : le bureau de Khan à La Haye, son domicile privé et des chambres d’hôtel lors de déplacements professionnels. « Les incidents ont escaladé au fil du temps », rapporte le Guardian, citant des sources proches du dossier. Dans l’un des cas, le procureur aurait « poussé sa langue dans son oreille ».
L’enquête révèle également des pressions exercées sur la victime présumée. Un proche de Khan l’aurait encouragée à nier les accusations par écrit, suggérant qu’elle écrive : « Je n’ai jamais dit cela. Il ne m’a jamais agressée. » Selon les sources du Guardian, « le procureur était très effrayé » que ces allégations ne soient divulguées.
Le mécanisme de contrôle indépendant (IOM) de la CPI fait également l’objet de critiques sévères. Après un entretien avec la victime présumée dans un hôtel de La Haye, l’enquête a été close en seulement deux jours, bien que la plaignante ait accepté une seconde rencontre avec les enquêteurs.
Khan, juriste britannique de 54 ans, « nie catégoriquement toutes les allégations », selon ses avocats qui s’inquiètent que « la divulgation de documents confidentiels et internes vise à saper son important travail dans un moment sensible ».
L’Union du personnel de la CPI réclame désormais « une enquête rapide et indépendante, menée par un panel externe libre de tout conflit d’intérêts potentiel ». L’Assemblée des États parties, organe de supervision de la CPI, pourrait prochainement lancer une nouvelle enquête, la victime présumée étant actuellement en contact avec cette instance.