Les banques au Proche Orient se caractérisent par une forte fragmentation des acteurs, bien que des effets de concentration soient à l’œuvre. Même si le nombre de banques varie fortement selon les pays, on relève dans toute la région des tendances monopolistiques par certains groupes bancaires.
En Israël par exemple, 5 groupes bancaires contrôlent 98% du marché. Cette prédominance est souvent marquée par des institutions bancaires publiques, comme en Égypte où les deux premières banques d’État du pays – National Bank of Egypt (NBE) et Banque Misr – détiennent à elles seules plus de la moitié des actifs. L’importance des systèmes bancaires dans l’économie diffère également selon les pays, avec des actifs de banques qui représentent entre 185% du PIB en Jordanie à 56% du PIB seulement en Irak en 2022 (136% pour Israël, 145% pour l’Égypte, 93% pour les Territoires Palestiniens).
Les systèmes bancaires de la région se sont construits dans des temporalités et sur des modes opératoires très variés, dont les caractéristiques sont très hétérogènes, en matière de robustesse face aux vulnérabilités notamment.
Le BICRA (Banking Industry Country Risk Assessment) de l’agence de notation S&P témoigne de ces disparités régionales en matière de risque bancaire, bien qu’une grande majorité des pays du Proche Orient ne soit pas encore évaluée. Tandis qu’Israël figure parmi les systèmes bancaires les plus robustes (Groupe 3), la Jordanie et l’Égypte figurent respectivement dans les niveaux de risque 8 et 9, en particulier concernant leur risque de crédit dans l’économie et leur manque de résilience économique.
Par ailleurs, des risques de gouvernance multiples existent :
1) actionnariat trop éclaté
2) sous-investissement dans le secteur privé
3) instauration d’un capitalisme de copinage
4) surreprésentation des investissements dans des titres d’État
5) multiplication des conflits d’intérêts.
De même, malgré les flux financiers importants vers le secteur public, ces investissements ne traduisent pas systématiquement une efficience et bon état des biens publics.
Les banques étrangères occupent des places variées sur les différents marchés bancaires, avec un retrait visible des banques européennes dans la région.
En effet, les banques européennes, dont les banques françaises, ont progressivement limité leur implication financière dans la région du fait notamment des considérations politiques et de sanctions financières prononcées à l’égard d’institutions bancaires ; des difficultés d’implémentation des standards règlementaires internationaux ; des performances bancaires hétérogènes et de la structuration des marchés bancaires avec des phénomènes de concentration du marché par des banques à capitaux publics.
Au niveau des interconnexions bancaires régionales, l’implication de banques libanaises, en particulier en Jordanie et Syrie, a été fortement réduite suite à la crise économique et financière de 2019.
Les banques du Golfe occupent en revanche une place de plus en plus importante dans le paysage des banques étrangères au Proche Orient.
Source : Ambassade de France au Liban, Service économique