Israël – Liban : la nouvelle donne, par Raphaël Jerusalmy
Bien sûr, Tsahal se prépare au pire, qu’il s’agisse de la nécessité d’une offensive terrestre ou d’une guerre totale contre l’Iran et ses alliés. Mais pourquoi ne pas envisager également le meilleur ?
Avec l’élimination du chef suprême du Hezbollah, l’équation stratégique au Proche-Orient change du tout au tout. Mais aussi la perspective de la lutte globale contre le terrorisme. La suppression de l’obstacle principal à toute conciliation avec le Liban est un pas géant franchi vers une paix possible. Car elle est possible.
De grâce, cessons de parler en termes de riposte, de représailles, de vengeance et de prédire des apocalypses. Cessons d’accoler à cette éclatante victoire du bien contre le mal, des conjonctions telles que « cependant » et « néanmoins ». Bien sûr, Tsahal se prépare au pire, qu’il s’agisse de la nécessité d’une offensive terrestre ou d’une guerre totale contre l’Iran et ses alliés. Mais pourquoi ne pas envisager également le meilleur ?
Dès aujourd’hui, la nation libanaise et le peuple libanais ont l’occasion tant attendue de pouvoir prendre, ou plutôt reprendre, leur destin en main
Les conditions sont désormais réunies pour un cessez-le-feu et même plus, à condition de ne pas louper le coche. Dès aujourd’hui, la nation libanaise et le peuple libanais ont l’occasion tant attendue de pouvoir prendre, ou plutôt reprendre, leur destin en main. C’est le moment ou jamais de se débarrasser de la férule des terroristes chiites et de l’ingérence iranienne. Mais pour cela, il faudra que la communauté internationale qui, jusqu’ici n’a fait que croiser les bras, s’investisse et porte assistance aux Libanais.
À commencer par l’instauration d’un cessez-le-feu négocié de gouvernement à gouvernement, entre Beyrouth et Jérusalem, sans que le Hezbollah ait voix au chapitre. Israël rêve d’une normalisation avec le Liban, sinon une paix, et est prêt à aider son voisin du nord sur tous les plans, dont les domaines économique, technologique, énergétique, afin d’assurer une stabilité et une souveraineté dont le Liban a été privé depuis l’oppression syrienne et l’infestation du sud par les terroristes d’Arafat jusqu’à l’immixtion des Iraniens par l’entremise de Nasrallah. Cet état de choses a pris fin le 27 septembre 2024.
L’armée de l’air iranienne est désuète, pour ne pas dire obsolète.
Le spectre de la menace iranienne plane sur la région. Mais le danger qu’il représente est gonflé par les experts. L’armée de l’air iranienne est désuète, pour ne pas dire obsolète. Ses systèmes de défense anti-aérienne, russes pour la plupart, n’ont plus de secret pour les pilotes de combat israéliens. Les capacités de nuisance électronique et cyber d’Israël peuvent paralyser tout l’Iran en quelques heures et saboter plusieurs sites nucléaires.
Mais surtout, et c’est là le point principal, la stratégie planifiée de longue date par Téhéran est tombée à l’eau. Dans le cas d’une attaque contre Israël, l’Iran prévoyait et comptait sur une action simultanée du Hamas au sud et du Hezbollah au nord. Et éventuel coup de main des Houthis du Yémen et des milices chiites d’Irak et de Syrie qui, à eux seuls, sont loin de faire le poids avec la force de frappe de Tsahal. Sans oublier le risque, comme lors de la volée de missiles iraniens sur Israël d’avril dernier, d’une intervention américaine ou même internationale afin de tuer dans l’œuf une extension du conflit et une déstabilisation dont pâtiraient le commerce mondial et les économies dépendant d’un approvisionnement régulier en pétrole et gaz naturel. Téhéran se réserve bien sûr la faculté de frapper hors du Proche-Orient et commettre des attentats de par le monde. Un monde dont il faut avouer qu’il n’a pas fait grand-chose pour endiguer la vague d’islamisme fanatique qui s’abat sur lui, laissant Israël s’en charger tout seul. Dommage pour Paris, Londres ou Washington qui, au lieu de participer à ce triomphe contre la terreur, n’ont à faire valoir que leur passivité circonspecte doublée du pitoyable visage de leur pleutrerie.
Le rêve du chef du Hamas, Yahya Sinwar, de voir le Proche-Orient tout entier basculer dans le chaos était à deux doigts de se réaliser. La cheville ouvrière en était Nasrallah. Sinwar, s’il est encore vivant, déchante et commence à faire ses comptes. Devant ce soudain rétrécissement de ses options, il est contraint de recalculer sa position et d’envisager une négociation sérieuse de sa survie en échange de la libération des otages. Car nul ne viendra à sa rescousse. Nasrallah sera remplacé, certes. Mais nul n’a son expérience tant politique que militaire, ni son charisme et sa stature.
En fin de compte, le péril le plus pressant, en termes de riposte et de revanche, va venir de Judée-Samarie avec une recrudescence des activités terroristes, toutes factions confondues. Et donc, un scénario catastrophe demeure possible. Avec, par exemple, la nécessité d’une intrusion terrestre de Tsahal au sud du Liban. C’est pourquoi il y a urgence de saisir l’occasion qui se présente ces jours-ci, avant que l’ennemi se reprenne. L’occasion de changer la donne et d’aller de l’avant sans le Hamas, sans le Hezbollah, sans Téhéran et de donner sa chance à la paix.