Nicolas Sarkozy : « Israël a le droit de vivre debout. Israël a le droit de vivre tout court »

L’ancien président français déplore qu’Israël soit victime d’un « deux poids deux mesures » face à la guerre en Ukraine que l’Europe encourage.

Nicolas Sarkozy (à g) et Vincent Hervouët (à d) le 30 septembre sur le plateau d'Europe 1/CNews. (Crédit : capture d'écran YouTube)

L’ex-président Nicolas Sarkozy a été interrogé ce lundi sur Europe1/Cnews, au sujet des derniers développements de la guerre en cours entre Israël et le groupe terroriste chiite pro-Iran Hezbollah au Liban.

« Mes convictions personnelles font que jamais je ne peux me réjouir de la mort de quelqu’un. Mais si c’est un jugement politique que vous me demander, Israël a été agressé. C’est le drame du 7 octobre. Le Hamas. Et c’est le Hezbollah qui a conduit à un déplacement de population du nord d’Israël massif, » a déclaré Sarkozy quand Vincent Hervouët, l’un des journalistes sur le plateau lui a posé la question de savoir si l’élimination du cheikh Nasrallah par Israël était « une bonne chose » ou bien Benjamin Netanyahu était un incendiaire. Cette question fait écho à de nombreux articles de presse publiés en France sous cet angle : est-ce qu’Israël a le droit de se défendre ? et si oui comment ? Peut-il cibler les armes stockées dans des zones civiles ? etc…

« Israël a le droit de se défendre, Israël a le devoir de se défendre », a-t-il poursuivi. « Et si nous Français, nous étions dans la même situation, nous devrions nous défendre. Un pays doit vivre debout. Et Israël a le droit de vivre debout, de vivre tout court et de vivre debout. De ce point de vue, je dis : Ils ont eu raison », a-t-il poursuivi, en étant interrompu par le journaliste qui lui dit qu’il ne répond pas à la question. Il reprend : « Et peut-être même que le pire risque d’embrasement serait l’inaction et la lâcheté. Ça c’est ce que je pense et personne ne me fera changer d’avis. »

« Pour le reste je connais bien M. Netanyahu, j’ai eu quantité de discussions avec lui, et parfois sévères. Il doit savoir qu’il n’y aura jamais d’éradication de ses ennemis par la guerre. Que toute guerre doit avoir une fin et que la négociation n’est pas la capitulation. Donc il va venir le temps où il va falloir discuter, » explique-t-il.

« Le temps est venu de la négociation, mais Pascal Praud [l’animateur de l’émission], c’est extravagant de voir l’Europe pousser les Ukrainiens à se battre jusqu’au dernier sang, des leurs, des nôtres dans une guerre qui a déjà fait un demi-million de morts, et de considérer qu’Israël n’aurait pas le droit de se battre et de se défendre », en dénonçant ce flagrant « deux poids deux mesures » dont Israël est victime. « La guerre d’un côté, c’est bien, la guerre de l’autre c’est mal. Il n’y a pas plus injuste que cette différence de posture ».

Mais le journaliste présenté par Praud comme un « spécialiste » persiste pour savoir si les explosions des bipeurs et des talkies-walkies utilisés par les terroristes pro-Iran du Hezbollah étaient légitimes, si quelqu’un pleure Nasrallah, et si les dirigeants du monde ont peur de l’escalade. Visiblement agacé, l’ancien président répond : « Je suis estomaqué si vous permettez cette expression par l’indulgence de la plupart des observateurs à l’endroit de l’Iran et de leur sévérité à l’endroit de l’Arabie Saoudite. C’est extravagant. Souvenez-vous ce malheureux journaliste je crois que c’était [Jamal] Khashoggi qui a été assassiné. Ça a été un scandale mondial, à juste titre. Dans l’ambassade. Mais imaginez, quand cet avion, rempli d’Ukrainiens, qui a été abattu par des missiles iraniens. Ils ont dit : ‘Oh c’était une erreur’. il y a eu je crois un peu moins de 200 morts. C’est passé comme une lettre à la poste. Le terrorisme, monsieur Hervouët, vous le savez mieux que moi a commencé par Téhéran, pas par Ryad. L’ayatollah Khamenei finance le Hezbollah. Je ne suis pas aussi certain de l’explosion générale qui nous est annoncée. Parce que l’Iran sait parfaitement – ils sont très intelligents – qu’ils auraient beaucoup plus à perdre qu’à y gagner. Et je crois, peut-être que je me trompe. Mais je crois que le risque d’embrasement généralisé, il est plus dans un conflit globalisé avec la Russie que dans un conflit globalisé avec l’Iran. »

Le journaliste Hervouët persiste et signe : « Alors je ne vais pas faire de la morale ou du moralisme, mais quand même il y a une petite question qui se pose même si on peut célébrer la disparition d’un homme qui a tué ou fait tuer et certains de ses lieutenants ont été directement impliqués dans la mort, y compris des 58 Français du Drakkar [en 1983]. 40 ans après, les Israéliens ont soldé nos comptes. Mais quand même. Est-ce que vous trouvez qu’Israël est dans son droit quand il fait sauter les bipeurs, qui équipent l’encadrement du Hezbollah, des milliers de bipeurs, quand il bombarde des immeubles derrière lesquels se cachent les terroristes, est-ce que vous dites c’est la guerre ou est-ce que vous dites la France ne ferait jamais ça ? »

« Monsieur Hervouët, j’ai bien des défauts : l’hypocrisie n’est pas ma première caractéristique. La guerre, c’est la guerre. Permettez-moi de vous dire, et je parle devant un amoureux de la côte Atlantique. Nantes. Le Havre, Royan ont été démolis par qui ? Par les bombardements alliés. Berlin rasé. Il n’y avait pas que des SS à l’époque. Hiroshima, Nagasaki il y avait des bases militaires là-bas ? La guerre c’est la guerre. Israël s’est défendu d’agression scandaleuse. Ça veut pas dire que je suis d’accord avec Monsieur Netanyahu sur tout. Mais que l’on vienne pleurer sur les conséquences dramatiques de la guerre. Pardon de vous dire, mais c’est le comble de l’hypocrisie. Il n’y a pas de guerre, sans victime civile, hélas, » explique l’ex-président.

« Alors, la France. Joe Biden lui, a dit que la mort de Nasrallah c’était une ‘mesure de justice’. Mais ce n’est pas du tout le ton qu’il y a à Paris. Depuis deux semaines, la France clame, halte au feu, dénonce Netanyahu, qui aurait commis une faute grave en refusant le cessez-le-feu que lui propose Emmanuel Macron. Le président a déploré le nombre absolument choquant de victimes civiles. Qu’est-ce que vous pensez de cette déclaration, » questionne Hervouët.

« En ce qui me concerne, je vous l’ai dit. Israël mène un juste combat pour son existence. C’est Israël qui a été agressé. Pour le reste, il faut savoir finir une guerre et Monsieur Nétanyahu doit comprendre que le temps de la négociation doit arriver. J’ai un point de désaccord avec lui, si vous me permettez de vous le dire, c’est une question que vous ne m’avez pas posé : c’est l’affaire des otages. Car Israël est une démocratie. Et dans une démocratie, les otages n’ont pas le prix du nombre. Ils ont le prix du miracle de la personne humaine elle-même. Et en ce qui me concerne, j’ai toujours pensé qu’une trêve eut été nécessaire le temps que les otages soient libérés. M. Hervouët, c’est exactement ce qui fait la différence entre une démocratie, qu’est Israël, et une dictature. »

Des portraits d’otages détenus par le Hamas à Gaza depuis le 7 octobre sont exposés devant le campement anti-israélien de l’Université Columbia, le 28 avril 2024 à New York. (Crédit : Charly Triballeau/AFP)

Quelques jours plus tôt, son fils, Louis Sarkozy, avait déclaré sur LCI au sujet des membres du Hezbollah : « Qu’ils crèvent tous ! ».

Vendredi 27 septembre, l’essayiste était chroniqueur « spécialiste des États-Unis » dans l’émission de Darius Rochebin.

« Je ne suis pas militaire et je n’étais pas né au moment de cet attentat », a-t-il dit au sujet de l’attentat contre le camp du Drakkar à Beyrouth en 1983, dans lequel 58 parachutistes français ont péri, et dont le Hezbollah est largement accusé.

« Je pense que je parle pour beaucoup de Français quand je dis : qu’ils crèvent ! Israël fait le travail de l’humanité ici. Absolument aucun remord à ce niveau-là, qu’ils crèvent tous ».

En plateau, aucune réaction. Mais sur les réseaux sociaux, de nombreuses personnes l’accusent de faire l’apologie de crimes contre l’humanité. C’est notamment le cas d’un élu de la ville de Grand-Charmont (Doubs), Ismaël Boudjekada, qui annonce saisir la procureure de la République de Paris.

Sur ses réseaux sociaux, Louis Sarkozy persiste et rend hommage aux victimes françaises du Hezbollah en postant une photo de 1983.

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