Le 17 septembre 2024, une série d’explosions a secoué la banlieue sud de Beyrouth, notamment dans le quartier de Dahieh, bastion du Hezbollah. Des dispositifs de communication sans fil, tels que des pagers et des beepers, utilisés par les membres de l’organisation chiite, ont explosé simultanément, causant des dizaines de blessés graves.

Après des attentats au beeper, les Libanais ordinaires ont désormais peur des moyens de communication conventionnels, rapporte Nabih Boulos, chef du bureau Moyen-Orient du Los Angeles Times.

« Des rumeurs et des appels circulent sur les réseaux sociaux, dans les messageries instantanées et dans la rue pour éteindre vos routeurs Wi-Fi ou retirer les piles de certains appareils électroniques. En fait, on a peur des choses les plus ordinaires que l’on a à la maison », a déclaré Boulos,

Une explosion coordonnée et stratégique.

Dans la matinée du 17 septembre, plusieurs explosions ont été rapportées dans diverses zones du sud de Beyrouth. Les témoins sur place, notamment des journalistes de Reuters, ont observé des membres du Hezbollah blessés, saignant de leurs plaies après l’explosion de leurs dispositifs de communication personnels.

Des sources sécuritaires libanaises ont confirmé à Al-Hadath que l’origine des explosions résidait dans une infiltration des systèmes de communication du Hezbollah. Un pays ennemi aurait utilisé une technologie de pointe pour déclencher ces explosions à distance, ciblant spécifiquement les dispositifs de communication utilisés par le Hezbollah. Ce type d’attaque, sans précédent dans sa sophistication, démontre la capacité des ennemis du Hezbollah à perturber les opérations du groupe chiite sans engager de confrontation directe.

Une opération de piratage technologique visant le Hezbollah ?

Bien qu’aucun pays n’a revendiqué officiellement l’opération, plusieurs sources sécuritaires au Liban et dans la région soulignent que cette attaque relève du piratage technologique de haute envergure. L’infiltration des réseaux de communication internes du Hezbollah semble être au cœur de cette opération. Des experts en cybersécurité estiment que le piratage des systèmes radio et des dispositifs de communication a été réalisé par une technologie de guerre électronique avancée, permettant de cibler précisément les équipements utilisés par les combattants du Hezbollah.

Ce type d’attaque démontre l’évolution des tactiques employées par les ennemis du Hezbollah dans sa lutte. Loin des frappes aériennes traditionnelles, cette méthode permet de porter un coup sévère au groupe tout en limitant les risques pour les forces israéliennes. En effet, les explosions des dispositifs personnels des membres du Hezbollah soulignent leur vulnérabilité face à la guerre électronique.

Conséquences géopolitiques et militaires

L’attaque du 17 septembre pourrait marquer un tournant dans les opérations militaires.  Cette méthode pourrait également s’étendre à d’autres théâtres d’opération, notamment en Syrie, où le Hezbollah maintient une forte présence aux côtés des forces pro-Assad.

Les répercussions de cette attaque sont également politiques. Le Hezbollah, qui joue un rôle clé dans la politique libanaise, pourrait voir son autorité contestée si ses failles technologiques sont exploitées à plus grande échelle. En outre, cette attaque accroît la pression sur le gouvernement libanais, déjà en difficulté face à la crise économique et politique, pour répondre aux opérations israéliennes sur son territoire.

Une riposte du Hezbollah à venir ?

Bien que le Hezbollah n’ait pas encore officiellement réagi à cette attaque, il est probable que le groupe cherche à riposter, soit par des actions militaires, soit en renforçant ses propres capacités de cybersécurité. Les experts estiment que le Hezbollah pourrait tenter de renforcer ses réseaux de communication pour éviter de nouvelles infiltrations.

Toutefois, cette attaque pourrait marquer le début d’une nouvelle phase de conflit entre Israël et le Hezbollah, où la guerre électronique et le piratage technologique prennent une place centrale. L’utilisation de ces technologies dans des opérations militaires pourrait redéfinir les règles du jeu, transformant le champ de bataille en un espace de plus en plus virtuel.

Journaliste chez EconomieMatin. Ex-Chef de Projet chez TEMA (Groupe ATC), Ex-Clubic. Diplômé de Philosophie logique et de sciences du langage (Master LoPhiSC de l’Université Paris IV Sorbonne) et de LLCE Italien.

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