Du cacao fabriqué en labo, chronique de Jean-François Strouf.
Israël.
En 2023, près des deux tiers des consommateurs dans le monde ont acheté une forme de chocolat. Et selon la société internationale d’études de consommation Statista, le marché du chocolat représente aujourd’hui 133 milliards de dollars – et devrait croître chaque année de près de cinq pour cent. Mais mais mais c’est aussi totalement essentiel. Le Fonds mondial pour la nature affirme que les agriculteurs qui cultivent les fèves de cacao – dont 70 pour cent se trouvent dans les pays d’Afrique de l’Ouest que sont la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Nigeria et le Cameroun – ont tendance à défricher les forêts tropicales pour planter de nouveaux cacaoyers, plutôt que de réutiliser les mêmes terres. Pour cette raison, l’Afrique de l’Ouest connaît une déforestation massive.
Le prix du chocolat dépasse celui que nous payons en magasin. L’industrie a en effet un lourd impact sur l’environnement Et le bilan environnemental ne s’arrête pas là. Deux autres ingrédients courants du chocolat – le soja et l’huile de palme – sont également des causes majeures de déforestation dans le monde ! Je rappelle que les arbres sont des puits de carbone et, qu’en les abattant, on libère des quantités de CO2 dans l’atmosphère. Mais ce n’est pas irrémédiable : certains fabricants de chocolat, comme l’allemand Ritter Sport et le néerlandais Tony’s Chocolonely, appliquent des pratiques durables, celles-ci doivent encore s’implanter dans l’ensemble du secteur.
Allons plus loin c’est ce que propose la startup israélienne Celleste Bio qui a décidé de cultiver des fèves de Cacao en laboratoire !
Le cacao cultivé en laboratoire est cultivé à partir de quelques fèves réelles, qui peuvent être reproduites à plusieurs reprises, et sans, avoir à couper à nouveau un seul arbre. La méthode unique de l’entreprise basée à Misgav utilise la technologie de culture cellulaire pour créer les fèves de cacao et la combine avec la modélisation de l’IA pour créer les conditions de croissance optimales. Ces cellules de fèves sont ensuite utilisées pour fabriquer le beurre de cacao nécessaire à la fabrication du chocolat, qui présente le profil chimique identique à l’original. L’entreprise prélève les cellules d’une ou deux fèves de cacao et les place dans une culture liquide dans un bioréacteur. Les cellules se multiplient rapidement et sont récoltées pour obtenir le beurre de cacao. Il ne faut que sept jours pour que les cellules du haricot mûrissent dans le bioréacteur afin que le beurre de cacao puisse être récolté. Celleste Bio produit également de la poudre de cacao à partir du reste des fèves une fois le beurre extrait.
L’entreprise a rapidement suscité l’intérêt de la multinationale américaine Mondelez, l’une des plus grandes entreprises alimentaires au monde, dont le portefeuille comprend des marques mondiales de chocolat telles que Cadbury, Milka, Côte d’Or et Fry’s. Et aujourd’hui, le géant de l’alimentation est l’investisseur stratégique de Celleste.
Jean-François Strouf