Risque imminent de crise financière en Israël – économistes.
Selon Yoel Naveh, dans les trois à cinq prochaines années, Israël risque une récession dangereuse pour sa sécurité s’il ne parvient pas à adopter un budget 2025 responsable.
Israël doit sans délai prendre des mesures vigoureuses pour présenter un budget 2025 responsable afin d’écarter le risque – imminent – de crise financière, laquelle pourrait entraîner son économie déjà meurtrie par la guerre dans une véritable récession et mettre en danger sa sécurité, met en garde un ancien économiste en chef du ministère des Finances.
Dans un document d’évaluation et d’orientation, Yoel Naveh, économiste en chef du ministère des Finances de 2014 à 2018 et Lev Drucker, ex-adjoint principal de l’économiste en chef jusqu’en 2022, disent que si le gouvernement ne parvient pas à aborder le budget 2025 de manière responsable en mettant en œuvre les baisses de dépenses, hausses d’impôts et réformes favorables à la croissance, alors il est fort probable qu’Israël connaisse une crise financière dans les trois à cinq prochaines années.
« Les déclarations du Premier ministre et du ministre des Finances, l’absence de discussions sur le budget 2025 et les récentes infractions du gouvernement au cadre budgétaire 2024 montrent que le gouvernement n’a pas conscience de l’ampleur du problème économique auquel il fait face ou qu’il préfère faire la sourde oreille, alors meme que le risque est très élevé pour l’économie et la sécurité nationale », ont écrit Naveh et Drucker dans leur document d’orientation.
« L’incapacité du gouvernement à prendre des mesures immédiates pour stabiliser la situation économique augmente le risque d’une crise budgétaire susceptible de donner rapidement lieu à une crise financière dont les conséquences seront graves car elle aura un impact sur la capacité d’Israël à lever des fonds pour sa sécurité et affectera également le secteur privé », poursuivent Naveh et Drucker. « Sortir d’une telle crise prendra beaucoup de temps et nuira gravement au niveau de vie en Israël. »
Lorsque les investisseurs perdent confiance en la capacité du gouvernement à gérer une dette croissante, cela peut conduire à une crise budgétaire, avec un effet boule de neige sur les investissements, les taux d’intérêt étant alors susceptibles de rester plus élevés plus longtemps, comme les coûts du crédit, avec à la clef fermetures d’entreprises et pertes d’emplois.
« Nous pensons que les projections officielles de croissance sur lesquelles reposent les politiques actuelles sont trop optimistes car elles supposent que tout reviendra à la normale avec la fin de la guerre sans dommage permanent », explique Drucker au Times of Israel. « Les autorités politiques doivent prendre conscience que même à la fin des combats, l’économie ne retrouvera pas la croissance d’avant le 7 octobre. »
« Il y aura des dégats sur le long terme en matière de potentiel de croissance économique en raison du changement de perception des risques », ajoute-t-il.
Confronté à la dégradation des notes de crédit et à un déficit croissant, que complique l’explosion des dépenses militaires et civiles alors que la guerre contre l’organisation terroriste du Hamas à Gaza entre dans son 12e mois, le gouvernement fait face à des pressions accrues pour garder un budget à l’équilibre et crédible capable de supporter le coût de la guerre.
Une note de crédit plus basse rend l’endettement plus coûteux au moment où le gouvernement a le plus besoin d’argent pour financer la guerre, les investisseurs voient plus de risques à investir dans le pays et les entreprises israéliennes affectées par la guerre pâtissent de taux d’intérêt plus élevés au moment d’emprunter de l’argent.
« Nous ne pensons pas que la guerre prendra fin de façon nette, mais qu’il y aura une baisse progressive de l’intensité des problèmes sécuritaires en 2025, ce qui signifie qu’il y aura stabilisation, mais pas une reprise accélérée telle que celle qui a suivi la pandémie de coronavirus », souligne Drucker.
« Si le gouvernement n’agit pas de manière responsable en fournissant des orientations prospectives pour réduire la trajectoire de la dette en ces temps de grande incertitude, alors les taux d’intérêt resteront à un niveau élevé encore longtemps. »
« Cela signifie que les coûts du crédit augmentent pour les entreprises et les ménages et donc que leur pouvoir d’achat diminue, comme les investissements – alors que ce sont precisément les deux principaux éléments de la croissance », poursuit M. Drucker.
Avec près de deux mois de retard sur le calendrier budgétaire 2025 et des avertissements du gouverneur de la banque centrale, le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, a présenté la semaine dernière un premier projet de loi de finances pour l’année prochaine, avec d’importantes baisses des dépenses – 35 milliards de shekels – et une cohorte de mesures impopulaires, sans doute très difficiles à faire voter, à commencer par le gel des taux d’imposition, des prestations sociales et des salaires dans le secteur public.
Toujours selon ce projet, l’objectif de déficit budgétaire sera de 4 % par rapport au produit intérieur brut, contre 6,6 % en 2024.
« Nous ne remettons pas en question les raisons du déficit élevé de cette année, mais nous exhortons le gouvernement à faire les ajustements nécessaires pour l’an prochain et, plus important encore, pour les années à venir », rappelle M. Drucker. « Des niveaux de déficit supérieurs à 4 % à long terme ne sont pas soutenables. »
« Nous devons rendre les dépenses efficaces dans les domaines qui ne sont pas liés à la défense, car tout cela va certainement augmenter », ajoute Drucker.
Naveh et Drucker estiment que le gouvernement devra procéder à des ajustements budgétaires compris entre 30 et 50 milliards de shekels au titre du budget 2025 en fonction de l’ampleur de l’augmentation attendue des dépenses de Défense.
« L’objectif est de voter un budget pour 2025, mais il faut un soutien politique », ajoute Drucker. « Nous avons besoin que le Premier ministre mette tout son poids dans la décision et soutienne cette mesure impopulaire. »
Dans le cadre du budget 2025 et pour catalyser le potentiel de croissance de l’économie, Naveh et Drucker conseillent au gouvernement de proposer un projet économique adossé à trois grandes composantes : réduire les dépenses publiques tout en revoyant les priorités, augmenter les revenus de l’État en élargissant l’assiette fiscale et initier un large éventail de réformes structurelles capables d’atténuer les effets négatifs de l’augmentation de la charge fiscale. Ces réformes devront porter sur une ouverture à la concurrence en matière d’importation – notamment de produits alimentaires -, et aussi de services tels que les assurances, et un allègement de la charge réglementaire.
« Sans ces réformes, nous ne serons pas en mesure de compenser l’effet inflationniste des mesures politiques, ce qui signifie que la Banque centrale d’Israël maintiendra les taux d’intérêt à un taux élevé plus longtemps, ce qui aura un effet négatif sur les ménages et les entreprises », conclut Drucker.
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