À Lisbonne, de nombreux clients réguliers de restaurants savent qu’ils ne sont pas logés à la même enseigne que les touristes étrangers, dont de nombreux israéliens, et bénéficient de tarifs préférentiels. C’est à ce “système discret” – “comme un secret que l’on ne veut pas divulguer, bien qu’il soit déjà connu de beaucoup” – que le journal Expresso consacre un reportage cette semaine. En Israël cette pratique est strictement interdite à la suite d’abus de restaurateurs de la Tayelet à Tel-Aviv.
SELON COURRIER INTERNATIONAL. « Concrètement, l’hebdomadaire rapporte que deux menus sont proposés, l’un officiel, l’autre moins :
“Dans plusieurs établissements de restauration traditionnelle portugaise situés dans le centre historique de Lisbonne, il existe un prix pour les touristes, indiqué sur des menus rédigés en plusieurs langues et bien visibles, et un autre pour les Portugais, transmis verbalement, de bouche à oreille, ou indiqué sur des menus placés dans des endroits discrets, voire cachés, qui ne sont pas accessibles aux visiteurs.”
Expresso prend l’exemple d’un resto lisboète qui facture 15 euros le bitoque (steak frites) aux étrangers, quand les Portugais paient un peu moins de 10 euros un repas qui comprend également une boisson, un dessert et un café.
Discrimination
Ainsi, les restaurateurs entendent ne pas pénaliser les clients locaux, de moins en moins nombreux en raison de l’inflation, tout en tirant profit de la manne que représente le tourisme. Car l’an passé, le Portugal a reçu pas moins de 26,5 millions de touristes non résidents, soit une augmentation de 19,2 % par rapport à 2022, et de 7,7 % par rapport à l’année prépandémique de 2019, selon l’Institut national de la statistique.
Problème : cette pratique, par ailleurs observée dans d’autres pays, relève d’“une grave illégalité”, alerte dans Expresso Marcelino Abreu, avocat spécialisé en droit de la consommation :
“Les restaurants ne peuvent pas discriminer les gens en fonction de leur nationalité, en appliquant des prix différents aux Portugais et aux touristes étrangers.”
L’Association des professionnels de l’hôtellerie et de la restauration du Portugal (AHRESP), de son côté, déclare à l’hebdomadaire ne pas être au courant de cette pratique. Aussi les prix devraient-ils être identiques, assure-t-elle, et fixés “en toute transparence”. (Courrier international)