Palmahim est un kibboutz situé à moins de 16 km au sud de Tel Aviv qui surplombe certaines une des plus belles plages du monde et à son sud sud se trouve sa base aérienne qui est connue pour abriter les drones de l’armée de l’air israélienne qui soutiennent les opérations terrestres à Gaza. Elle est moins connue, du moins pour l’instant, pour son autre fonction : servir de base spatiale d’Israël, le lieu d’où la nation lance un flux constant de satellites destinés principalement à un usage de sécurité nationale, mais de plus en plus à un usage commercial également.
En effet, Palmahim est le centre physique d’une mission et d’une industrie spatiales israéliennes en pleine croissance, elle-même l’une des histoires les plus sous-estimées de l’ascension d’Israël en tant que titan de la haute technologie.
Le programme spatial de l’État juif s’appuie sur une constellation d’entités publiques et privées : il y a le gouvernement lui-même ; la recherche et le développement abondants dans les universités ; un réservoir profond de compétences techniques et d’expérience dans des dizaines d’entreprises de défense et d’aérospatiale ; un bassin plus large d’intelligence et d’énergie entrepreneuriale dans les start-ups ; et une main-d’œuvre confiante et enthousiaste. D’autre part, le secteur spatial israélien a noué un partenariat avec la première entreprise spatiale américaine, SpaceX, non seulement en termes de coopération et de collaboration physiques, mais aussi en termes de réflexion sur l’avenir de l’espace, y compris les missions vers la Lune et Mars.
Même si le programme Beresheet qui devait déposer un engin israélien sur la lune en 2021 s’est soldé sur un échec,a u cours de la dernière décennie, l’intérêt d’Israël pour l’espace, né de préoccupations urgentes en matière de sécurité nationale, s’est transformé en une industrie mature capable de servir de partenaire clé pour les grandes entreprises spatiales internationales. Il est également capable de servir de partenaire aux gouvernements, en particulier au gouvernement américain, qui se concentre désormais sur l’espace à la fois comme opportunité commerciale florissante et comme prochain domaine de concurrence entre grandes puissances avec la Chine.
Le programme spatial israélien n’est pas encore à la hauteur de celui de la Grande-Bretagne, de la France ou même du Japon, sans parler des États-Unis ou de la Chine, et il ne le sera peut-être jamais. Mais il fait constamment preuve de la combinaison d’ingéniosité, d’initiative et d’innovation que le reste du monde attend d’une nation start-up – la combinaison qui a fait d’Israël l’envie du monde de la haute technologie et qui pourrait également en faire un acteur décisif dans toute future guerre spatiale.
C’est en 1988, après deux tentatives infructueuses, qu’Israël a officiellement rejoint l’ère spatiale avec le lancement réussi du satellite Ofek-1 à l’aide de la fusée Shavit à trois étages construite par IAI. (Ofek signifie « horizon » en hébreu.) et Israël est devenu le huitième pays à développer, produire et envoyer en orbite ses propres satellites.
Aujourd’hui, le ciel est peuplé non pas d’un mais de plusieurs satellites de reconnaissance Ofek de plusieurs modèles et générations. Ils ont été suivis par la série de satellites AMOS, utilisés pour la communication, et la série EROS, utilisée à des fins commerciales (notamment, ils ont la capacité de photographier des objets aussi petits que 60 cm de diamètre).
Il existe également la série TecSAR, qui se classe parmi les systèmes spatiaux les plus avancés au monde et est équipée d’une grande antenne en forme de parabole pour transmettre et recevoir des signaux radar capables de pénétrer l’obscurité et toute épaisseur de nuages. Plus récemment, en mars 2023, une nouvelle série de satellites météorologiques et de reconnaissance Ofek a été mise en service.
Le secteur spatial israélien repose sur des acteurs relativement expérimentés de l’industrie spatiale qui travaillent aux côtés des principales entreprises comme IAI, Raphael Defense Systems et Elbit Systems.
Parmi eux figurent Spacecom, qui possède et exploite la série de satellites de communication AMOS, Gilat Satellite Networks et ImageSat International, fondée en 1997, qui propose la production et l’analyse d’images spatiales. Mais de nombreuses autres entreprises se lancent dans des niches plus exotiques, dont la liste suivante n’est qu’une partie.
L’une d’entre elles est Noohra, une entreprise qui développe un système breveté d’imagerie infrarouge à ondes courtes qui lui permet de surveiller les émissions de gaz à effet de serre des satellites, des drones et des plateformes terrestres. L’autre est Helios, qui essaie de construire des systèmes propulseurs à oxygène pour les vaisseaux spatiaux.
WeSpace Technologies développe quant à elle des drones propulsés par propulseur qui peuvent fonctionner efficacement dans des conditions lunaires ou martiennes.
Mais il pourrait aussi être cité des structures comme ulav Space, une start-up israélienne spécialisée dans la robotique, le guidage, la navigation et les systèmes de contrôle, la vision par ordinateur et la simulation, FEI Zyfer qui conçoit des oscillateurs pour les horloges des vaisseaux spatiaux lui a permis de s’emparer de 80 % du marché mondial, StemRad, une société israélo-américaine qui fabrique des équipements personnels qui protègent contre les rayonnements ionisants dans l’espace, qui peuvent provoquer chez les astronautes des maladies dues aux radiations et augmenter le risque de cancer ou Space Plasmatics (SPX) qui développe et fabrique des propulseurs à plasma, plus efficaces et plus légers que les propulseurs chimiques traditionnels.
Si les Israéliens partagent la fascination pour l’avenir qui attire les humains vers l’espace, il y a aussi un intérêt financier. Selon le Forum économique mondial, l’économie spatiale mondiale devrait atteindre 1 800 milliards de dollars d’ici 2035. Il est difficile de deviner jusqu’où l’humanité pourra aller dans l’espace d’ici là. Mais lorsque des problèmes surgiront, comme faire fleurir la surface de Mars, envoyer des robots sur la lune de Jupiter ou simplement mettre en place un Internet intra-spatial, des ingénieurs israéliens travailleront sûrement sur la solution.
Source : Mosaic Magazine & Israël Valley (résumé)