Libertarien, opposant à Poutine… Qui est Pavel Durov, le créateur et PDG de Telegram arrêté en France?
Très discret, avare en interviews, Pavel Durov est pourtant à la tête d’une des messageries les plus utilisées sur la planète: Telegram. Le fondateur et le PDG de l’entreprise a été arrêté ce samedi 24 août par les autorités françaises alors qu’il débarquait à l’aéroport du Bourget.
L’homme de 39 ans était sous le coup d’un mandat de recherche français. Il devrait être présenté à la justice ce dimanche.
De son vrai nom Pavel Valerievitch Dourov, il est né le 10 octobre 1984 à Leningrad en Russie. Mais il passe une grande partie de son enfance en Italie, à Turin, où son père travaille.
Opposant à Vladimir Poutine.
En 2006, il est diplômé de la Faculté de philologie de l’université d’État de Saint-Pétersbourg. La même année, il créé le réseau social VKontakte, inspiré de Facebook.
Quelques années plus tard, les ennuis commencent pour l’informaticien. Alors qu’il se déclare comme un opposant à Vladimir Poutine, les autorités du Kremlin lui demandent en 2011 de bloquer cinq communautés sur VKontakte après les contestations des dernières élections législatives.
Il refuse de le faire, ce qui donnera lieu à des enquêtes et des perquisitions des autorités.
En 2013, il demande la nationalité de l’État caribéen de Saint-Christophe-et-Niévès, qu’il obtient un an plus tard.
Le 1er avril 2014, il annonce sur le ton de la plaisanterie au conseil d’administration de VKontakte qu’il démissionne. Mais le conseil d’administration entérine cette décision alors que Pavel Dourov retire sa démission trois jours plus tard. En vain.
Il vend alors ses parts dans le réseau social pour 300 millions de dollars et créé avec son frère mathématicien la messagerie cryptée Telegram, justement en réaction aux pressions du pouvoir russe.
« Je préfère être libre plutôt que de recevoir des ordres de qui que ce soit » a-t-il expliqué au journaliste américain Tucker Carlson. Rien d’étonnant pour un homme qui se présente comme libertarien et partisan du « laisser-faire ».
L’application se distingue en proposant des communications chiffrées de bout en bout, son siège social se trouvant à Dubaï. Elle s’est engagée à ne jamais dévoiler d’informations sur ses utilisateurs.
Départ « sans retour » de la Russie.
Dans la foulée, il quitte la Russie pour une destination inconnue et affirme que son départ est « sans retour », estimant que le pays est incompatible avec le modèle de développement économique des start-up.
« Je pense que nous faisons du bon travail avec Telegram, avec 900 millions d’utilisateurs qui dépasseront probablement le milliard d’utilisateurs mensuels actifs d’ici un an », a-t-il affirmé.
Dans l’émirat du Golfe, Telegram s’est mise à l’abri des règles de modération des Etats, à l’heure où l’Union européenne comme les Etats-Unis mettent la pression aux grandes plateformes pour supprimer le contenu illégal.
Un atout à double-tranchant. Les autorités de plusieurs pays constatent de nombreuses dérives sur la plateforme utilisée à des fins de blanchiment d’argent, de trafic de stupéfiants ou encore de partage de contenus pédocriminels. Des infractions dont Dourov se serait rendu complice par une absence de modération.
L’Ofmin, chargé de la lutte contre les violences faites aux mineurs, avait émis un mandat de recherche contre lui.
Un libertarien dont la fortune est estimée à 15 milliards de dollars.
Rien d’étonnant pour un homme qui se présente comme libertarien et partisan du « laisser-faire ».
En 2021, Pavel Dourov est naturalisé français et son nom est francisé en Paul du Rove par décret. Sa fortune est alors estimée à 15 milliards de dollars.
Il affirme ne consommer ni alcool, ni caféine, ni médicaments, ni viande, ni aucun produit laitier, ni gluten. Il dit également ne posséder aucun bien bien important (immobilier, yachts…)