Depuis des années, des scientifiques affiliés aux ministères de la Défense allemands, anglais et néerlandais élaborent le matériel de compétition des membres de leurs équipes engagées dans les J.O para-olympiques.

Aussi, les paracyclistes français ont été heureux de profiter de l’expertise du groupe aéronautique Airbus qui leur a conçu un tandem où l’innovation était reine. Elle s’est concentrée sur la pièce maîtresse d’un tandem : le cadre et tous les membres de l’équipe de France ont participé activement à son remodelage.

Entraîneurs, pilotes, c’est-à-dire ceux, valides, qui s’installent à l’avant du tandem, ainsi que les athlètes, malvoyants ou aveugles, placés à l’arrière, ont minutieusement dialogué avec les ingénieurs du constructeur pour leur expliquer ce qu’ils souhaitaient : puissance, aérodynamisme et ergonomie avec un double objectif : rendre le tandem plus rigide et travailler son aérodynamisme afin de gagner en puissance..

En parallèle, la fédération a sollicité l’Insa à Lyon afin de déterminer, à l’aide d’un tandem réglable, les géométries de cadres idéales pour briller sur route et sur piste. Puis les ingénieurs d’Airbus ont pris le relais.

Pour avancer dans cette quête du vélo idéal, Airbus s’est appuyé aussi sur des données transmises par la fédération – taille, poids, etc. -, qui ont permis de décortiquer les postures des cyclistes en compétition et de concevoir des maquettes sur ordinateur. Une fois cette étape validée, la production a été lancée. Ont été envoyées des mesures prises en soufflerie ; et un seul moule modulable a été fabriqué – de quoi réduire vraiment les coûts.

Et quel matériau a été employé ? Les vélos de l’équipe de France ont été construits à partir de chutes de carbone utilisé pour le fuselage de l’Airbus A350 ! « On en connaît parfaitement les propriétés. Ce qui nous a permis de faire des simulations pour estimer, par exemple, le nombre de couches de carbone nécessaires pour cocher toutes les cases demandées par la fédération », affirme Christophe Debard.

Le modèle a été approuvé par les instances internationales, qui n’imposent que quelques règles rigides et complexes concernant les dimensions des tubes, avec une autre condition : ces vélos sont supposés être commercialisables. « Les athlètes peuvent réaliser des performances sur piste meilleures que celles des valides ; ils sont ainsi plus rapides dans l’épreuve de poursuite individuelle », s’enorgueillit Mathieu Jeanne, l’entraîneur de l’équipe de France de paracyclisme..

Mais Airbus a aussi travaillé pour d’autres fédérations, l’aviron, le badminton… « Le parasport est un territoire partiellement inexploré, il y a moins de concurrence, ce qui veut dire que l’on peut avoir plus facilement un impact sur la performance », explique l’ingénieur d’Airbus Christophe Debard.

Pour le badminton, par exemple, le travail s’est concentré sur le fauteuil de l’athlète David Toupé. Le grand problème pour ce dernier était de pouvoir tester son siège, de le régler et de l’adapter… Les sièges qui s’adaptent existent, mais ils sont très lourds ; là ont été réalisés des tests pour savoir quels étaient les résultats optimaux pour limiter la contrainte de poids, permettant ainsi de stabiliser le fauteuil, et qu’il fasse corps avec l’athlète afin d’éviter les blessures.

Source : Le Point (résumé par Israël Valley)

 

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