Face à la menace imminente d’une destruction pure et simple des vestiges, l’Unesco a annoncé le 26 juillet l’inscription du monastère sur la liste du patrimoine en péril, après une demande engagée par l’Autorité Palestinienne, soulignant ainsi la valeur universelle du site.
« Le monastère Umm el-‘Amr a été fondé au début du IVe siècle par Hilarion, père du monachisme palestinien: c’est le tout premier monastère de Terre sainte », explique René Elter, archéologue attaché à l’école biblique française de Jérusalem et directeur du programme scientifique de préservation du site.
Découvert à la fin des années 1980, il fait l’objet de fouilles, et de restaurations et de préservation depuis plus de vingt ans. Une équipe d’une quarantaine de personnes y travaillait quotidiennement avant la suspension des travaux en raison de la guerre.
« Au-delà du risque de destruction lié au bombardement, le manque d’entretien affecte le site : la végétation se développe, l’eau de pluie s’infiltre dans le sable sous les fondations, il y a un risque d’effondrement. De plus, certains matériaux pourraient être récupérés par la population, notamment pour se protéger », s’inquiète l’archéologue.
« Ce lieu est un témoin unique de l’histoire du christianisme en terre sainte, insiste-t-il. De sa construction jusqu’au VIIIe siècle, le monastère a vécu de nombreuses évolutions architecturales. De nouvelles églises se sont superposées aux bâtiments primitifs ».
On y retrouve tous les édifices nécessaires au culte, utilisés selon les époques : crypte, chapelle, baptistère…
L’importance du site tient aussi à sa situation d’étape cruciale au croisement des routes qui relient Jérusalem à l’Égypte. « Au VIe siècle c’est un lieu de transmission du mode de vie semi-cénobitique. C’est à dire que parmi les moines de la communauté, certains vivent en ermites. Ce mode de fonctionnement inspirera d’autres lieux de la région », poursuit René Elter.
En 2003, une inscription fut découverte dans la plus ancienne construction, qui permit, chose rare en archéologie, de confirmer avec assurance qu’il s’agissait bien du lieu fondé par Hilarion et sans doute de sa sépulture : « Par les prières et l’intercession de notre saint père Hilarion, soyons pris en pitié. Amen » Une invocation qui résonne aujourd’hui avec l’actualité dramatique de la région.
Source : Le Pélerin