Israël-Iran : Guerre des étoiles et contre riposte, pourquoi tout est prêt, par Raphaël Jerusalmy

Il est étonnant que Téhéran et ses associés n’aient pas de plan à cet effet dans leurs tiroirs. Choqués, furieux, ils improvisent sous l’emprise d’une rogne qui leur sera mauvaise conseillère

Raphaël Jerusalmy
Raphaël JerusalmyAncien officier du renseignement militaire israélien, Auteur d' »Evacuation » chez Acte Sud.
Iron Dome missile defense intercepts a barrage of rockets from the Gaza Strip
Iron Dome missile defense intercepts a barrage of rockets from the Gaza StripMahmud Hams/AFP

Quelle que soit la « vengeance » que l’Iran et ses alliés préparent, la riposte israélienne qui s’ensuivra sera cuisante pour eux. Elle instaurera une nouvelle équation stratégique au Proche-Orient pour les années à venir. La coalition du mal en est consciente, d’où la difficulté qu’elle a à définir tant l’objectif de ses représailles que leur nature. Militaire ou terroriste ? Contre Israël directement ou en diaspora ? Une frappe simultanée sur plusieurs fronts ou bien un échelonnement des attaques qui mettrait à l’épreuve l’endurance de Tsahal et de la population israélienne ? Une opération limitée pour être quitte ou une offensive d’une ampleur à déclencher une guerre ?

Il est étonnant que Téhéran et ses associés n’aient pas de plan à cet effet dans leurs tiroirs. Il est vrai qu’ils ne s’attendaient pas à cet exploit spectaculaire en plein cœur de Téhéran. Choqués, ébranlés, furieux, ils improvisent sous l’emprise d’une rogne qui leur sera mauvaise conseillère.

À l’opposé, les Israéliens, des plus petits aux plus âgés, les militaires comme les civils, font preuve de sang-froid et prennent les précautions qui s’imposent. Le traumatisme du 7 octobre leur a enseigné à envisager le pire. Les pilotes de Tsahal sont attachés à leur siège, leurs avions positionnés sur les pistes d’envol, prêts à décoller. Ministres et généraux se sont équipés de téléphones par satellite pour le cas où le réseau de communications viendrait à défaillir.

Les entrepôts souterrains de sang et plasma sont remplis à capacité. Et puis surtout, les Israéliens ne sont pas seuls cette fois-ci. Les États-Unis, bien sûr, s’engagent à les assister. Principalement pour la défense anti-aérienne et les ravitaillements en vol à longue distance. Mais aussi dans l’espace avec un accès à la « guerre des étoiles » permettant une meilleure vue d’ensemble et, par suite, une efficace sélection des cibles prioritaires parmi toutes celles propulsées vers Israël.

Des navires américains supplémentaires viennent d’être déployés en mer Rouge et dans la Méditerranée. Comme lors de l’attaque précédente de l’Iran, en avril, la Jordanie est prête à intercepter les engins qui violeront son espace aérien. L’Azerbaïdjan et le Turkménistan autoriseront au besoin l’usage de leurs bases par les Israéliens. En Iran même, l’opposition au régime des mollahs se tient prête. Elle inclut les étudiants brimés, les ouvriers et paysans de plus en plus démunis, les tribus baloutches et kurdes, et enfin la branche armée des Moudjahidines du Peuple.

Mais c’est surtout sur soi qu’Israël compte. On peut prévoir une attaque cyber dont seuls les Israéliens ont le secret. Cette attaque paralysera les grands ports maritimes iraniens, libanais, syriens, yéménites. Puis les centrales électriques et les réseaux de télécommunication, suivis des sites bancaires. Les armes de défense au laser de Tsahal, encore à l’essai, pourront être expérimentées sur le champ de bataille. Puis vendues au monde entier tout comme le Dôme de fer. C’est sans compter les bottes secrètes et autres surprises que Tsahal et les industries militaires israéliennes réservent à l’ennemi, en guise de cerise sur le gâteau. Désolé de ne pouvoir les dévoiler ici.

Tsahal s’est entraîné avec ses alliés et est prêt à mener une guerre sur plusieurs fronts. Il y a été forcé depuis des mois par toutes les factions et nations terroristes. Les récentes éliminations ciblées montrent la détermination d’Israël qui sait bien qu’elles entraîneront des représailles. Tant que le Hamas ne libèrera pas les otages qu’il détient dans des conditions atroces, chaque soldat, chaque citoyen d’Israël ne prendra pas une seconde de répit. Nul n’échappera à la contre-riposte : pas le Liban, pas la Syrie, l’Irak, le Yémen, l’Iran ni même la Turquie.

L’économie mondiale est menacée. Les Chinois redoutent que les installations portuaires et pétrolifères iraniennes dont leur économie dépend soient endommagées. Le commerce maritime mondial est impacté. La stabilité planétaire risque de chavirer à cause de la mort d’une seule personne, un tortionnaire, un malfrat qui plus est. Alors, à disproportion oblige, la riposte israélienne à toute violence hostile en sera le décuple. Il se pourrait fort que l’altercation à venir change la donne et qu’en émerge un Proche-Orient autre. Quoi qu’il arrive dans les jours qui viennent, il est possible de prédire que si la riposte iranienne est dosée ou ne dépasse pas certaines lignes rouges, comme le bombardement de cibles civiles, Israël s’abstiendra d’une réaction musclée. Et sinon…

Pour conclure, n’oublions pas la distinction essentielle sans laquelle nul ne peut analyser correctement la situation : les ennemis d’Israël rêvent de destruction et de djihad alors que le peuple juif de Terre sainte n’aspire qu’à la paix.

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