L’athlète juif Tom Reuveni remporte la médaille d’or en surf à Marseille”, ou encore, “une découverte majeure dans le traitement de la maladie d’Alzheimer développée à l’Institut juif Weizmann des sciences”….

Cela vous semble étrange n’est-ce pas ? Pourquoi utiliser le mot juif à la place du mot israélien ? Cela n’a pas de sens en effet.

Et pourtant, c’est ce qui se pratique dans la réalité des faits, dans l’ensemble de la presse occidentale et européenne ou encore dans les chancelleries diplomatiques et les organisations internationales.

Mais jamais dans ce sens. C’est-à-dire jamais dans un contexte positif comme dans les exemples que je viens de donner.

En revanche, vous avez maintes fois lu et entendu parler des “colonies juives”, des “colons juifs”, de “l’armée de l’Etat juif”, et même des “extrémistes juifs des territoires palestiniens occupés” que plusieurs pays s’accordent à sanctionner….

Voilà la démonstration est simple :  on associe l’adjectif “juif” en lieu et place de l’adjectif “israélien” pour tout ce qui est négatif, condamnable, répréhensible ou nuisible. En agissant ainsi, vous élargissez la réprobation non pas seulement à l’Etat dont il est question mais à l’ensemble d’un peuple où qu’il se trouve le rendant comptable des fautes imputées à cet Etat.

C’est ainsi que l’on fabrique sciemment et patiemment l’antisémitisme moderne.

Le peuple colonisateur se substitue au peuple déicide rendu obsolète par la déchristianisation. Les calomnies sont dépoussiérées, la haine est relookée et customisée aux habits modernes du soutien systématique et pavlovien aux peuples opprimés….

Rien n’est innocent. La sémantique de la nouvelle judéophobie se nourrit d’une réécriture des fondamentaux du conflit du Proche-Orient pour mieux nourrir, alimenter et enrichir chaque jour une haine ancestrale qui ne se démode donc décidemment jamais.

Rien n’est innocent : il faut soutenir des organisations terroristes ennemies d’Israël ? Qu’à cela ne tienne, on va inventer pour elles des concepts inédits : le distinguo entre les branches “militaires” à priori condamnables, et les branches “politiques” respectables, dignes et avec qui on peut discuter et établir des contacts et des dialogues fructueux….

C’est ainsi que sont nées ces monstrueuses inventions de la “branche politique du Hamas ou du Hezbollah” érigées en partenaires de l’Occident alors que jamais, au grand jamais, il n’a été question de “branche politique de l’Etat islamique” ou du “département politique de Daesh ou d’El Qaeda”.

Le chemin est ainsi tracé pour transformer les terroristes en militants, combattants, activistes et, puisque toutes les lignes rouges sont désormais dépassées en résistants.

 

L’explosion de l’antisémitisme sur fond de soutien à la cause palestinienne n’a donc rien de surprenant, bien au contraire, car il est clair que c’est justement cette cause qui est exploitée pour l’alimenter et le moderniser.

Et si déjà on parle de sémantique, alors encore une correction qui devrait s’imposer : combien de fois n’a-t-on pas entendu cette expression selon laquelle “il ne faut pas importer le conflit du Proche-Orient” en Europe, en France, dans les banlieues, sous peine de provoquer la radicalisation des esprits.

Il n’en est rien. Le problème est tout simplement mal posé, la sémantique est déformée.

La question n’est pas l’importation du conflit mais la faillite de l’Occident, de l’Europe, de la France à exporter ses propres valeurs au sein des communautés arabo-musulmanes qu’ils ont accueillies. La déroute totale à faire partager par ces communautés la condamnation de l’antisémitisme et du racisme, l’ouverture et la tolérance, l’importance du dialogue et de la morale.

Cette faillite s’est nourrit patiemment de l’impossibilité d’enseigner ou relater la Shoah dans les écoles des territoires perdus de la République, de l’indulgence exprimée face aux revendications communautaristes souvent, en contradiction totale avec les valeurs de la République, de la bienveillance avec laquelle on a autorisé les prédicateurs les plus virulents à embrigader les esprits.

Mais cette faillite est aussi le résultat de l’usage systématique d’une sémantique inappropriée dès qu’il s’agit d’Israël, entretenue par la presse notamment, qui a transformé les mots en maux.

Il serait temps de le comprendre même s’il semble bien tard pour agir.

LPH. COPYRIGHTS.

Daniel Saada a été ambassadeur d’Israël en France

 

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