Qui était Ismaïl Haniyeh, le richissime numéro 1 du Hamas, installé à Doha et éliminé à Téhéran ?
Le leader palestinien a gravi les échelons en devenant l’assistant de Cheikh Yassine. Survivant à plusieurs tentatives d’assassinat, il était exilé au Qatar, y menant un train de vie luxueux.
Ismaïl Haniyeh, figure emblématique du Hamas et cible d’une frappe fatale à Téhéran, laisse derrière lui un héritage controversé. Le 7 octobre 2023, alors que des images du massacre perpétré par le Hamas dans les communautés du sud d’Israël étaient diffusées dans le monde entier, le chef du bureau politique de l’organisation terroriste, observait depuis son refuge au Qatar l’écran de télévision. Il souriait aux côtés d’autres dirigeants face aux images de terroristes s’emparant d’un véhicule militaire israélien. « Adressons une prière de remerciement pour cette victoire pour notre peuple et notre nation », a alors avait-il alors déclaré.
Né en 1962 dans le camp de réfugiés de Shati à Gaza, Haniyeh a gravi les échelons pour devenir l’un des visages les plus reconnaissables du mouvement terroriste palestinien. Étudiant en littérature arabe à l’Université islamique de Gaza, il s’implique au Hamas dès ses années universitaires. Son engagement politique se concrétise lors de la première Intifada en 1987, ce qui lui vaut plusieurs arrestations par les autorités israéliennes.
C’est en 1989 qu’Haniyeh connaît sa première incarcération prolongée, passant trois ans dans la prison de Ketziot. À sa libération en 1992, il est expulsé au Liban avec des centaines d’autres militants du Hamas, avant de retourner à Gaza en 1993 pour occuper le poste de doyen de l’Université islamique. Un tournant dans sa carrière survient en 1997, lorsqu’il devient l’assistant personnel du cheikh Ahmed Yassine, fondateur du Hamas, après la libération de ce dernier des prisons israéliennes. Cette proximité avec le leader charismatique du mouvement consolide l’influence politique d’Haniyeh au sein de l’organisation.
Sa carrière politique prend un nouvel essor en 2006 lorsqu’il mène la liste du Hamas aux élections législatives palestiniennes. La victoire surprise du mouvement islamiste le propulse au poste de Premier ministre de l’Autorité palestinienne. Cependant, cette nomination est rapidement suivie d’un boycott international entraînant une crise économique et politique dans les territoires palestiniens.
La formation d’un gouvernement d’unité avec le Fatah en 2007 ne parvient pas à apaiser les tensions internes. La prise de contrôle de Gaza par le Hamas en juin 2007 conduit à la destitution d’Haniyeh par le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. Malgré cela, Haniyeh continue de gouverner de facto la bande de Gaza, consolidant l’emprise du Hamas sur le territoire. Au fil des années, Haniyeh joue un rôle central dans plusieurs événements marquants, notamment l’opération « Plomb durci » en 2008-2009 et les négociations pour la libération du soldat israélien Gilad Shalit en 2011. En 2017, il cède la direction du Hamas à Gaza à Yahya Sinwar et s’installe au Qatar, d’où il continue d’exercer une influence considérable sur la politique du mouvement.
Un leader controversé aux multiples facettes.
Haniyeh était connu pour ses talents d’orateur et sa popularité auprès de certains segments de la population palestinienne. Cependant, son leadership a été marqué par de nombreuses controverses, notamment liées à son style de vie et sa fortune personnelle. Selon certaines estimations, la fortune d’Haniyeh s’élèverait à 2,5 milliards de dollars, un chiffre qui contraste fortement avec les conditions de vie difficiles de nombreux habitants de Gaza. Des rapports font état de propriétés luxueuses, de voyages en jets privés et de séjours dans des hôtels de luxe au Qatar et en Turquie. Cette opulence apparente a suscité des critiques au sein de la population palestinienne.
Haniyeh faisait l’objet d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre, aux côtés d’autres dirigeants du Hamas et de responsables israéliens. Les accusations portées contre lui incluaient des actes de meurtre, de prise d’otages, de viol et d’autres formes de violence sexuelle. La disparition d’Haniyeh soulève des questions sur la direction future du Hamas et son impact potentiel sur le conflit israélo-palestinien.
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