Les officiers de Tsahal affirment que les lignes d’approvisionnement officielles de l’armée israélienne n’ont pas été en mesure de faire face aux pénuries générées par dix mois de guerre.

Selon Ynet, les membres de la brigade Alexandroni, qui combattent en première ligne à Gaza depuis longtemps déjà, affirment ne pas recevoir l’équipement dont ils ont besoin de la part de Tsahal. Une lettre des sergents d’approvisionnement de la brigade fait état d’un manque d’équipements d’observation, d’uniformes, de blindages, d’accessoires pour armes, de fournitures médicales, de locaux d’habitation et de véhicules en bon état de marche.

« Nos soldats sont les éléments les plus avancés de l’État d’Israël, qui ont quitté leur famille, leur entreprise, leurs études et leur routine – et ils méritent donc d’être la première priorité du pays », ont noté les sergents. « Plus de 150 jours plus tard, la pénurie de matériel nous oblige à collecter des dons, ce qui est une situation honteuse qui prend un temps précieux au détriment des tâches opérationnelles en cours. C’est une pénurie qui entraîne également une attrition supplémentaire et une baisse du pourcentage de personnes qui se présentent à leur service de réserve. »

La lettre dénonce également un plan récent visant à restreindre l’utilisation des équipements donnés par les unités : « Toute interruption ou perturbation des dons affectera directement la préparation au combat des soldats, et notre érosion s’accentuera. Cet équipement devrait être fourni par Tsahal, mais tant que l’armée ne fournira pas les dons, ils ne doivent pas être arrêtés. »

Les commandants de rang inférieur ont également déclaré avoir dû faire des efforts extrêmes pour remplir leurs rangs, car de moins en moins de soldats sont en mesure de se présenter pour effectuer leur service de réserve. Certains affirment avoir dû négocier des jours de service dispersés, et d’autres officiers se sont retrouvés à essayer de convaincre leurs troupes de rester en service plus longtemps que ne le permet le règlement de Tsahal. Certains commandants ont déclaré avoir dû échanger des jours de service de réserve contre des fournitures, des avantages ou des primes supplémentaires.

L’armée israélienne a récemment pris des mesures pour empêcher les officiers de bafouer les règlements, notamment en interdisant les dons d’équipement ou la collecte de fonds pour les dons et en instaurant une surveillance et des sanctions plus strictes contre les soldats utilisant plus que leur quota autorisé de jours de service de réserve.

Une autre solution actuellement testée consisterait à faire signer à l’armée des contrats de carrière exceptionnellement brefs aux soldats, leur permettant de rester en service plus longtemps, réduisant la solde nécessaire et leur permettant de servir sous un ensemble de règles différent de celles limitant la durée autorisée du service de réserve.

Le ministère des Finances a également renforcé sa surveillance ces derniers temps. Le ministre des Finances Bezalel Smotrich a prévu de créer un comité chargé de superviser les dépenses militaires d’Israël. Smotrich a déclaré que le comité serait chargé d’« examiner la structure des forces [de Tsahal] et le budget de la défense afin de déterminer s’il est adapté à la guerre et aux défis sécuritaires auxquels l’État d’Israël est confronté ».

L’armée israélienne affirme qu’elle opère dans le cadre du budget alloué pour 2024 et insiste sur le fait que les problèmes d’approvisionnement proviennent plutôt des fabricants d’équipements militaires et des défis posés par les dirigeants politiques israéliens, notamment plusieurs mois de retard dans le lancement d’offensives terrestres en raison de la pression internationale.

Gabriel Attal

RADIO J.

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