En raison de sa chair rouge, de ses pépins noirs et de sa peau blanche et verte, une fois coupée, la pastèque laisse apparaitre les quatre couleurs du drapeau palestinien.
Le fruit rouge et vert ne devient officiellement un symbole d’espoir et de résistance pour les palestiniens que dans les années 1980. Historiquement, et en plus du fait de sa couleur, le choix de ce symbole est lié à la souveraineté alimentaire des territoires annexés.
Durant la première Intifada (1987-1993), le gouvernement israélien a interdit aux agriculteurs palestiniens de planter plusieurs types d’aliments, dont des pastèques. Les Palestiniens ont donc choisi d’arborer des pastèques en signe de résistance et pour braver les interdictions et autres restrictions.
Nouvelle interdiction en 2023.
Depuis, la question du drapeau palestinien n’a eu de cesse d’évoluer dans le temps. En 1993, il est de nouveau reconnu comme associé à l’Autorité palestinienne, après la signature des accords d’Oslo, et son utilisation est de nouveau autorisée. Mais en janvier 2023, le ministre de la Sécurité nationale israélien, Itamar Ben-Gvir, a une nouvelle fois ordonné l’interdiction du drapeau palestinien dans les lieux publics. Il a notamment déclaré sur X que celui-ci montrait «une identification avec une organisation terroriste dans la sphère publique».
Après le 7 octobre 2023, alors que le Proche-Orient s’est de nouveau embrasé, la question du drapeau palestinien est revenue sur la table, et son utilisation a été fortement contestée par plusieurs personnalités politiques. L’ex-ministre de l’Intérieur du Royaume-Uni, Suella Braverman, a notamment déclaré dans un communiqué, il y a deux semaines, que «brandir un drapeau palestinien ou scander des slogans pro-palestiniens, pourrait constituer un délit criminel».
En France, le député de la France insoumise, Sébastien Delogu, a brandi un drapeau palestinien au sein de l’Assemblée nationale et s’est vu infliger la sanction maximale prévue à cet effet, à savoir une exclusion temporaire de quinze jours et la suspension de la moitié de ses indemnités parlementaires pendant deux mois.
«All eyes on Rafah».
Aujourd’hui, notamment après le bombardement mortel d’un camp de réfugiés à Rafah survenu le dimanche 26 mai, les campagnes sur les réseaux, à l’image du «All eyes on Rafah» ont fleuri sur internet et l’usage de la pastèque a fait son grand retour. Selon le Times, ce fruit a l’avantage d’envoyer «un message pacifique, amical et universel et appelle à voir le conflit en Palestine au-delà des questions de religion et d’identité nationale».
Toutefois, comme pour d’autres mouvements militants qui utilisent les réseaux sociaux comme véhicule, certains dénoncent une forme de «slacktivisme», un mot valise composé des termes «slacker» qui signifie paresseux, et «activisme», utilisé pour désigner un engagement minimal dans le militantisme en ligne.