Le Dr. Shira Burg, diplômée de la Faculté de médecine de l’Université de Tel-Aviv, et Varda Badet, mentor du Centre d’entrepreneuriat de l’Université, ont créé un dispositif médical permettant de personnaliser le traitement des valves cardiaques, et fondé la startup Symbiosis CM, qui a levé 1,9 million de dollars l’an dernier, et remporté plusieurs concours et allocations, notamment la compétition de startups Coller de l’Université de Tel-Aviv, et une subvention de l’Autorité israélienne de l’innovation.

Formée à l’origine comme vétérinaire, Shira Burg a travaillé pendant sept ans aux côtés d’un cardiologue pour petits animaux en Israël, effectuant des poses de cathéter sur des chiens atteints de valvulopathie congénitale (maladie des valves cardiaques). C’est là qu’elle a appris que l’une des maladies cardiaques les plus courantes, la maladie valvulaire mitrale, est difficile à traiter car les prothèses de remplacement de la valve ne sont pas adaptées à la taille individuelle du cœur de chaque sujet et les interventions chirurgicales sont invasives et coûteuses. La maladie survient à la fois chez les chiens et chez les humains âgés, presque exactement de la même manière.

Tous les coeurs sont différents

Au cours de cette période, Shira a commencé à travailler avec un chirurgien qui tentait de créer une telle prothèse, et a pu découvrir à quel point les anatomies cardiaques diffèrent d’un individu à l’autre.

« On ne peut pas prendre un dispositif rigide et standard et s’attendre à ce qu’il convienne à tous les cœurs », dit-elle. « Je me suis rendu compte que, bien que nous disposions d’une médecine personnalisée dans de nombreux domaines tels que les médicaments, l’alimentation et la génétique, ce n’est pas le cas pour les dispositifs médicaux. Il y a donc ici une opportunité de développer une solution améliorée pour le remplacement des valves mitrales endommagées ».

Le Dr. Shira Burg a donc décidé d’entamer un doctorat en électrophysiologie cardiaque à la Faculté des sciences médicales et de la santé de l’Université de Tel-Aviv, dans le laboratoire du Prof. Bernard Attali, et a continué à réfléchir à son idée d’amélioration du dispositif de remplacement des valves mitrales. En 2020, elle a entendu parler d’un nouvel atelier du Centre d’entrepreneuriat de l’Université de Tel-Aviv, « Yazamiyot » (« Femmes Entrepreneures ») destiné aux diplômées des cycles d’études supérieurs de l’Université. « J’ai réalisé que si j’étais acceptée, je pourrais peut-être mettre mon idée en pratique ». Après un processus de candidature rigoureux comprenant trois entretiens distincts, elle fut l’une des 30 femmes admises dans le premier atelier.

Yazamiyot est un programme d’accélérateur de startups destiné aux étudiantes en maîtrise et doctorat. Les participantes travaillent en petits groupes pendant un semestre pour initier leur startup dans un environnement favorable et stimulant et sont mentorées tout au long du processus par des femmes chefs d’entreprise ayant une riche expérience dans l’industrie.

Un programme d’accélérateur de startups destiné aux femmes

Le mentor du Dr. Burg, Varda Badet, elle-même titulaire d’un MSc en entrepreneuriat de l’Université de Tel-Aviv, deviendra son partenaire commercial. « Avec Varda, nous avons tout de suite eu un déclic », explique Burg.

Varda Badet est issue du secteur financier où elle a travaillé pendant plusieurs années, et a occupé notamment le poste de vice-présidente exécutive de la Banque Leumi pour la gestion des risques. Souhaitant partager ses connaissances et ses relations, elle a suivi des cours de mentorat au Centre d’entrepreneuriat. « Là, j’ai rencontré Shira, une entrepreneure très spéciale. Pour elle, il n’y a pas de problème sans solution. Elle enquête et explore jusqu’à ce qu’il soit résolu. Elle est très motivée et ambitieuse, et j’ai tout de suite compris que je voulais travailler avec elle ».

Au cours du semestre, les participantes ont été confrontées aux réalités du marché pour déterminer si leurs idées étaient commercialement réalisables. On leur a appris à s’informer sur les données démographiques cibles et les concurrents, à présenter leurs idées aux experts et au public, à constituer une équipe, et bien plus encore. Elles ont également eu l’occasion d’entendre des experts du secteur de l’industrie, auprès de qui elles ont pu prendre conseil pour la réalisation de leurs projets, ainsi que des femmes entrepreneures à succès.

« À l’Université de Tel Aviv, nous pensons qu’il est de notre responsabilité de contribuer au changement de la société », a déclaré Yair Sakov, fondateur et directeur général du Centre d’Entrepreneuriat de l’Université de Tel-Aviv. « Notre mission est de donner aux étudiants les moyens de trouver des solutions aux défis mondiaux en les aidant à développer un esprit entrepreneurial et en leur fournissant des outils et des ressources. Nous souhaitons en particulier promouvoir les communautés sous-représentées, y compris les femmes, qui sont encore marginalisées dans l’écosystème des startups. Le programme Yazamiyot a été créé pour combler cet écart entre les sexes, et depuis sa création du programme, presque toutes les participantes ont contribué à la fondation de nouvelles startups dirigées par des femmes ».

Un grand potentiel de sauvetage de vies

Le Dr. Burg reconnait à l’atelier le mérite de lui avoir donné les outils nécessaires pour concrétiser son idée de valve cardiaque personnalisée, mais considère que l’apport le plus important du programme est le lien avec sa mentor Varda Badet qui, en plus de lui avoir transmis les compétences nécessaires dans le domaine de la finance d’entreprise, l’a fait bénéficier de ses nombreuses relations dans le milieu industriel ainsi que d’un soutien financier.

« En tant que mentor, vous devez croire pleinement dans l’entrepreneur que vous aidez et être prêt à mener à bien ce processus difficile avec lui. Le produit de Shira mérite cette persévérance car il est susceptible de sauver de nombreuses vies », a déclaré Varda Badet.

Le manque de solutions efficaces pour traiter les maladies de la valve mitrale est en effet flagrant : rien qu’aux États-Unis, environ 70 % des 4 millions de patients atteints de cette maladie ne bénéficient pas d’un traitement approprié. De plus, les frais de traitement coûtent aux hôpitaux près de 40 milliards de dollars par an, avec plus de 90 % de taux de réhospitalisassions dus à une insuffisance cardiaque. De nombreuses entreprises ont tenté de résoudre le problème, mais leurs produits n’ont pas les autorisations nécessaires et ne conviennent pas à plus de 20 % des anatomies cardiaques. Le produit développé par Symbiosis CM possède donc un grand potentiel de sauvetage de vies.

Proposant une démarche nouvelle, Symbiosis CM a développé une plateforme qui permet un ajustement des valves en temps réel en fonction de la structure cardiaque de l’individu, et des procédures mini-invasives pour traiter la maladie. Le système est compatible avec les valves déjà présentes sur le marché et permet de les adapter pour chaque patient, ce qui rend le système accessible et ouvre la porte à une collaboration avec d’autres entreprises. L’équipe de la startup dispose déjà d’un prototype fonctionnant dans le cadre d’essais précliniques sur des modèles de laboratoire.

Le Dr. Burg note avec joie que son projet initial de développer une solution pour les valves cardiaques des chiens, qu’elle avait imaginé alors qu’elle était vétérinaire, pourrait bien un jour devenir réalité : en effet, le produit est suffisamment petit pour fonctionner aussi bien sur les animaux que sur les humains.

Les deux entrepreneuses ont récemment recruté un nouveau CEO, Amir Weisberg, qui a derrière lui 35 ans d’expérience entrepreneuriale, trois « exits » dans le domaine médical et une introduction en bourse au NASDAQ.

Un monde majoritairement masculin

Shira Burg et Varda Badet relèvent tous deux l’importance du cours Yazamiyot en raison des difficultés pour les femmes de réussir dans le secteur des startups. « C’est un monde dominé par les hommes », explique le Dr. Burg. « Il faut le dire haut et clair. Surtout dans mon domaine, le domaine médical et la cardiologie, qui est majoritairement masculin. Il est très important d’inciter davantage de femmes à se lancer dans l’entrepreneuriat en général, pour que les gens ne remettent plus en question ce que nous faisons dans ce domaine. Israël possède de nombreux talents à découvrir, en particulier dans le secteur de l’entrepreneuriat féminin. Des programmes tels que Yazamiyot, auront des résultats surprenants ».

Créé en 2019, le Centre d’entrepreneuriat de l’Université de Tel Aviv a fourni aux étudiant(e)s de tout le campus les connaissances, les outils, les stratégies et les opportunités nécessaires pour créer des sociétés commerciales et des entreprises sociales. Il les met en relation avec des anciens étudiants, le secteur de l’industrie, des agences gouvernementales et des ONG dans le but de générer et développer les nouvelles idées qui changeront le monde.

Quelques résultats réalisés par le Centre au cours de ses premières années de fonctionnement :

  • 100 cours, événements et programmes d’entrepreneuriat
  • 12 000 étudiant.es participants
  • 92 startups
  • 155 millions de dollars en capital-risque mobilisé
  • 190 meilleurs mentors mobilisé dans l’industrie, pour la plupart d’anciens étudiants de l’Université de Tel-Aviv

En élargissant progressivement ses activités, le Centre espère atteindre 4 500 étudiants par an d’ici 2029.

 

Source: Les Amis français de l’Université de Tel Aviv

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