Visite de l’Ambassadeur de France en Israël à l’Université de Tel-Aviv.
A l’occasion du lancement de la nouvelle filière d’études en français de l’Université de Tel-Aviv, l’Ambassadeur de France en Israël, Frédéric Journès, s’est rendu en visite sur le campus, lundi 11 mars. Il a été reçu par le Président de l’Université, le Prof. Ariel Porat, et le Prof. Milette Shamir, Vice-Présidente pour les relations internationales. L’Ambassadeur, qui était accompagné du Directeur de l’Institut français d’Israël, Georges Diener, de l’attachée de coopération scientifique et universitaire, Nathalie Gilbert, et de l’Attaché de coopération éducative et linguistique, Thierry Peltreau, a également rencontré le Prof. Ruth Amossy, professeur émérite du Département de français de l’université et le Dr. Oded Rabinovitch, Directeur par intérim du Programme de Culture française, et visité le laboratoire du Prof. Ishay Pomerantz à l’Ecole de physique.
Ancien énarque et agrégé de géographie, Frédéric Journès est entré en fonction en Israël en août 2023, après avoir été ambassadeur en Suisse, poste qu’il décrit comme « beaucoup plus calme, mais où on se fait moins d’amis ». Auparavant, outre une carrière de diplomate qui l’a mené à l’ONU, à Athènes et à Kaboul, il a été, entre autres, pendant trois ans membre du comité exécutif du Commissariat à l’énergie atomique (CEA).
L’Université en période de guerre
Le Prof. Porat a tout d’abord présenté l’Université de Tel-Aviv, la plus grande d’Israël, avec 30 000 étudiants, dont la moitié en deuxième et troisième cycles, neufs Facultés couvrant tous les domaines de la connaissance : Sciences de la vie, Médecine et sciences de la santé, Sciences exactes, Lettres et Sciences humaines, Ingénierie, Droit, Sciences sociales, Arts et Gestion. C’est une université internationale, tant au niveau de la coopération de ses chercheurs avec les universités du monde entier que pour les échanges d’étudiants (2 000 étudiants étrangers étudient chaque année dans le cadre de l’Ecole Internationale). L’Université met l’accent sur l’interdisciplinarité, à travers la création de centres de recherche multidisciplinaires qui rassemblent des chercheurs de toutes les Facultés du campus, comme le Centre d’Intelligence artificielle et de sciences des données, ou le Centre de nanotechnologie.
Le Prof. Porat a également exposé les difficultés auxquelles l’université se trouve confrontée en période de guerre. 6000 de ses étudiants ont été mobilisés dans la réserve depuis le début de la guerre dont un tiers de femmes. Elle a perdu près de 20 étudiants, et plus de 60 familles de l’Université ont perdu un parent au premier degré pendant la guerre ou dans la journée du 7 octobre. « Le personnel de l’Université a fait du volontariat notamment dans l’agriculture, nous avons ouvert le campus aux réfugiés du nord et du sud du pays, accueilli plus de 600 élèves de lycée de la ville de Kiryiat Shmone évacuée, et faisons également des efforts intensifs pour aider nos étudiants réservistes à compléter leur année académique, ce que nous considérons comme une mission nationale. Enfin, nous ressentons plus le BDS qu’auparavant, en particulier de la part des universités américaines, mais aussi de la Belgique, de la Suède et de la Hollande ».
Vitalité des échanges avec la France, malgré le BDS
Le Prof. Milette Shamir a souligné la vitalité des échanges entre l’Université de Tel-Aviv et les universités françaises, qui jusqu’à présent, n’ont pas été affectés par le BDS : « L’Université de Tel-Aviv a une trentaine d’accords actifs avec des universités françaises, et nous continuons les échanges d’étudiants et de professeurs et essayons même de les renforcer. Au cours des cinq dernières années près de 300 étudiants français sont venus étudier à l’UTA, et un plus petit nombre d’étudiants Israéliens ont été étudier en France. Par ailleurs, au cours des dix dernières années il y a eu plus de 2 500 publications conjointes entre des chercheurs de l’Université de Tel-Aviv et des universités françaises, soit environ 200 à 250 par an, ce qui place la France dans les quatre premiers pays à cet égard ».
Dans cette optique, la nouvelle filière d’études en français qui démarrera lors de la rentrée prochaine constitue une avancée majeure : « Depuis le 7 octobre, nous avons perçu un intérêt croissant des jeunes Juifs français pour immigrer en Israël », explique le Prof. Shamir. « Aussi avons-nous décidé de devenir la seule université à offrir une année complète d’études en français en sciences sociales aux nouveaux immigrants, tout en leur permettant d’améliorer leur hébreu de manière à pouvoir intégrer les programmes en hébreu à partir de la deuxième année. Nous leur procurons un soutien important, à travers des conseillers qui les accompagneront pour faciliter leur intégration. Les étudiants nouveaux immigrants seront également dispensés des tests psychométriques à leur entrée à l’université. Nous avons déjà une douzaine de demandes et espérons en avoir plusieurs dizaines ».
« Une sorte de révolution »
L’équipe de l’Ambassade s’est déclarée très intéressée par cette nouvelle initiative, qu’elle a qualifié de « sorte de révolution ». « Ce pont que vous offrez aux étudiants français entre le début de leurs études et le moment où ils devront étudier en hébreu est très important, et leur permettra de mieux réussir leur Alya », a relevé l’Ambassadeur, qui a émis le souhait de développer des relations entre les nouveaux étudiants francophones et les services de l’Institut Français, et de venir lui-même leur délivrer un message lors de l’inauguration du programme.
L’Ambassadeur et la délégation ont ensuite rencontré le Prof. Ruth Amossy et le Dr. Oded Rabinovitch, qui leur ont présenté les activités du Programme de culture française, les conventions existantes entre l’Université de Tel-Aviv et les universités françaises, dont Sciences po, le Collège de France et la Sorbonne. Le Dr. Oded Rabinovitch a remercié l’Institut français pour son soutien crucial au Programme de culture française, et a annoncé la prochaine création probable d’une filière d’études de langue et littérature française en licence au sein du Département de Lettres de l’université.
Le Prof. Ruth Amossy a présenté le groupe de recherche doctoral ADARR (Argumentation, Analyse du Discours et Rhétorique), qu’elle dirige conjointement avec le Prof. Roselyne Koren de l’Université Bar Ilan, qui a pris récemment une envergure internationale et travaille en collaboration avec l’association Do.Ri.F regroupant tous les professeurs de français d’Italie, et le Centre de Recherche et d’Etudes en Littérature et Sciences du langage (CRELIS) de Côte d’Ivoire, ainsi qu’avec de nombreux chercheurs de France et de Belgique. Elle a également présenté la revue en ligne du groupe, Argumentation et Analyse du Discours, qui a entre 15 000 et 25 000 lecteurs en moyenne.
Coopération scientifique
Enfin, Léa Chicheportiche, étudiante de deuxième année en communication et sciences politiques, a parlé du nouveau compte instagram israelwarstory.france qu’elle gère en collaboration avec les enseignants francophones de l’Université, qui s’est donné pour tâche de lutter contre la désinformation répandue sur les réseaux sociaux depuis le 7 octobre.
Après une courte visite sur le campus, l’Ambassadeur a ensuite visité le laboratoire de lasers à impulsions courtes à haute intensité du Prof. Pomerantz à l’Ecole de physique de la Faculté des sciences exactes, qui héberge un système laser de 20 Térawatts. Les impulsions laser focalisées ionisent instantanément la matière et induisent toute une variété d’émissions de particules à haute énergie. Les principaux domaines d’application sont la médecine, notamment le traitement du cancer, et la fusion nucléaire. Le laboratoire a un programme conjoint avec la Sorbonne et l’Ecole Polytechnique, et envoie des étudiants israéliens dans les laboratoires de Paris-Saclay.
Les entretiens se sont déroulés dans une ambiance amicale et détendue, l’Ambassadeur de France ayant renouvelé son soutien pour les programmes francophones de l’Université, mais aussi montré un grand intérêt pour l’ensemble de ses activités, et encouragé sa collaboration scientifique avec la France.
Photos :
1. De gauche à droite : Ilana Papo (UTA, Département des Relations extérieures), Nathalie Gilbert, Georges Diener, l’Ambassadeur de France, Frédéric Journès, le Prof. Ariel Porat, le Prof. Milette Shamir, Thierry Peltreau.
2. L’Ambassadeur de France Frédéric Journès (à gauche), et le Prof. Ariel Porat
3. De gauche à droite: Léa Chicheportiche, le Dr. Oded Rabinovitch, le Prof. Ruth Amossy, Georges Diener, l’Ambassadeur Frédéric Journès
4. Léa Chicheportiche (à gauche) et Nathalie Gilbert
5. L’Ambassadeur dans le laboratoire du Prof. Ishay Pomerantz (à droite)
7. De gauche à droite: Ilana Papo, l’Ambasssadeur Frédéric Journès, le Prof. Ruth Amossy, le Dr. Oded Rabinovitch, Nathalie Gilbert, Thierry Peltreau, Léa Chiche portiche et Geroges Diener.
(Crédit: Université de Tel-Aviv)