En Israël, dans la région de Haute-Galilée, dans le nord du pays, les populations proches de la frontière libanaise vivent sous la menace permanente du Hezbollah, allié de l’Iran. Sous les bombardements quotidiens, la plupart des habitants ont été évacués, mais certains d’entre eux, des agriculteurs pour la plupart, prennent tout de même le risque d’aller s’occuper de leur terre et de leurs bêtes. C’est le cas d’un couple d’éleveurs dont les 7.000 poules sont à 500 mètres à peine de la frontière.
Tous les matins, Ilana et Mashiah montent dans leur 4×4 et font la route à l’aube jusqu’à Margaliot. Une heure pour rejoindre leur moshav, leur village communautaire, niché à flanc de colline. Téléphone à la main, Ilana montre une photo. « Là, c’est le village et là-haut sur la montagne, c’est le Liban avec le Hezbollah qui nous domine. Trois ou quatre kilomètres avant le village, je suis saisie aux tripes, j’ai le cœur qui bat la chamade parce que j’ai la trouille. »
Mais Mashiah, 70 ans, ne veut pas abandonner. Ses poules, « c’est tout ce qui lui reste », dit-il, une lueur de fierté dans le regard. Alors, il travaille malgré les risques. « Deux ou trois fois par ramassage des œufs, les alarmes retentissent. Je dois courir à l’abri à cause des bombardements. C’est la roulette russe. Si ça nous tombe dessus, on est tous morts. »
La ferme est si proche de la frontière que ce couple de juifs d’origine iranienne peut voir flotter dans le vent les drapeaux du Hezbollah. Les combattants du groupe terroriste les narguent même régulièrement. « Le Hezbollah sait que notre village est une communauté de juifs iraniens. Alors le jour de shabbat, ils mettent souvent de la musique perse, et nous crient de là-haut : ‘un jour, on vous prendra ces terres parce qu’elles nous appartiennent’. »
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