Antisémitisme sur les campus : la solution existe, par Myriam Shermer

“L’Etat d’Israël n’a pas été créé car nous pensions que l’antisémitisme allait disparaître. Il a été créé pour que nous puissions dire aux antisémites d’aller se faire voir”, a rappelé Yaïr Lapid

Myriam Shermer, Journaliste, chroniqueuse de l’émission Politique sur i24NEWS

Harvard, Columbia, MIT… et maintenant Sciences-Po. Depuis le début de la guerre, les incidents sont à signaler presque toutes les semaines dans les universités et les écoles qui forment les élites, et la situation ne saurait être plus claire. Sous prétexte de soutien à la cause palestinienne, une atmosphère anti-israélienne, pour ne pas dire franchement antisémite, s’est installée dans la plupart des grandes universités occidentales. De plus en plus d’étudiants et de professeurs juifs craignent d’afficher ouvertement leur identité ou leurs positions, se sentant intimidés, harcelés, voire parfois ouvertement menacés.

“Je ne conseille plus désormais à mes étudiants, mes fils ou leurs amis d’étudier dans les universités d’élite aux États-Unis ou au Royaume-Uni. Leurs talents sont à employer ailleurs”, a écrit il y a quelques jours Fania Oz-Salzberger, professeur d’Histoire à l’Université de Haïfa et fille de l’écrivain Amos Oz, sur X (ex-Twitter). Un sentiment largement partagé.

Beaucoup se battent contre cette situation, et à raison. Certaines victoires ont été remportées. Aussi importantes soient-elles néanmoins, elles ne représentent que la pointe de l’iceberg. Le wokisme, désormais doxa du monde académique, considérera toujours Israël comme un symbole de suprématie occidento-coloniale à abattre. On peut s’en offusquer, et il y a largement de quoi, mais dans la guerre culturelle menée aujourd’hui au nom de ces idées, l’Etat juif n’est qu’un détail parmi d’autres et ne pèse pas lourd dans la balance des intérêts de chacun.

Alors que faire ? C’est en réalité plutôt simple. Ce que le sionisme a toujours fait. “L’Etat d’Israel n’a pas été créé car nous pensions que l’antisémitisme allait disparaître. Non, il a été créé pour que nous puissions dire aux antisémites d’aller se faire foutre”, a récemment assuré l’ancien Premier ministre Yair Lapid, sans s’embarrasser de langue de bois.

Traduction dans le domaine de l’éducation supérieure : proposer aux étudiants juifs du monde entier les meilleurs cursus possibles en Israël.

Des parcours en anglais, avec des systèmes d’accréditation américains, sont déjà proposés dans les universités locales. Le niveau est bon, voire excellent : l’Institut Weizmann, le Technion et l’Université Hébraique de Jérusalem sont classés respectivement 68e, 79e et 86e au classement de Shanghai 2024. Leur faire atteindre le top 50 n’est qu’une question d’investissements, largement dans les cordes de la philanthropie juive de Diaspora, qui comprend aujourd’hui que l’avenir de ses enfants est compromis sur les grands campus jadis convoités.

Des partenariats peuvent également être imaginés avec d’autres acteurs des accords d’Abraham, pour la création de nouveaux programmes de haut vol, capables d’attirer des étudiants du Golfe comme d’Asie, et de constituer une alternative crédible à des études de toutes façons trop chères aux Etats-Unis.

L’histoire du judaïsme européen et américain s’est construite sous le sceau de l’excellence universitaire et de la participation à la vie intellectuelle. S’en retirer, même temporairement, est un deuil certainement important pour certains. Mais la résilience juive a toujours résidé dans sa capacité à imaginer l’avenir. Et investir dans l’éducation supérieure israélienne est de toutes les façons une bonne idée, que ce soit pour y trouver sa place définitivement ou pour mieux en revenir un jour, sous de meilleures auspices.

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