Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a exigé vendredi l’arrêt de toute vente d’armes à Israël en guerre contre le Hamas à Gaza, dans une résolution présentée par 55 pays musulmans évoquant les craintes de « génocide » contre les Palestiniens, un terme qui suscite un vif débat. Israël a rejeté ce vote, dénonçant un « texte tordu ».
C’est la première prise de position du Conseil des droits de l’homme sur le conflit qui fait rage depuis le 7 octobre et l’attaque sans précédent du Hamas en Israël.
Le ton du texte est très dur envers Israël mais le Conseil n’a pas de moyens contraignants d’imposer ses résolutions.
Vingt-huit des 47 membres du Conseil ont voté en faveur du texte, six ont voté non dont les Etats-Unis et l’Allemagne. Treize pays, dont la France, l’Inde et le Japon, se sont abstenus.
Meirav Eilon Shahar, l’ambassadrice d’Israël devant l’assemblée, a quant à elle déclaré aux membres du Conseil avant le vote que « selon la résolution qui vous est présentée aujourd’hui, Israël n’a pas le droit de protéger son peuple, alors que le Hamas a tout à fait le droit d’assassiner et de torturer des Israéliens innocents. »
« Un vote oui est un vote pour le Hamas », a accusé l’ambassadrice devant l’assemblée.
« Il faut que vous vous réveilliez tous et mettiez fin à ce génocide retransmis en direct à la télévision dans le monde entier et tuant des milliers de Palestiniens innocents », a lancé le représentant palestinien Ibrahim Mohammad Khraishi.
L’Afrique du sud, qui a saisi la Cour internationale de justice pour faire reconnaître un génocide du peuple palestinien, a dénoncé deux poids deux mesures.
« Nous ne pouvons plus choisir d’appliquer un système parallèle de droit international à Israël », a dit l’ambassadeur Mxolisi Nkosi.
La France s’est abstenue parce que la référence au génocide ne peut « être incluse dans un texte d’une portée telle que celle d’une résolution de ce Conseil sans que la qualification n’ait été validée par une autorité juridictionnelle habilitée à le faire », a expliqué l’ambassadeur Jérôme Bonnafont.
L’ambassadrice américaine Michèle Taylor, a eu des mots inhabituellement critiques, estimant qu’ »Israël n’a pas fait assez pour atténuer les dommages causés aux civils » mais in fine a voté non à cause « de nombreux éléments problématiques », notamment l’absence de condamnation spécifique du Hamas.
La résolution au ton très critique envers Israël a été amendée encore jeudi pour essayer de rallier le plus de membres possibles. La référence à la notion de génocide a ainsi été enlevée dans plusieurs passages du texte.
Il continue toutefois d’y faire référence en « exprimant sa profonde préoccupation face aux informations faisant état de graves violations des droits de l’homme et de violations graves du droit international humanitaire, notamment d’éventuels crimes de guerre et crimes contre l’humanité » et face « à la détermination de la Cour internationale de Justice selon laquelle il existe un risque plausible de génocide ».
T.O.I.