Israël prévoit de dépenser environ 180 millions de dollars au cours des cinq prochaines années pour soutenir l’industrie spatiale civile et militaire, s’ouvrant par ailleurs récemment aux investissements privés dans le domaine spatial. D’autres pays sont impliqués dans la conquête spatiale.
Pour Israël, l’espace est un enjeu de sécurité nationale, comme le rappelle notamment l’incident survenu début novembre au cours duquel Israël a abattu, dans l’espace, un missile ennemi grâce à leur missile Arrow-3. Le pays garde donc un œil attentif au développement du spatial dans le Golfe sous le prisme non seulement des accords diplomatiques qu’il a pu nouer avec les pays de la région, mais aussi des vastes capacités d’investissements de la région qu’Israël ne peut pas suivre, faute de moyens similaires.
Selon Contrepoints : « Israël soutient un certain nombre de startups prometteuses dans le domaine des technologies spatiales comme Ramon.space, une société qui construit des systèmes de supercalculateurs pour le secteur spatial ou Helios. Cette dernière s’est notamment alliée en août 2022 avec Eta Space, entreprise aérospatiale américaine basée en Floride, pour le développement des procédés de création d’oxygène sur la Lune.
De manière plus générale, parmi les objectifs présentés par l’Agence spatiale israélienne figurent le doublement du nombre d’entreprises spatiales israéliennes et le quadruplement du nombre de personnes employées dans l’industrie spatiale, une ambition qui devrait aider le pays à relier le secteur spatial civil au secteur high-tech israélien actuellement en plein essor.
Le spatial est aussi un outil au service du soft power israélien, en témoigne par exemple l’accord passé entre Israël Aerospace Industries (IAI) et le Maroc pour la construction d’un centre technique de R&D et de formation en partenariat avec l’Université de Rabat, qui se couple à une commande de satellites d’observation de la Terre par le Maroc à IAI, damant ainsi le pion au précédent consortium français Airbus Defense & Space / Thales Alenia Space ».
Inde : les vertus du pragmatisme.
Un peu comme la tortue face au lièvre, le programme spatial indien, au regard de ses équivalents chinois et américain, a comme vertu son pragmatisme. Et sa vision à long terme : « Ce que nous voulons, c’est qu’un Indien, marche sur la Lune d’ici à 2040 », expliquait la semaine dernière le président de l’Organisation indienne de recherche spatiale, Sreedhara Somanath, dans The Indian Express. Pour cela, il faudra multiplier « les expériences de missions et un développement substantiel des connaissances » : capacité des lanceurs, expériences en laboratoire, systèmes de simulation…
Ce ne sera « ni le fruit d’une improvisation ni un exercice bon marché », prévient le chef de la mission indienne, faisant en creux référence à l’aventurisme de la société SpaceX d’Elon Musk. La méthode indienne semble davantage inspirée du pragmatisme qui a fait le succès de sa mission Chandrayaan-3, laquelle a permis, en août dernier, de poser un module sur le pôle Sud de la Lune, jusqu’alors inexploré. Selon Sreedhara Somanath, c’est parce qu’ils ont « particulièrement bien étudié les raisons de la débâcle de Chandrayaan-2 » – le vaisseau s’était lamentablement crashé en 2019 – que la mission suivante a été un tel succès.
Le Japon gagne en influence.
Le 20 janvier 2024 restera comme un moment clé pour l’agence spatiale nippone, la Jaxa, qui a réussi pour la première fois l’alunissage de son module Slim (« atterrisseur intelligent pour les recherches lunaires »). Le Japon est le cinquième État à connaître la réussite d’une telle opération.
Ce succès, en plus de sa valeur symbolique, présente une importance stratégique à long terme, souligne le quotidien Mainichi Shimbun. À ce stade, aucun traité ne régit l’exploitation des ressources dormant sur et sous le sol lunaire – acier, titane, etc. La course internationale à ces dernières a donc tendance à s’intensifier.
Dans ce contexte, cet alunissage réussi « permet au Japon d’avoir une position plus influente », explique au journal Kazuto Suzuki, spécialiste de la politique spatiale, rappelant que Tokyo participe au programme américain Artemis. « Désormais, il est important que l’État promeuve davantage l’exploration de la Lune tout en soutenant les entreprises privées », poursuit-il.