EDITORIAL. LIBRE PROPOS. Une revue américaine “implose” à cause d’un essai sur l’empathie entre Israéliens et Palestiniens.
Le prestigieux magazine littéraire “Guernica” se déchire autour du texte de Joanna Chen, une autrice juive vivant en Israël, racontant ses sentiments complexes après le 7 octobre. Les rédacteurs ont démissionné massivement pour protester contre un point de vue qu’ils jugent colonialiste, et la revue a fini par supprimer l’article. Beaucoup dénoncent une forme de censure.
“Quelles sont les limites de la compassion en temps de guerre ? C’est la question qu’explore Joanna Chen, une autrice et traductrice, juive et vivant en Israël, dans un essai évoquant ses difficultés à maintenir un lien avec les Palestiniens depuis le 7 octobre”, relate le Los Angeles Times.
“L’empathie est un sentiment fragile, et il n’est pas facile de défendre passionnément deux camps”, écrit Joanna Chen, qui émaille son texte de fragments de poèmes traduits de l’arabe et de l’hébreu. Après les attaques du Hamas, cette Britannique de naissance dit avoir arrêté brièvement son activité bénévole : conduire des enfants palestiniens jusqu’à des hôpitaux israéliens. “Comment pouvais-je continuer, après avoir vu le Hamas massacrer et kidnapper tant de civils ?” dont des membres de son association, explique-t-elle.
L’essai était destiné à Guernica, prestigieux magazine littéraire new-yorkais qui se déchire totalement depuis sa publication. Une quinzaine d’employés de cette revue très à gauche ont démissionné, dénombrait Ha’Aretz le 11 mars, et Guernica a fini par retirer l’article de son site.