Détresse psychologique pour les déplacés de guerre en Israël.

Par |2024-03-15T11:29:32+01:0015 Mar 2024|Catégories : NEWS|

En Israël, la détresse des déplacés de guerre

Après les attaques du Hamas et face à la menace du Hezbollah, plus de 100 000 Israéliens ont été évacués en octobre dernier dans le nord et le sud de l’État hébreu. Cinq mois plus tard, une majorité d’entre eux vivent toujours loin de leur foyer. Un départ forcé, source de détresse psychologique. Le reportage du quotidien israélien “Ha’Aretz”.

Plusieurs mois se sont écoulés depuis le 7 octobre [date des attaques sanglantes du Hamas, qui ont fait plus de 1 100 morts en Israël], et la plupart des Israéliens ont retrouvé un semblant de routine. S’il est vrai que la conjoncture économique se dégrade, que le sort des otages suscite toujours autant d’émotion, que de plus en plus de familles sont endeuillées, et que l’avenir suscite une grande angoisse, les enfants ont tout de même retrouvé le chemin de l’école, les sirènes ne hurlent plus à tout bout de champ, les cinémas et les magasins ont rouvert.

Il est pourtant des Israéliens pour lesquels le concept de routine reste un idéal inaccessible. Ceux qui ont été contraints d’évacuer leur maison près de la bande de Gaza ou de la frontière nord [avec le sud du Liban, fief du Hezbollah]. Depuis leur départ forcé, ils dérivent, sans savoir quand et comment ils pourront rentrer chez eux.

Les médias et le grand public les surnomment les “évacués”. Mais si l’on s’en tient aux critères internationaux, il s’agirait plutôt de “personnes déplacées”, puisqu’ils ont quitté leur foyer pour fuir la guerre, tout en restant dans leur pays. D’après le dernier recensement officiel, ils seraient aujourd’hui 135 000 dans cette situation.

“Tout ce qui faisait le quotidien a disparu”.

Or la plupart des Israéliens ne comprennent pas véritablement ce que traversent ces déplacés, constate Avi Dabush, directeur général de l’ONG Rabbis for Human Rights, lui-même originaire du kibboutz Nirim, tout près de la frontière gazaouie.

La semaine dernière, sa famille s’est installée dans un hébergement temporaire, à Beer-Sheva [la plus grande ville du désert du Néguev]. C’est la troisième fois qu’ils déménagent depuis le “samedi noir”.

“Les gens sont très surpris quand ils apprennent que nous ne sommes toujours pas rentrés chez nous.”

Il y a un gouffre entre la perception du grand public et le peu de solutions réellement proposées aux déplacés, poursuit-il. La plupart de ces solutions n’émanent d’ailleurs pas du gouvernement. L’un de ses fils n’a pu retourner au lycée que la semaine dernière ; un autre n’a toujours pas repris de scolarité classique. “Et encore, notre kibboutz est très soudé. À Sdérot, où j’ai vécu pendant des années, la situation est bien plus catastrophique.”

Si l’opinion publique a si peu conscience de ce que vivent les “évacués”, c’est en partie parce que ces situations sont souvent présentées comme des phénomènes isolés, avance le chercheur. “Il y a une volonté d’aborder ces questions d’un point de vue personnel. C’est compréhensible, mais c’est regrettable.

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