HOMMAGE
Eliyahou HAKIM version Avihai VANINO-Le Testament des héros de la liberté
Par Carmela Hakim Serfaty,
Présidente Commission Immobilière CCFI
Avihai VANINO habitait KATZRIN au GOLAN. Il est tombé à 22 ans dans la bataille de Kfar Aza en se penchant par dévouement sur son commandant blessé pour l’assister.
Ses parents, en ouvrant ses affaires, ont trouvé sur son téléphone mobile des poèmes et écrits qui reflètent sa personnalité unique, assoiffée d’intégrité, vitalité, rapprochement à Dieu, bonté, sensibilité, finesse, mais plus que tout de patriotisme laïc et religieux tout à la fois. Cet ensemble de dévouement à la cause nationale, à la religion et aux personnes ne peut s’expliquer sans comprendre son affiliation au passé, surtout en tant que troisième génération de combattants pour Israël.
Ils furent étonnés de trouver parmi ses affaires une lettre de Eliyahou Hakim en son temps écrite aux siens pendant son emprisonnement au Caireo. C’est ici que l’on comprend la référence puis ressemblance à Eliyahou Hakim.
Eliyahou Hakim (2.1.1925 – 22.3.1945), jeune homme impressionnable, voyait du balcon de l’appartement familial de la rue Panorama au Carmel sombrer les bateaux-épaves des réfugiés juifs renvoyés en mer par le gouverneur britannique. Lorsqu’il eut, en 1940, connaissance de l’explosion du Patria avec ses 200 refugiés que La Hagana n’avait pu sauver malgré ses efforts, il quitta l’armée britannique et rejoignit, contre le refus parental, le Lehi groupe des Combattants pour la Libération d’Israël.
Sa mère, dans un documentaire sur la Chaine 1 disait :
« Il était si rapide pour donner son âme que je ne lui ai permis de joindre aucune autre armée que l’armée britannique juste pour entendre qu’il avait de suite disparu »
La famille était affiliée à la Haganah mais Eliyahou rejeta la demande de ses parents qu’il ne rejoigne pas Lehi . Ils avaient pourtant mis, mais ce fut sans succès, une notice dans un journal pour lui demander de revenir à la maison…
L’erreur de La Haganah n’a pas seulement tué des innocents mais lui a aussi valu son ennemi. En 1940 en effet Avraham Stern et bon nombre d’autres officiers ont fait la scission en créant Lehi. Eliyahou Hakim fut alors missionné avec Eliyahou Bet Zuri au Caire pour éliminer le responsable, celui qui renvoyait mourir en mer les réfugiés arrivant dans des bateaux épaves tel l’Exodus. Ils avaient été choisis pour mener l’action focalisée sur leur cible la plus importante , le Lord MOYNE , symbole numéro 1 de l’impérialisme anglo-saxon d’alors. C’était bien le Gouverneur britannique du Moyen-Orient, ami personnel de Churchill. Son assassinat fut ordonné pour le 6.11.1944 au Caire.
Après l’exécution Eliyahou Hakim s’était sauvé mais dut revenir en arrière par solidarité pour son collègue arrêté. Il était le fils rebelle de la famille Hakim de Beirut connue à Haïfa, dirigeant une société internationale dans le domaine du textile, le père étant Président de la commission correspondante. La famille faisaitpartie des fondateurs du parti libéral Zionim Klalim devenu Herout puis Likoud. Le premier ministre Benyamin Netanyahou aujourd’hui en est notamment le membre.
Le meurtre de cette autorité d’occupation, l’un des actes les plus terrifiants de l’époque, mena à un différend violent entre les deux groupes Haganah et Lehi
Ses deux acteurs ont été capturés puis traduits devant le tribunal militaire dans un procès retentissant et enfin exécutés comme condamnés en chantant l’hymne national Hatikvah. Leurs corps ont été rapatriés en 1975 pour être enterrés sur le mont Herzl. C’est ma cousine et moi-même qui avons posé les gerbes de fleurs sur les tombes de notre oncle en présence de Yitzhak Shamir ainsi que d’autres personnalités. Des rues à leur noms sont édifiées à Jérusalem, Haïfa, Tel Aviv et Beer Cheva. Yitzhak Shamir, commandant de Lehi et plus tard premier ministre , l’a félicité pour sa dévotion à la cause :
« Il était né pour mener des grandes opérations comme celle-ci. Il était loyal, déterminé, dédié, agressif et techniquement un tireur d’élite ».
Durant le procès Eliyahou s’est levé pour dire :
« Nous accusons Lord Moyne et son gouvernement de tuer des milliers de nos frères et sœurs et voler notre pays. Où est la loi qui aurait dû incriminer les responsables britanniques pour les actes répréhensibles perpétrés contre les populations juives existantes? Vers qui aurions-nous pu nous tourner pour trouver justice ? Nous n’avions aucune autre possibilité sauf à nous en assurer nous-même ».
Le procès attira une attention mondiale, des manifestations eurent lieu en Égypte pour soutenir les accusés. La pression britannique sur le gouvernement égyptien cependant était immense et prévalut sur les protestations mondiales.
Winston Churchill notamment était intervenu un jour avant la libération prévue, pour demander leur exécution, car Le Lord Moyne était l’un de ses meilleurs amis. Mort en chantant l’hymne national, Eliyahou –connaisseur comme enfant gâté- dit au bourreau pendant qu’il lui passait la toge: « C’est le plus beau costume que je n’aie jamais porté de ma vie. »
Avihai a particulièrement relevé les mots de Eliyahou Hakim :
« On ne doit pas seulement savoir comment se battre mais encore assumer les aléas du Champ d’Honneur. »
Il est impressionnant de voir après 3 générations l’inspiration apportée par les anciens, ceux qui se sont battus pour la création de l’État d’Israël. Il y a aussi une similitude de caractère entre les deux hommes : la volonté d’écrire, d‘exprimer l’amour du pays et son importance vitale.
Les parents d’Avihai vont éditer ses écrits comme ceux d’une génération de héros glorieux ayant donné leur vie pour sauver celles de nombreuses personnes. Ils ont été surpris de trouver en leur fils un poète sentimental à son tour tant préoccupé du devenir de son pays et de son peuple : « Nous savions qu’il avait une personnalité spéciale mais nous n’avions pas tout de suite compris quels étaient le volume, la profondeur et l’intensité de ses écrits ». Un point commun avec Eliyahou Hakim. Pas étonnant qu’ii s’en inspirait dans ses choix pleins de mission et volonté de faire du bien. On a compris quelle importance première pour lui occupait la Nation, son Histoire, son présent et son futur.
Dans l’un des poèmes dont il est l’auteur il écrivait que l’Histoire comprenait les Hachshmonaim et les Maccabéens et qu’à ce jour ce sont « nous les soldats et dans le futur les Cohanim ainsi que les Levitiques les qui serviront notre peuple ». Il se voyait comme faisant partie d’une chaine des générations, se fixant des missions, des objectifs et exigeait de lui-même d’être à l’écoute de sa voie et de sa direction, faisant la promesse de ne pas agir en mal ni pour le mal d’autrui. Il a, comme mentionné plus haut, bien souligné dans la lettre de Eliyahou Hakim « on ne doit pas seulement savoir comment se battre, mais encore assumer les aléas du Champ d’Honneur » et Avihai d’écrire : « je suis content de remplir cet examen car je suis sûr que ma voie est juste et que c’est la voie de la vérité ».
Ultérieurement durant les sept jours de deuil, ses amis ont répété les termes qui les ont toujours accompagnés dans la Yeshiva et leur collège :
« Qui êtes-vous a côté de Vanino ?» pour glorifier son caractère spécial et son humilité ainsi que la lumière qu’il rayonnait. Ses amis nous ont toujours dit qu’ils craignaient qu’il lui arrive un malheur, car il était trop gentil.
Les parents Mani et Rachel Vanino : « Nous avons bénéficié qu’une fleur spéciale naisse et grandisse chez nous pendant 22 ans ».
La directrice du musée de Saint Jean d’Acre s’adressant aux parents d’Avihai :
« Très triste d’apprendre le décès de votre fils chéri Avihai qui respectait les racines de la belle et valeureuse patrie d’Israël, la génération de ceux qui savaient et étaient prêts à mourir pour ériger le pays. Nous sommes maintenant à la troisième génération de ceux qui sont prêts de donner leur vie pour créer et sauvegarder le pays natal d’Israël. »
Avihai lui notamment s’exprimait en ces termes :
« Avant on jouait aux boites. La boite de nos jours est celle du mobile et d’internet qui se jouent de nous. La morale européenne pénètre notre perception profonde du monde, nous peine et nous détruit. L’aspiration a la justice se nourrit d’une morale peureuse qui n’a pas fusionné celle de notre nation car elle manque de vérité et, sans objectif à atteindre, conduit à la confusion d’identité de notre peuple.
Le sang de l’éternité juive, du pays d’Israël, est imprégné de tes vues superbes, rivières, arbres, rochers, sable et du sang de l’amour, du don et de leur puissante réalité.»
Selon ses parents enfin :
« Chaque difficulté et défi augmentait pour lui son acuité à vaincre et à se rapprocher de dieu. Il était heureux de pouvoir prendre part dans la rédemption d’Israël tel qu’il exprimait lui-même : « Les entrainements militaires ne représentent point pour moi une sueur mais des larmes de deux milles ans. »
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Manuscrit joint en reproduction:
Eliyahu Hakim – lettre à ses parents écrite en prison de sa cellule avant de mourir
Bonjour mes Chers Parents.
Je vous écris cette lettre courrier d’une cellule de prison dans un pays étranger.
Vous avez sûrement été extrêmement inquiets de lire dans les journaux israéliens que j’ai été emprisonné, mais je peux vous assurer que mon état de santé est excellent et que la manière dont on s’occupe de moi est très bonne.
Aux premiers moments après avoir été pris j’étais déprimé, mais depuis je suis tranquille et ma conscience est calme car j’ai l’impression d’avoir rempli mon devoir.
Dans une guerre, on peut devenir victime et un homme doit savoir non seulement se battre mais aussi accepter les aléas du champs d’honneur. Je suis heureux de subir cet examen, car ce jour plus que jamais je suis sûr que ma voie est juste et une voie de vérité qui finira par être victorieuse. Je suis prêt à tout !
Sans aucun doute vous avez eu de la peine à lire dans les journaux ce qu’a subi votre fils mais vous devriez être fiers qu’un combattant de la liberté soit issu de votre famille.Vous également mes parents devriez savoir comment sacrifier volontairement votre fils en don pour la liberté, car rien n’est aussi cher que la liberté. Un jour viendra, mes parents, et j’espère que ce jour est proche, où le drapeau hébreu s’élèvera sur les monts de Jérusalem, que la liberté se proclamera dans les villes du pays et mères et pères se régaleront de leurs enfants dans cette même liberté.
Je vous implore de ne pas trop vous inquiéter pour moi. Je vous souhaite le mieux et espère que vous verrez ‘Jérusalem libérée’ de nos jours.
J’attends de recevoir de vos nouvelles prochainement
Votre fils aimant,
Eliyahu »