Prendre la clé des champs : la défection des sportifs africains. En Israël ce phénomène n’arrive jamais.
Lors de rencontres sportives mondiales, il arrive souvent que des compétiteurs africains décident de ne pas rentrer dans leur pays et de disparaître dans la nature. Si certains sont motivés par les conditions politiques de leur pays, d’autres trouvent dans cette fuite l’occasion de se réinventer ailleurs. Une enquête du “Temps”.
L’Érythrée ne participe pas à la Coupe d’Afrique des nations. Elle n’a même pas pris part aux qualifications. Le dernier match de la sélection érythréenne de football date du 25 janvier 2020, un amical perdu 1-0 face au Soudan.
Depuis, les Red Sea Boys [l’équipe d’Érythrée de football] n’ont plus foulé aucun terrain. En novembre dernier, la fédération érythréenne a annoncé le forfait de sa sélection pour les qualifications de la Coupe du monde 2026 sans en préciser la raison. Selon The Guardian, le gouvernement érythréen aurait fait pression sur sa fédération pour empêcher les défections de joueurs lors des compétitions organisées à l’étranger.
Poudre d’escampette
Depuis 2009, plus de soixante joueurs et joueuses érythréens ne sont pas rentrés de compétitions à l’extérieur, fuyant l’un des pays les plus fermés du monde. Les dernières fugues remontent à 2022, lorsque cinq joueuses de la sélection féminine se sont éclipsées lors de la Coupe Cecafa [Council for East and Central Africa Football Associations], réservée aux nations d’Afrique centrale et de l’Est. Une décision drastique a donc été prise pour empêcher ces fuites, au détriment des sportifs.
Un cas extrême mais pas unique sur le continent africain, où le sport collectif sert parfois de véhicule d’émigration.
Les initiatives individuelles émaillent depuis la guerre froide les compétitions de boxe ou d’escrime. Des athlètes népalais ont disparu lors de Jeux asiatiques organisés en Corée du Sud en 2014. Les milieux sportifs romands se sont déjà retrouvés à improviser des réseaux de solidarité pour aider une volleyeuse cubaine ou un coureur de fond éthiopien.
Le phénomène raconte en creux les réalités politiques et économiques d’un pays, comme à l’été 2023, lorsque dix handballeurs de l’équipe du Burundi participant au Mondial M19 en Croatie se sont fait la malle avant leur entrée en compétition. Trois semaines plus tard, ces dix joueurs déposaient une demande d’asile en Belgique.