Après une année 2022 historique, le français TotalEnergies, actif en Israël, a engrangé un nouveau bénéfice net record en 2023, des résultats alimentés notamment par sa stratégie dans le gaz liquéfié dans un contexte déprimé pour les prix des hydrocarbures. TotalEnergies et son partenaire ENI ont signé avec l’Etat d’Israël un accord-cadre pour mettre en œuvre l’accord sur la frontière maritime qui avait été finalisé entre Israël et le Liban le 27 octobre 2022.

LE PLUS. La 4e major mondiale a amélioré son bénéfice net de 4% par rapport à 2022, à 21,4 milliards de dollars (19,8 milliards d’euros) pour un chiffre d’affaires de 237 milliards de dollars.

A l’origine de ces revenus s’est trouvée la « croissance des hydrocarbures, en particulier du gaz naturel liquéfié (GNL), et de l’électricité », a dit mercredi le PDG du groupe, Patrick Pouyanné.

M. Pouyanné a également évoqué devant la presse son « coût de production le plus bas » du marché dans le domaine du pétrole et sa stratégie d’achat/vente de GNL.

Ce bilan est cependant en deçà des prévisions des analystes, qui attendaient entre 21 et 22 milliards d’euros de bénéfice net.

Cette croissance est en trompe-l’oeil, car elle bénéficie d’une base de comparaison favorable par rapport au résultat de l’an dernier qui aurait été encore plus élevé s’il n’avait pas été amputé d’une dépréciation de 15 milliards liée au retrait d’activités en Russie. Et de fait, le bénéfice ajusté pour 2023, l’indicateur scruté par les investisseurs, a reculé de 36% sur un an à 23,2 milliards de dollars, du fait du désengagement russe.

L’action a reculé de 3,17% à 58,39 euros à la clôture, la 2e pire performance à la Bourse du Paris.

Le groupe fermait mercredi le bal des résultats annuels des majors pétro-gazières, dont les profits ont reflué sur fond de baisse des prix des hydrocarbures.

Alors que ses milliards de profits donnent lieu chaque trimestre à des débats alimentés par les politiques et les ONG, TotalEnergies avait publié dès mardi la liste de ses « contributions et engagements » pour la France. Il a notamment annoncé qu’il débourserait « 320 millions d’euros d’impôt sur les bénéfices et taxe de solidarité sur l’électricité au titre de 2023 », sans préciser quelle était la part des impôts.

4e mandat en vue 

Le groupe a pris il y a quelques années le virage de la diversification dans l’électricité renouvelable, mais il reste toujours sous le feu des critiques pour la poursuite de ses investissements dans les énergies fossiles, néfastes pour le climat. « On est les plus rentables, donc on peut combiner rentabilité et transition », a affirmé son PDG mercredi.

En 2023, TotalEnergies a notamment annoncé des projets ou acquisitions en Namibie, au Suriname et au Brésil. Il s’est renforcé aux Etats-Unis dans le GNL, énergie très convoitée par l’Europe qui cherche à remplacer le gaz russe. Le groupe espère aussi relancer « au cours de ce début d’année » son projet de GNL au Mozambique, suspendu après un attentat jihadiste en 2021. Des projets encore nécessaires pour répondre à la demande mondiale, répète le groupe.

En septembre, TotalEnergies avait encore alimenté les critiques en annonçant son intention d’augmenter sa production d’hydrocarbures de 2 à 3% par an dans les cinq prochaines années. Dans le détail, il s’agit d’une « stabilité côté pétrole et d’une forte croissance côté GNL puisqu’on est plutôt à +7/8% », selon M. Pouyanné.

Sa stratégie « semble prête à éloigner un peu plus le monde de ses objectifs climatiques », a réagi mercredi l’ONG Global Witness, attirant aussi l’attention sur les gratifications aux actionnaires pour 2023 à même, selon elle, de couvrir largement les dégâts des événements extrêmes subis par la France en 2022.

« Ce ne sont pas moins de 16,6 milliards de dollars qui sont allés aux actionnaires en 2023 » en rachats d’actions et dividendes, « alors que seuls 5,5 milliards ont été investis dans sa branche renouvelable », a souligné Lucie Pinson, de Reclaim Finance.

Alors que plusieurs pétroliers comme Enel, Shell et BP ont annoncé en 2023 une révision en baisse de certains de leurs objectifs de transition énergétique, M. Pouyanné a assuré qu’il n’y avait aucun changement de stratégie ni « aucun désengagement » dans les renouvelables. Le groupe a dit vouloir encore consacrer un tiers de ses investissements en 2024 aux « énergies bas carbone » pour environ 5 milliards de dollars et maintenir le cap de 100 GW de capacités de production renouvelable en 2030.

L’année 2024 s’annonce particulière pour le groupe, qui fête en mars son centenaire et devrait reconduire M. Pouyanné pour un quatrième mandat lors de son assemblée générale en mai.

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