DANIEL ROUACH A TEL-AVIV. Près de Tel-Aviv a été installé le décor du festival tragique de musique Nova, figé au moment où, le 7 octobre, la fête a laissé place au massacre par des hordes de terroristes du Hams et des habitants de Gaza.
Lors de ma visite j’ai rencontré, avec mes amis, ce vendredi matin, Radha, qui fait partie des survivants du massacre. Impossible de ne pas le voir. Profil de rocker massif avec bracelets autour du cou. Un jeune Druze aux yeux noirs (trente ans environ) qui vendait du pain pita sur un stand de festival Nova avec son frère (que j’ai également rencontré). Lorsque les tirs ont commencé, il s’est enfui avec sa voiture et a percuté un char de Tsahal. Il s’est caché sous le réservoir, dans le sable, avec une jeune fille qui lui a dit qu’elle avait trois enfants et qu’elle était mère célibataire. Il nous a montré avec tristesse la photo de la jeune fille.
Radha est resté allongé dans le sable sous le char pendant de nombreuses heures, jusqu’à ce qu’un soldat arrive et élimine les terroristes.
Radha : « Je cherche toujours le soldat ». Lors de notre rencontre il nous a aussi dit qu’avant le 7 Octobre, il riait tout le temps. Il a perdu, depuis ce jour terrible, sa joie de vivre. Comme une lumière qui s’est éteinte. Nous avons convenu de nous revoir. Radha a un besoin immense de parler et de raconter au monde entier son histoire. Je l’ai constaté il y a quelques années à Jérusalem lors d’un attentat qui avait eu lieu à deux pas de Kol Israel (Radio d’Israël). Certains survivants se taisent. D’autres ont un besoin de raconter aux autres leur histoire terrible.
L’EXPO. Nous avons passé avec mes amis des heures à visiter l’expo baptisée « A 06H29 ». Cette exposition (ouverte jusqu’au 31/12/2023) est exceptionnelle car elle retrace avec une intelligence artistique et factuelle l’ambiance extraordinaire du Festival NOVA et le massacre du 07/10. On pénètre lentement dans l’immense salle de l’exposition plongée dans la pénombre, et on est accueillis par un écran lumineux affichant noms et photos de 364 morts.
Visible dans l’expo. Des nattes de paille jonchées de tentes et de sacs de couchage, des tapis de yoga enroulés, des bouteilles d’eau et des chaises de camping couchées sur le côté. Des chariots avec des T-shirts tie-dye, des bracelets tissés et des produits en chanvre, un support pour les massages, un livre de prières en hébreu ouvert sur un oreiller. À l’arrière, de la musique transe joue sur une piste de danse sombre au néon et des écrans vidéo surdimensionnés montrent des images de DJ groove au rythme et de jeunes dansant dans une extase silencieuse.
Tentes de camping, bar sur lequel traînent bouteilles vides et cendriers pleins, étals divers et même l’imposante sono.
Pas de traces de sang, de corps brulés, de terroristes du Hamas… Cette exposition, interdite cependant aux moins de 12 ans, n’est pas là pour choquer où transmettre des messages de haine. Aucune arme à voir dans cette expo. Des jeunes visages et symboles multiples sont là sur des écrans et photos. De nombreuses lettres écrites à la main sont affichées et des « cartes postales ».
Les organisateurs, avec qui nous avons longuement parlé, ont, en deux semaines monté cette exposition qui aurait pris deux ans à créer sous d’autres cieux. Des volontaires ont ramené les « WC de l’Horreur » du Festival criblés de balles. Les tueurs du Hamas se sont acharnés à tuer les festivaliers qui tentaient de se réfugier dans les toilettes.
Des voitures brulées sont exposées. Une odeur de drogue assaille les visiteurs (moyenne d’âge 30 ans) de l’expo qui découvrent le programme du 7 Octobre affichés partout. Des chaussures et casquettes sont alignées sur une table, des lunettes, des parfums ou porte-clés empilés, et des dizaines d’habits suspendus sur des cintres à des portants.
Ce décor d’après-massacre est incroyable et authentique : sous des arbres reliés par des guirlandes lumineuses, un campement de tentes vides, souvent ouvertes, devant lesquelles gisent des chaises renversées. Plus loin, sur le comptoir du bar du festival subsistent les restes de ce qui était encore une fête.
Des glacières « Coca Cola » sont là. Ailleurs, des carcasses de voitures carbonisées, mais aussi, des toilettes mobiles, où certains crurent trouver une cachette illusoire, portant des impacts de balles.
Dans l’exposition, un coin d’œuvres d’art créées par des survivants de Supernova cherchant une thérapie pour aider à pleurer leurs proches et trouver un moyen de sortir du traumatisme est présenté.
A la sortie de l’exposition, un panneau en anglais proclame : « We will dance again » (« Nous danserons à nouveau »). « Nous allons réunir de nouveau 3 000 personnes pour danser, car nous sommes une communauté, une tribu qui continue d’exister », affirme Omri Sassi, l’un des fondateurs de Tribe of Nova qui a monté cette expo.
LE PLUS. Selon (1) : « Deux mois, jour pour jour, après l’attaque sans précédent menée dans le sud d’Israël par le Hamas depuis la bande de Gaza, a ouvert au public une exposition temporaire consacrée à la mémoire des 364 personnes, venues pour danser et méthodiquement abattues par des terroristes de la branche palestinienne des Frères musulmans. Récemment le lieu accueillait les proches des victimes. Silencieuses, ils pénètrent lentement dans l’immense salle plongée dans la pénombre, accueillis par un écran lumineux affichant noms et photos de ces 364 morts, parmi lesquels l’un des leurs.
Non loin sont disposés des effets et objets non réclamés. Dans l’espoir d’y trouver un souvenir d’un être cher. Le 7 octobre, ce jour-là, plus de 3 000 personnes participaient depuis la veille au festival Nova « pour la paix », dans un champ du Néguev, à cinq kilomètres de la bande de Gaza.
A 06H29 – titre de cette exposition créée par les organisateurs du festival – les sirènes d’alerte ont retenti. En fond sonore, de la musique techno créée pour l’exposition, mais « dans l’esprit du festival », selon les responsables de « Tribe of Nova », organisateurs du festival.
Présent à l’inauguration, le président israélien Isaac Herzog a qualifié l’exposition « d’espace sacré » et promis aux familles « de ne jamais oublier la beauté et la bonté de nos chers disparus ». (1) Times of Israel.
LE PLUS. Le massacre du festival de musique de Réïm se déroule le , au début de l’invasion d’Israël par des terroristes du Hamas, dans le cadre de l’opération Déluge d’al-Aqsa. Ceux-ci, après avoir pénétré en Israël à partir de la bande de Gaza, commettent un massacre de civils réunis lors d’un festival de musique près du kibboutz de Réïm. Deux cent soixante personnes au moins sont assassinées et de nombreuses autres blessées. Les terroristes capturent aussi des otages.
Préambule.
Le , le festival de musique trance en plein air, d’une durée d’un week-end, appelé Supernova Sukkot Gathering, débute dans le désert occidental du Néguev, à environ 5 km de la frontière entre la bande de Gaza et Israël, près du kibboutz de Réïm. Il est produit par un organisateur appelé Nova en tant qu’édition israélienne d’Universo Paralello, un festival de psytrance originaire de Bahia, au Brésil. Selon l’organisateur, le site n’a été réservé que deux jours auparavant, après que l’emplacement initial du sud d’Israël s’est désisté. La rave party, qui doit coïncider avec la fête juive de Sim’hat Torah, est présentée comme une célébration des « amis, de l’amour et de la liberté infinie ». Le site du festival comprend trois scènes, une zone de camping et un espace avec un bar et de l’alimentation. Les participants décrivent la foule comme étant principalement composée d’Israéliens âgés de 20 à 40 ans, venus de tout le pays. Le nombre de participants est estimé à 3 500, mais les chiffres varient. Une douzaine de gardes de sécurité sont présents au festival, mais ils ne portent ni gilet pare-balles ni casque, et ne sont équipés que d’armes de poing.
Attaque.
Le festival musical est l’une des premières cibles de l’attaque surprise contre Israël, lancée par le Hamas au petit matin du , à partir de 6 h 30.
Un participant de la rave party déclare qu’après avoir coupé l’électricité, un groupe d’environ 50 hommes armés du Hamas est arrivé dans des camionnettes et a tiré dans toutes les directions. Au moins certains des hommes armés du Hamas qui ont attaqué le festival se sont infiltrés en Israël à l’aide de parapentes motorisés, arrivant vers 6 h 30. Alors que les participants du festival fuient en panique, des jeeps remplies d’hommes armés commencent à tirer sur les voitures qui s’échappent. Les terroristes armés bloquent également les routes. Le terrain très découvert ne laisse que peu d’endroits pour se cacher. De nombreux participants qui s’étaient cachés dans les arbres sont tués par des attaquants qui les abattent méthodiquement. D’autres, qui s’étaient cachés dans des buissons et des vergers, réussissent à survivre. Le massacre se déroule au milieu d’une sirène d’alerte de roquettes, signalant un barrage de roquettes tirées sur Israël.
Des images du site, prises par un drone et vérifiées de manière indépendante, montrent des dizaines de voitures brûlées et des traces de dérapage. Des photographies prises après l’attaque montrent des dizaines de corps sur le site du festival, dont un corps gravement brûlé attaché par des câbles. Le Hamas a exhibé le corps meurtri de Shani Nicole Louk, une tatoueuse de 22 ans ayant la double nationalité allemande et israélienne, vêtue uniquement de ses sous-vêtements, à l’arrière d’une camionnette ; la vidéo montre des hommes armés scandant « Allahu akbar », l’un entourant sa jambe sur sa taille, un autre saisissant ses cheveux, et un homme dans la foule crachant sur son corps. D’autres images de l’attaque, postées sur une chaîne Telegram, comprennent des représentations graphiques de meurtres et de prises d’otages. Selon des experts israéliens, les images de l’attaque « ont suscité des inquiétudes quant aux agressions sexuelles commises contre des femmes».
Plusieurs femmes ont été exécutées tandis que d’autres ont été emmenées à Gaza où elles ont été exhibées avec des saignements entre les jambes.
LE PLUS. Times of Israel : « Tel Aviv exhibit simulates aftermath of rave where Hamas killed 360 on Oct. 7. Recreation of the festival space produced by the Tribe of Nova gives a sense of the horror.
As rockets began falling early that morning, the partygoers were still dancing, and at first didn’t realize that hundreds of Hamas terrorists were launching an assault, arriving on gliders and mopeds. The attackers shot and killed some 360 people and assaulted and abducted dozens more.
This exhibit, installed in the Expo Tel Aviv conference center, is one of the first memorials to the events of October 7, produced by entertainment producer Yoni Feingold, one of the founders of the Zappa music club chain. There have been several other initial attempts at memorializing that day, including a set of DJs playing in the open field where Supernova was held, their audience a sea of placards bearing the faces of those killed and kidnapped. So far, however, there has been nothing official as the country went straight to war and as the nation grapples with mourning its dead and saving the 129 people still held hostage in Gaza.
“Nova 6.29” is an homage to the Tribe of Nova, the group of people who brought their Tel Aviv trance culture out into nature and held festivals under the open skies several times a year. The first Supernova was held a year earlier, on October 7-8, 2022.
The exhibit includes hundreds of items retrieved from the site of the rave, from stage props and sets to personal items brought by partygoers that weekend. “The fragments of the party and the torn pieces of life lie here now as a silent testimony, in memory of all the tremendous human beauty that was lost,” said President Isaac Herzog at the opening of the exhibition. “The massacre, and the deep and painful wound it created, are the legacy of an entire generation.” In this hall, viewers get a sense of the area that had been set up for Supernova, and of the horrors that took place there.
A row of yellow porta-potties is riddled with bullet holes. The Hamas terrorists had aimed their guns at any space where someone may have been hiding.
The hulking skeletons of burned out cars are testament to the attempted flight of hundreds of people who were mown down by the terrorists. In the Nova Stage main dance area, the massive video screens show the faces of the DJs and dancers, as well as screenshots of WhatsApp messages sent as people began realizing that an assault was taking place and hurried to alert their families.
A long bar bears glasses and other items, as well as a price list of beers and drinks, reminding visitors that this was meant to be a party.
There is a corner of artworks created by Supernova survivors seeking therapy to help mourn their loved ones and find a way out of the trauma, as they repeat a new motto, “We will dance again.”
Toward the end of the exhibit is perhaps the most harrowing and painful section, “Lost and Found,” with rows of shoes and sunglasses, hats and deodorants, hair clips and house keys, most destined never to be reunited with their owners.
As visitors take their leave, a long, rolling screen shows portraits of all the 360 partygoers who were gunned down that day, as the liturgical song, “Shomer Yisrael” (“Guardian of Israel, guard the remnant of Israel”), plays in a loop.
“Nova 6.29” through December 22. Sunday to Thursday, 11 a.m. to 9 p.m., Friday, 9 a.m. to 3 p.m., Saturday, 9 a.m. to 10 p.m., Expo Tel Aviv, Pavilion 1. NIS 50 donation, all proceeds go toward assistance for Supernova survivors.