Tribune : Le temps de la guerre, l’heure des choix.

Myriam Danan.

Certains sont poussés par l’espoir, d’autres par la haine. Certains croient que les leçons du passé sont là pour aider les nouvelles générations à grandir et tenter de faire marcher le monde un peu plus droit. D’autres que, dans les racines de l’histoire, on ne peut ou ne doit puiser que de la haine et de la rancœur, que dans des textes anciens interprétés aux noms d’intérêts morbides on trouve un inaliénable permis de tuer.  Les différentes versions de l’histoire, celles des guerres mondiales de la Shoah, de la création de l’État d’Israël, de ce sanglant 20e siècle, ne manquent pas. Pas plus que les récits de la naissance de chacune des trois grandes religions. Elles ont été, siècle après siècle, une excuse facile et imparable pour tenter d’effacer le peuple juif et la première religion monothéiste de l’humanité.

L’antisémitisme se cache encore souvent derrière un hypocrite humanisme, une justice à sens unique, un dieu vengeur, un négationnisme insolent. Mais il y a un mois, à nouveau, les masques sont tombés. Le Hamas a assassiné, violé, torturé, décapité, des hommes, femmes, enfants et vieillards parce que juifs.

Des monstres armés jusqu’aux dents face à des enfants dans leur berceaux, des jeunes réunis pour danser, des parents qui n’ont rien eu d’autres que leurs mains pour tenter en vain de protéger leurs enfants. Le 7 octobre est une nouvelle sombre date dans l’histoire juive et l’histoire d’Israël. Une date marquée par le deuil et l’effroi, la haine génocidaire d’un groupe de terroristes meurtriers. Une date où l’État d’Israël et son armée ont failli à protéger leurs citoyens, ont échoué à empêcher un massacre massif de juifs qui évoque les pires pogroms, ceux dont on disait « plus jamais ». Une plaie ouverte parce que 240 citoyens israéliens, dont des dizaines d’enfants, ont été kidnappés dans l’enfer de Gaza.

L’État et l’armée ont failli parce qu’ils se sont trompés sur la morbide et inextinguible motivation de nos ennemis à effacer Israël de la carte, parce que dans le double langage du Hamas il ont choisi de croire que malgré la haine, ils avaient eux aussi un peuple dont ils étaient responsable et des enfants à faire grandir. Un dogme rassurant, une conception pragmatique, une croyance en une certaine humanité au-delà des conflits territoriaux, des différences de religions, d’un antisémitisme primaire.

Mais le Hamas n’est pas autre chose qu’un mouvement terroriste islamiste fondamentaliste dans la droite ligne d’Al Qaeda ou Daesh et ne peut à ce titre échapper un sort similaire. En Israël, une nouvelle conviction guide le gouvernement, l’armée, la population: cette guerre qu’ils n’ont pas choisi il n’y a pas d’autre choix que de la gagner. De démanteler dans la bande de Gaza le pouvoir politique et militaire d’une organisation terroriste qui a choisi de tuer des juifs plutôt que de s’occuper de son peuple. De creuser des tunnels plutôt que de bâtir des immeubles, d’accumuler les armes plutôt que d’offrir un avenir à deux millions de gazaouis. Une population qui manifeste trop souvent sa haine et sa rancœur contre l’ennemi qu’on lui désigne, plutôt que contre la dictature qui l’étouffe.

Depuis des dizaines d’années, la propagande du Hamas tissée d’un antisémitisme et négationnisme primaire est dénoncée. Des mensonges haineux dans des manuels scolaires, des clips télévisés, des discours incessants, des jeux d’enfants morbides. Et à chaque attentat, y compris après le massacre du 7 octobre, ces scènes de foule en liesse où les bonbons pleuvent pour fêter le sang versé des juifs .

Mais dénoncer n’a pas suffi. Face à la haine du Hamas il n ‘y avait pas de levier humain économique ou politique à activer. A chaque immeuble détruit la communauté internationale a offert de quoi reconstruire, en fermant les yeux sur des fonds détournés pour creuser sous les hôpitaux des réserves d’armes et des bunkers, destinés à la seule protection des leaders du Hamas. A chaque chef terroriste éliminé, un autre était nommé, à chaque djihadiste tué, dix autres étaient prêts à courir à la mort pourvu qu’ils entraînent avec eux des juifs dans la tombe.

Aujourd’hui blessé dans sa chair Israël s’est souvenu que contre la haine morbide du juif il n’y a pas d’autre défense que la guerre. Une guerre qui ne sera véritablement gagnée que si les 240 otages sont rendus à leurs familles. Une guerre menée sans volonté de vengeance, sans autre colère que celle de ne pas avoir compris à temps.

Une guerre menée par des soldats pleins de projets d’avenir qui se battent pour leur pays, pour leur famille, pour que la vie soit possible, face à une organisation qui ne sanctifie que la mort. Israël n’a pas choisi de mener cette guerre, mais aujourd’hui chaque pays doit choisir son camp.

Choisir entre un antisémitisme morbide qu’ils ont échoué à extirper de leur chair, et les valeurs de liberté d’humanité et d’égalité qu’ils portent sur leur drapeau mais ne valent que si elle sont là pour tous, pour les juifs, aussi. Une communion de valeurs qui vont au-delà d’une sympathie politique ou d’une alliance militaire. Des valeurs qui sont le socle de l’amitié Israélo-américaine manifestée dès le premier jour par un président peut-être trop vieux pour se représenter mais assez expérimenté pour se souvenir de ce que Golda Meir lui avait si bien expliqué: « Nous n’avons pas d’autre endroit où aller”.

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