Face à la montée en puissance militaire de Moscou et de Pékin, Washington a décidé de renforcer son arsenal nucléaire.
Renforcer la dissuasion atomique américaine face à la Russie et à la Chine. C’est le but du Pentagone, qui a lancé le développement d’une variante moderne de la bombe nucléaire B61 : la B61-13. Derrière ce nom technique se cache une arme tactique qui a une puissance maximale de 360 kilotonnes. Pour mettre ce chiffre en perspective, la bombe larguée sur Hiroshima le 6 août 1945 avait une puissance de 15 kilotonnes. Le Pentagone a déclaré dans un communiqué que des avions modernes, dont le futur bombardier furtif B-21 raider, seraient capables de larguer cette bombe.
«Les États-Unis ont la responsabilité de continuer à évaluer et à mettre en place les capacités dont ils ont besoin pour dissuader de manière crédible les attaques stratégiques et, si nécessaire, y répondre, et pour assurer nos alliés», indique le communiqué du Pentagone. Cela offrirait également au président américain davantage d’options pour frapper des cibles militaires plus défensives ou encore pour détruire une bonne partie d’un champ de bataille.
Hans Kristensen, un expert en armes nucléaires à la Fédération des scientifiques américains, qui a été informé par le Pentagone sur la bombe plus tôt cette semaine, a déclaré à Defense News que l’arme incorporerait les mêmes ogives que celles des B61-7 issues des années 1980 et 1990. De plus, le spécialiste a soutenu que la création de cette bombe était probablement destinée à être un compromis pour briser un désaccord de plusieurs années entre démocrates et républicains sur le sort de l’énorme bombe B83-1, vieille de 40 ans.
L’ancien président Barack Obama avait cherché à se débarrasser de la B83-1 de 1,2 mégatonne, la dernière bombe de plus d’une mégatonne restant dans l’arsenal nucléaire du pays et qui exploserait avec une force 80 fois supérieure à celle larguée sur Hiroshima en 1945. Mais son successeur, l’ancien président Donald Trump, était revenu sur cette décision. Joe Biden a depuis relancé les efforts pour se débarrasser du B83. Mais les principaux législateurs républicains s’y sont opposés, affirmant que le B83-1 était nécessaire pour frapper des cibles profondément enfouies.
«Le B61-13 n’est pas une solution à long terme, mais il offrira à nos commandants, en particulier dans les régions du Pacifique et de l’Europe, plus de flexibilité face à des armées ennemies potentielles. Comme l’a récemment noté la Commission de posture stratégique, la Chine et la Russie sont engagées dans une véritable course aux armements, et les États-Unis se mettent en place. Une transformation radicale de notre posture de dissuasion – et non des changements progressifs ou fragmentaires – est nécessaire pour faire face à cette menace», ont précisé des hauts gradés américains à Defense News.
Hans Kristensen a déclaré que les responsables de la défense ont indiqué que très peu de B61-13 devraient être produits, de l’ordre de quelques dizaines. Il doute que leur création, parallèlement au retrait des B61-7, entraîne une diminution importante du nombre de bombes à gravité dans l’arsenal américain, qui, selon lui, se situe entre 400 et 500.
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