La Banque mondiale a dévoilé ce lundi un rapport dédié aux répercussions du conflit opposant Israël au Hamas sur le prix des matières premières. L’organisation mondiale estime que la guerre au Proche-Orient pourrait entraîner une hausse sensible des prix, et pas seulement de l’or noir.
La guerre entre Israël et le Hamas, déclenchée par l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre dernier, pourrait provoquer un nouveau choc de prix sur les matières premières, a alerté la Banque mondiale (BM), dans son dernier rapport qui y est consacré, ce lundi 30 octobre. Depuis le début du conflit, le prix du pétrole a d’ores et déjà augmenté de 6%. Or, le risque de le voir s’étendre plus largement dans la région pourrait entraîner une hausse encore plus sensible des prix, tant du pétrole que des produits agricoles, s’inquiète la BM.
« Le conflit au Proche-Orient vient s’ajouter au plus gros choc sur le marché des matières premières depuis les années 1970 provoqué par l’invasion russe de l’Ukraine », a rappelé le chef-économiste de l’institution, Indermit Gill, cité dans un communiqué.
« Les décideurs politiques doivent être vigilants. Si le conflit (entre Israël et le Hamas, ndlr) devait gagner en intensité, l’économie mondiale devrait faire face à un double choc énergétique pour la première fois depuis des décennies », a-t-il prévenu.
Le prix du baril pourrait atteindre plus de 150 dollars
La BM estime que l’impact dépendra grandement de ses effets sur les exportations de pétrole dans le monde. Dans le cas d’un impact limité, le prix du pétrole pourrait monter de 3% à 13%, pour atteindre entre 93 et 102 dollars. Dans le scénario médian, le pétrole atteint une fourchette comprise entre 109 et 121 dollars. Dans le scénario du pire, le pétrole atteint des sommets, entre 140 et 157 dollars, soit potentiellement supérieur au record absolu de 147,50 dollars, observé en 2008.
Jusqu’à présent, la Banque mondiale avait fait part de ses craintes, sans pour autant les justifier, chiffres à l’appui. La guerre risque d’avoir « un grave impact sur le développement économique », avait ainsi prévenu le président de la Banque mondiale, Ajay Banga, à l’ouverture de la conférence Future Investment Initiative (FFI) à Ryad, la semaine passée. « Je pense que nous nous trouvons à un moment très dangereux », a-t-il ajouté.
« Regardez les pays voisins : l’Egypte, le Liban, la Jordanie, où les impacts sont déjà visibles », avait appuyé Kristalina Georgieva, lors de cet événement. « Ce que nous voyons, c’est davantage de nervosité dans un monde déjà anxieux », avait déclaré la cheffe du FMI. « Il y a des pays qui dépendent du tourisme et l’incertitude est néfaste pour les flux touristiques », avait-elle ajouté.
Les combats s’intensifient au sol
La guerre entre Israël et le Hamas est entrée ce lundi dans son 24e jour. La bande de Gaza est soumise à des bombardements incessants de l’armée israélienne. De violents combats au sol opposent également, à l’intérieur de la bande de Gaza, des combattants du Hamas à l’armée israélienne, dont des chars ont atteint les abords de Gaza-ville. « Plus de 600 cibles » ont été frappées ces dernières 24 heures, a annoncé lundi matin Tsahal.
Dimanche, l’Etat hébreu a même annoncé avoir augmenté le nombre de ses troupes et l’ampleur de ses opérations à l’intérieur du territoire, dans le but « d’anéantir » le Hamas. Selon le ministère de la Santé du Hamas, plus de 8.000 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans la bande de Gaza dans les bombardements israéliens depuis le début de la guerre.
Selon les autorités israéliennes, plus de 1.400 personnes ont été tuées côté israélien, essentiellement des civils lors de l’attaque du 7 octobre, perpétrée par le mouvement islamiste palestinien, qualifié d’organisation « terroriste » par les Etats-Unis et l’Union européenne notamment. Depuis le 9 octobre, Israël impose un « siège total » à Gaza, interrompant les approvisionnements en eau, électricité et nourriture, alors que le territoire était déjà soumis à un blocus israélien depuis 2007 et l’arrivée au pouvoir du Hamas.
Des tensions à la frontière avec le Liban
Les appels se multiplient pour laisser passer l’aide vers ce territoire. Dimanche, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) Karim Khan a affirmé « qu’empêcher l’acheminement de l’aide peut constituer un crime ».
Trente-trois camions d’aide sont entrés dimanche à Gaza, soit le convoi le plus important depuis les premiers camions le 21 octobre, a rapporté le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha). Au total, 117 camions sont passés depuis cette date, selon un rapport publié lundi.
Mais cette aide est insuffisante, souligne l’Ocha, qui craint « une nouvelle détérioration de la situation humanitaire » et des « troubles civils ». L’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) a elle mis en garde dimanche contre un écroulement de « l’ordre public » dans la bande de Gaza, au lendemain du pillage d’entrepôts et de centres de distribution d’aide alimentaire. L’inquiétude humanitaire porte également sur la situation des hôpitaux de Gaza. Selon le Croissant-Rouge palestinien, les abords d’une de ses cliniques ont été bombardés à plusieurs reprises, mettant en péril les patients et les milliers de civils venus s’y réfugier.
Alors que la communauté internationale redoute un embrasement régional, l’armée israélienne a annoncé lundi avoir frappé plusieurs cibles en Syrie en réponse à des tirs de roquette. Les tensions sont également fortes à la frontière israélo-libanaise, où les échanges de tirs sont quasi-quotidiens entre Israël et des groupes armés pro-palestiniens, dont le Hezbollah.
(Avec AFP)