Facebook et Instagram vont proposer une version payante à 10 euros par mois. Israël restera non-payant.

Meta a annoncé ce lundi qu’il allait modifier son modèle économique pour proposer une version payante de ses deux réseaux sociaux permettant à ses utilisateurs de ne plus voir de publicités.

Facebook et Instagram payants, ce sera bientôt une réalité pour les utilisateurs européens qui le souhaitent. Meta a, en effet, annoncé lundi qu’il proposera « en novembre » une formule payante à ses usagers dans l’Union Européenne mais aussi de Suisse et du reste de l’Espace économique européen (Islande, Norvège, Liechenstein).

Lire aussiFace à l’effondrement de Twitter (X), les alternatives tardent à s’imposer

Ces derniers « auront le choix de continuer à utiliser gratuitement » les deux réseaux sociaux avec des publicités personnalisées, « ou de s’abonner pour ne plus voir de publicités », a indiqué l’entreprise dans un communiqué. Pour ceux choisissant la deuxième option pour l’ensemble de leurs comptes Instagram ou Facebook, ils devront débourser 9,99 euros par mois, par personne, s’ils règlent via ordinateur, ou 12,99 euros s’ils passent par les applications mobiles sur smartphones, a précisé le géant américain. Attention néanmoins, à partir du 1er mars, chaque compte supplémentaire ajouté à l’abonnement alourdira la facture mensuelle de 6 à 8 euros.

Un modèle économique en mutation

L’intérêt ? Les abonnés payants auront la garantie « que leurs données ne seront pas utilisées pour des publicités », souligne Meta.

Il s’agit de la solution lucrative, copiée sur la proposition des plateformes de streaming comme Spotify ou Youtube, qu’a trouvé Meta pour permettre à ses utilisateurs qui ne consentent pas à ce que le groupe américain récolte leurs données personnelles de garder leur accès aux plateformes.

Les géants de l’internet, Meta et Google, ont bâti leur empire sur les recettes générées par des publicités finement ciblées grâce aux données personnelles qu’ils récoltent sur leurs milliards d’utilisateurs. Mais ce modèle économique est maintenant menacé car l’UE lutte depuis des années contre le pistage des internautes sans leur consentement, d’abord avec le règlement européen sur la protection des données (RGPD) de 2016, puis avec le règlement sur les marchés numériques (DMA), entré en vigueur cet été. Les plateformes numériques concernées ont d’ailleurs jusqu’au 6 mars 2024 pour s’y conformer.

Meta et Google accumulent les amendes en Europe

Et les GAFAM ont déjà fait les frais de la volonté de protection des données du Vieux continent. En mai dernier, Meta a écopé d’une amende record d’1,2 milliard d’euros du régulateur irlandais, agissant au nom de l’UE, pour avoir enfreint le RGPD avec son réseau Facebook, soit la quatrième amende infligée à l’entreprise de Marc Zuckerberg dans l’UE en six mois.

Et ce n’est pas fini ! En juillet dernier, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) lui a infligé un nouveau revers, en rappelant que les utilisateurs des réseaux sociaux devaient « être libres de refuser individuellement (…) de donner leur consentement à des traitements particuliers de données ». Enfin, début septembre, la justice norvégienne a débouté Meta qui demandait la suspension d’une interdiction de la publicité comportementale sur ses plateformes Facebook et Instagram, qui lui vaut une amende quotidienne dans le pays scandinave.

« Nous croyons en un Internet financé par la publicité, qui permet aux gens d’accéder à des produits et services personnalisés quel que soit leur statut économique (…) et qui permet aux petites entreprises d’atteindre des clients potentiels », a observé Meta dans son communiqué.

« Mais nous respectons l’esprit et la finalité de ces réglementations européennes en évolution (…) La possibilité pour les gens d’acheter un abonnement sans publicité équilibre les exigences des régulateurs européens tout en donnant le choix aux utilisateurs », a-t-il fait valoir.

 

Meta copie X Premium et la stratégie d’Elon Musk

Avec cette annonce, Meta suit donc le chemin emprunté par X, ex-Twitter, qui a décidé, sous l’aval de son propriétaire depuis octobre 2022, Elon Musk, de développer la formule X Premium (ex-Twitter Blue), qui offre des fonctionnalités supplémentaires aux utilisateurs acceptant de payer 7,5 euros par mois.

Une offre mise en place pour compenser la chute de 50% des revenus publicitaires sur les six premiers mois de l’année de 2023, annoncée cet été par Elon Musk. A cause de cette fuite des annonceurs, l’entreprise de San Francisco, qui dégage l’essentiel de ses recettes de la publicité, est partie pour gagner moins de 3 milliards de dollars en 2023 selon Insider Intelligence, contre 4,14 milliards en 2022, soit 28% de moins.

(Avec AFP)

À lire au

Partager :