Le rappel des réservistes met en difficulté 70 % des entreprises du high-tech.

Une enquête sur le secteur depuis le début de la guerre montre que près de 3 startups sur 4 ont reporté ou annulé des projets, quand elles n’ont pas de problèmes de financement

Selon une enquête de l’Autorité israélienne de l’innovation et du Start-Up Nation Policy Institute (SNPI), la guerre entre Israël et le groupe terroriste Hamas en est à sa troisième semaine et on estime à 70 % la part des entreprises technologiques et des startups israéliennes confrontées à des problèmes, car une partie de leurs employés ont été rappelés au titre de la réserve.

Israël a déjà rappelé plus de 300 000 réservistes, dont beaucoup travaillent dans des entreprises technologiques israéliennes. Le pays a déclaré la guerre au Hamas après l’assaut meurtrier de quelque 2 500 terroristes qui ont franchi la barrière fortifiée de Gaza, le 7 octobre dernier, pour tuer, torturer et mutiler pas moins de 1 400 personnes, pour la plupart des civils, sans épargner les bébés, enfants et personnes âgées. La plupart ont été assassinés chez eux et 260 d’entre eux ont été massacrés lors d’un festival de musique en plein air.

Quinze à 20 % des employés du secteur des nouvelles technologies sont mobilisés et l’enquête, menée auprès d’un échantillon de 500 entreprises technologiques, montre que plus d’un quart d’entre elles font face à une pénurie de personnel clé et d’importantes difficultés de financement. De nombreuses entreprises font état d’une baisse de rendement des employés, soit en raison de problèmes de garde d’enfants – de nombreuses écoles et jardins d’enfants étant fermés – soit en raison du stress induit par les circonstances.

L’enquête a été diligentée pour identifier les besoins des entreprises technologiques israéliennes et examiner de quelle manière elles font face aux difficultés de la guerre, explique l’Autorité israélienne de l’innovation, en charge des politiques technologiques du pays.

Plus de 70 % des startups interrogées dans le cadre de l’enquête ont déclaré avoir dû reporter ou annuler des commandes ou des projets, faute de pouvoir mener projets pilotes ou essais cliniques ou de faire avancer d’importants projets de recherche et développement, sans compter les difficultés d’exportation et d’importation. Les deux tiers environ des entreprises se sont plaintes de problèmes techniques et opérationnels liés à la guerre.

En outre, 40 % environ des entreprises technologiques interrogées disent que leurs efforts pour lever des fonds, accords d’investissement compris, ont été annulés ou reportés. Parmi les startups menacées de fermeture immédiate, 60 % ont signalé des difficultés de financement. Seules 10 % d’entre elles réussissent à trouver des investisseurs.

« Le ralentissement des levées de fonds et la mobilisation des réservistes posent un problème majeur à un nombre important d’entreprises de la technologie », explique Dror Bin, directeur de l’Autorité israélienne de l’innovation. « Cette enquête préliminaire et les nombreux entretiens que nous avons eus indiquent que pour un nombre important d’entreprises de haute technologie, la guerre a retardé ou interrompu les levées de fonds. »

« Cela signifie qu’il y a des entreprises qui risquent de fermer dans les mois à venir », a averti M. Bin.

Ces tendances inquiétantes ont incité l’Autorité israélienne de l’innovation à lancer, la semaine dernière, un plan de financement d’urgence permettant d’allouer 100 millions de shekels de subventions à une centaine de startups à court d’argent, afin de leur permettre de continuer l’exploitation.

La dépendance de l’économie israélienne au secteur des hautes technologies s’est considérablement accrue ces dix dernières années, et le secteur contribue désormais à hauteur de 18 % au PIB, contre un peu moins de 10 % aux États-Unis et 6 % dans l’UE. On estime à 14 % la part des emplois du secteur de la technologie. L’économie israélienne repose sur les produits de haute technologie et les exportations, qui représentent environ 50 % des exportations totales, ainsi que sur les taxes levées dans le secteur.

Selon l’enquête, pour les startups en phase de démarrage, les difficultés à lever des capitaux et la chute des revenus sont les principaux problèmes, tandis que les entreprises technologiques à un stade plus avancé sont principalement confrontées à une baisse des performances de leurs employés et une pénurie de capital humain pour assurer le bon fonctionnement des opérations.

Avant même le déclenchement de la guerre, les entreprises technologiques israéliennes souffraient d’une forte chute des investissements, allant jusqu’à 70 %, exacerbée par le ralentissement économique mondial et le projet de refonte judiciaire proposé par le gouvernement en début d’année.

« La haute technologie est le premier secteur de l’économie israélienne, et un retour rapide à la croissance n’est pas seulement vital – c’est absolument nécessaire », a déclaré Ori Gabai, PDG de l’institut de recherche et de politique SNPI.

« L’un des points forts de la haute technologie israélienne est qu’elle est basée sur la culture entrepreneuriale. Des centaines de nouvelles startups se créent chaque année, mais dans une période d’instabilité sécuritaire et économique, les startups sont aussi les plus vulnérables. »

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Times of Israël

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