Economie : prévisions de croissance revues à la baisse ; taux d’intérêt maintenu.
La Banque centrale prévoit un ralentissement de l’économie, à 2,3 % en 2023 au lieu des 3 % prévus, en supposant que la guerre sera contenue dans le sud, à Gaza, au dernier trimestre
La Banque centrale d’Israël a annoncé lundi avoir maintenu ses taux d’intérêt mais revu à la baisse ses prévisions économiques pour cette année et la suivante, en raison de la guerre en cours avec le groupe terroriste Hamas qui pèse sur la croissance et la valeur du shekel, qui continue de s’affaiblir.
Le service de la prospective de la Banque centrale s’attend à ce que l’économie progresse de 2,3 % en 2023 et 2,8 % en 2024, avec une baisse de la consommation des ménages et un marché du travail ralenti. Il s’agit d’une baisse par rapport aux prévisions de croissance de 3 % pour cette année et l’an prochain et ces projections sont adossées à l’hypothèse d’une guerre « contenue sur le front sud au quatrième trimestre », a déclaré la Banque centrale.
Cette mise à jour des prévisions économiques a été présentée au moment même où la Banque centrale annonçait le maintien de son taux directeur à 4,75 %, conformément aux projections de la majorité des économistes. La décision de politique monétaire de ne pas toucher au loyer de l’argent, pour la troisième fois d’affilée depuis juillet, dans un contexte de ralentissement annoncé de la croissance, a été prise deux semaines après l’assaut du Hamas, au cours duquel 2 500 terroristes se sont introduits en Israël par voie terrestre, maritime et aérienne, et ont assassiné plus de 1 400 personnes, pour la plupart des civils, et blessé des milliers d’autres.
Aidé d’autres factions, le groupe terroriste a emmené près de 220 otages de tous âges à Gaza.
« La guerre emporte plusieurs conséquences économiques, que ce soit sur l’activité réelle ou celle des marchés financiers », a déclaré le gouverneur de la Banque centrale d’Israël, Amir Yaron, lors d’une conférence de presse à Jérusalem. « Je tiens à souligner que l’économie d’Israël reste robuste et stable. »
« L’économie israélienne a su se remettre de périodes difficiles, par le passé, et renouer rapidement avec la prospérité. Je n’ai aucun doute qu’elle le fera cette fois-ci aussi », a ajouté Yaron.
La Banque centrale d’Israël a déclaré que, pour l’heure, elle se concentrait sur la stabilisation des marchés et la réduction de l’incertitude. Avec le déclenchement de la guerre, elle a agi rapidement pour éviter l’effondrement du shekel et présenté un plan pour vendre jusqu’à 30 milliards de dollars de devises étrangères afin d’atténuer la forte volatilité du shekel et assurer les liquidités nécessaires pendant la période incertaine et difficile de la guerre.
Depuis le massacre du 7 octobre perpétré par le Hamas, le shekel s’est affaibli d’environ 5 % par rapport au dollar et a baissé de plus de 15 % depuis le début de l’année, ce qui alimente l’inflation. La devise se négocie autour de 4,06 shekels pour un dollar, et est proche de son plus bas niveau depuis 2009.
« Nous n’avons pas de taux de change cible, mais nous voulons vérifier qu’il n’y a pas de fluctuations anormales et assurer le bon fonctionnement des marchés en général, et celui des changes en particulier », a déclaré M. Yaron. « La prime de risque d’Israël a augmenté (…) Nos interventions sur les marchés financiers, de conserve avec les autres instruments de politique monétaire, visent à stabiliser les marchés et en maintenir le bon fonctionnement en réduisant l’incertitude pour l’économie et la population à l’heure actuelle. »
Les hausses constantes des taux d’intérêt au cours de l’année écoulée ont fait augmenter le coût de l’emprunt d’un niveau record de 0,1 % en avril 2022, la Banque centrale d’Israël cherchant à faire baisser l’inflation qui oscillait au-dessus de 5 %. Les hausses rapides des taux à 4,75 % au cours de l’année écoulée ont fait grimper les coûts pour les détenteurs de prêts immobiliers et autres prêts, pour les ménages et les entreprises, avant même le déclenchement de la guerre.
Pour alléger le fardeau financier, la Banque centrale d’Israël a présenté la semaine dernière un plan visant à geler les remboursements des prêts pour une période de trois mois, en particulier pour les ménages et entreprises situés près de la bande de Gaza, et les parents au premier degré des personnes tuées ou enlevées lors de l’assaut du Hamas.
« Cela va considérablement et rapidement aider à rétablir les flux de trésorerie de ces populations, rétablir leur sécurité financière et les aider à traverser cette période complexe », a déclaré Yaron.
La guerre a d’ores et déjà entraîné la fermeture de nombreuses entreprises et la fermeture de certaines écoles. Un certain nombre d’entreprises du secteur de la vente au détail ont déjà fait savoir que leur activité avait ralenti depuis le début de la guerre et pris des mesures pour limiter les dommages économiques. Les chaînes de magasins du groupe de mode Fox, Golf et Ace ont ainsi mis au chômage technique certains de leurs employés, car nombre de leurs magasins sont fermés et les acheteurs restent frileux.
Anticipant une guerre plus importante et plus longue que les précédentes et un net ralentissement de l’économie, les marchés financiers ont commencé à intégrer la possibilité que la Banque centrale d’Israël réduise le loyer de l’argent dans les mois à venir.
Bien que M. Yaron n’ait pas indiqué quelles pourraient être les prochaines orientations, le service de la prospective de la Banque centrale estime que les taux d’intérêt devraient baisser autour de 4 % ou 4,25 % d’ici le troisième trimestre 2024, dans le but de stimuler l’économie. Le taux d’inflation devrait décélérer à 2,9 % l’an prochain et tomber dans la cible du gouvernement – de 1 % à 3 % -. Le taux a ralenti à 3,8 % en septembre, contre 4,1 % le mois précédent.
Le service de la prospective de la Banque centrale d’Israël pense que les coûts de la guerre entraîneront une augmentation du déficit public, qui devrait monter à 2,3 % du PIB en 2023, contre 1 % prévu précédemment, et environ 3,5 % en 2024.
Yaron a souligné l’importance de continuer à fournir une couverture fiscale permettant aux forces de sécurité de mener la guerre conformément aux objectifs qui lui ont été fixés, tout en veillant à l’aide financière aux habitants des zones frontalières du sud, aux familles des victimes et des disparus, aux réservistes et à ceux qui arment les systèmes d’urgence et de secours.
Yaron recommande en outre au gouvernement de prendre des mesures pour limiter les effets macroéconomiques de la guerre sur l’économie.
« Il s’agit, entre autres, de subventions à la poursuite de l’activité, d’aides de trésorerie et de prêts garantis par le gouvernement pour soutenir les entreprises, surtout les petites et moyennes entreprises dont le périmètre d’activité est très affecté, pour qu’elles puissent faire face à leurs dépenses fixes et salariales ».
M. Yaron a par ailleurs invité le gouvernement à continuer de faire preuve de responsabilité budgétaire, ce qui, selon lui, est un « message important aux marchés financiers, qui permettra de s’assurer de faibles coûts pour lever les fonds nécessaires en cette période délicate ».
« Il est important de se rappeler qu’à l’heure actuelle, il y a beaucoup d’incertitudes sur le périmètre de la guerre et sa durée. C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles nous devons conserver certains degrés de liberté pour ajuster notre politique économique. »
T.O.I. et ISRAELVALLEY.