Bruxelles a annoncé jeudi l’ouverture d’une enquête visant les réseaux sociaux Meta (Facebook, Instagram) et TikTok et réclamant des précisions sur les mesures qu’ils mettent en oeuvre contre la diffusion de « fausses informations » et de « contenus illégaux », après les attaques du Hamas contre Israël.
La Commission européenne a expliqué avoir adressé une demande formelle d’informations à ces deux plateformes, une semaine après le lancement d’une procédure similaire visant X (ex-Twitter) dans le cadre de la nouvelle législation européenne sur les services numériques (DSA).
L’exécutif bruxellois poursuit un tour de vis entamé la semaine dernière par des lettres de mises en garde du commissaire au Numérique Thierry Breton envoyées aux dirigeants de quatre grands services en ligne: X, Meta, TikTok et YouTube (Alphabet).
La demande d’informations envoyée aux trois premiers -YouTube étant épargné pour l’instant- ne représente pas pour le moment une mise en cause.
Mais elle constitue la première étape dans une procédure qui peut conduire à de lourdes sanctions financières en cas d’infractions avérées et prolongées à la réglementation. Dans des cas extrêmes, les amendes peuvent atteindre 6% du chiffre d’affaires mondial du groupe.
La Commission a demandé à Meta et TikTok d’expliquer précisément « les mesures prises pour respecter (leurs) obligations en matière d’évaluation et de réduction des risques ».
Réponses réclamées d’urgence.
Elles ont jusqu’au 25 octobre pour fournir des réponses réclamées d’urgence dans le contexte du conflit Israël-Hamas.
« Nos équipes travaillent 24 heures sur 24 pour assurer la sécurité de nos plateformes, prendre des mesures à l’égard des contenus qui enfreignent nos politiques ou la législation locale, et se coordonner avec des +fact-checkers+ dans la région pour limiter la propagation de la désinformation », a réagi un porte-parole de Meta.
« Nous sommes heureux de fournir de plus amples détails sur ce travail » à la Commission européenne, a-t-il ajouté.
TikTok a indiqué qu’il examinait la demande de Bruxelles et publierait la semaine prochaine un rapport contenant « plus d’informations sur le travail en cours pour assurer la sécurité » de ses utilisateurs en Europe.
Le conflit Israël-Hamas, qui a fait de très nombreuses victimes civiles, suscite une immense émotion à travers le monde, et est propice aux tentatives de manipulation de l’opinion.
Vidéos humiliantes d’otages, corps décapités, assassinats filmés… Les réseaux sociaux ont été inondés d’images violentes mais aussi de tentatives de désinformation , un défi pour toutes les plateformes.
Meta avait déjà déclaré avoir supprimé ou habillé d’un message d’avertissement 795.000 messages en arabe ou en hébreu. TikTok a annoncé avoir supprimé plus de 500 000 vidéos et diffusions en direct.
« Déstabilisation des démocraties ».
« La diffusion généralisée de contenus illicites et de désinformation liés à ces événements entraîne un risque clair de stigmatisation de certaines communautés, de déstabilisation de nos structures démocratiques, sans parler de l’exposition de nos enfants à des contenus violents », a mis en garde mercredi soir Thierry Breton, dans un discours au Parlement européen à Strasbourg.
Les attaques terroristes perpétrées à Arras, en France, le 13 octobre, et à Bruxelles lundi, « sonnent comme un sombre rappel que la menace est réelle et présente sur notre sol », a-t-il souligné.
Le DSA impose depuis fin août des règles plus strictes à 19 très grands acteurs de l’internet, dont X, Facebook, Instagram et TikTok, notamment en matière de modération et de retrait de contenus.
Le réseau X avait publié de son côté une réponse détaillée à la première lettre d’avertissement de la Commission, expliquant avoir « supprimé ou signalé des dizaines de milliers de messages » liés à l’attaque du Hamas.
« Il n’y a pas de place sur X pour des organisations terroristes ou des groupes extrémistes violents et nous continuons à supprimer de tels comptes en temps réel », s’est défendue la plate-forme, précisant avoir mis en place « un groupe de travail pour prendre soin de la situation ».
Le réseau social du milliardaire Elon Musk est pourtant particulièrement scruté par les experts de la Commission européenne. Bruxelles s’était inquiété fin septembre du taux élevé de désinformation sur X, épinglant ses mauvais résultats lors de tests effectués sur plusieurs plateformes.
TIMES OF ISRAEL.