La Bourse a été prise d’un accès de fièvre la semaine dernière. Le CAC 40 et Wall Street ont souffert, sur fond de montée des tensions géopolitiques (à la guerre en Ukraine s’ajoute désormais celle d’Israël contre le Hamas) et de force persistante des taux d’intérêt à long terme (malgré les pressions sur la croissance économique), sur fond de manque d’appétit des investisseurs pour les obligations d’Etat des Etats-Unis et d’inflation plus récalcitrante que prévu. Il faut dire que l’indice des prix à la consommation a grimpé aux Etats-Unis de 3,7% (contre 3,6% attendu) et que les prix du pétrole et du gaz sont dopés entre autres par les incertitudes sur la situation au Proche-Orient.

Si les investisseurs ont à ce jour des avis très partagés sur les perspectives de la Bourse et de l’économie mondiale, JPMorgan Chase a appelé le marché à la prudence, en jugeant à l’occasion de la publication de ses comptes trimestriels que la planète vivait actuellement la situation la plus dangereuse depuis des dizaines d’années. Deux guerres font désormais rage aux portes de l’Europe, entre l’Ukraine et la Russie et entre Israël et le Hamas. Des conflits d’ores et déjà très sanglants, qui menacent de faire boule de neige et pourraient selon le géant bancaire américain avoir un impact considérable sur les prix du pétrole, du gaz et des aliments, ainsi que sur le commerce international et les relations géopolitiques, entre autres…

La guerre Israël – Hamas risque d’avoir des répercussions bien plus fortes que prévu

Outre l’impact redouté sur les prix du pétrole et du gaz (qui pourrait potentiellement être considérable, en cas d’escalade, si on se rappelle le choc pétrolier survenu en 1973 dans le sillage de la guerre du Kippour), JPMorgan Chase a averti ses salariés par mémo interne du risque de répercussions bien au-delà du Moyen-Orient, avec le spectre d’une montée en flèche de l’islamophobie et de l’antisémitisme, avec des troubles sociaux à la clé. Déjà, au niveau mondial, on peut redouter un coup porté à la confiance des ménages et donc à la consommation, principal pilier du PIB en Europe et aux Etats-Unis. Et ce, alors que les ventes au détail (jauge de la consommation des ménages) avaient déjà fortement déçu les économistes depuis le printemps dernier.

La guerre Israël – Hamas menace de s’installer. Les risques de durcissement des positions sont intenses et la Bourse peut difficilement continuer à ignorer les implications géopolitiques des développements en cours, avertit Apicil Investment Solutions. Déjà, la sérénité initiale des marchés commence à se fissurer, à l’image de l’envolée de la volatilité des actions américaines (mesurée par l’indice VIX) et de l’or (considéré comme une valeur refuge). Et le prix du pétrole a fusé à la hausse du fait des craintes sur l’approvisionnement (comment va réagir l’Opep, emmenée par l’Arabie saoudite, aux derniers développements au Proche-Orient et aux prises de positions des puissances occidentales ?). Le dollar (une devise refuge) et les actions du secteur de la défense ont bondi, un signe que le marché s’inquiète de la montée des risques, note eToro. La montée des risques géopolitiques et terroristes risque de vite déteindre sur les perspectives de résultats des sociétés cotées, qui devraient inévitablement évoquer cet important aléa lors de la publication des comptes du troisième trimestre, avertit Apicil Investment Solutions.

L’inflation et les taux à long terme risquent de rester élevés, avec un impact négatif à la clé sur l’économie et les actions

Au-delà de l’aléa de la guerre Israël – Hamas et de ses implications potentielles, l’inflation reste d’ores et déjà plus résistante que prévu (aux Etats-Unis, mais aussi dans certains pays majeurs comme la France). La Fed risque donc de procéder «par sécurité» à un dernier tour de vis (un dernier relèvement du taux directeur), avertit Christopher Dembik, de Pictet AM. Un risque qui entretient le maintien des taux à long terme à des niveaux relativement élevés.

L’inflation et les taux à long terme risquent ainsi de rester haut perchés plus longtemps que prévu, d’autant que le marché américain du travail reste tendu (avec des tensions salariales persistantes à la clé) et que les grandes puissances sont déjà lestées par les plus lourds déficits budgétaires accusés en temps de paix et une dette publique massive (et dont le poids augmente encore pour de nombreux pays), fait valoir JPMorgan Chase, qui n’exclut d’ailleurs pas un scénario encore plus noir : une poursuite de la montée des taux.

Taux d’intérêt à 10 ans des Etats-Unis et analyse technique Bloomberg Finance

Ray Dalio, dirigeant du fonds d’investissement géant Bridgewater Associates et investisseur chevronné (50 ans d’expérience) mondialement connu, a même brandi le scénario apocalyptique d’une Troisième guerre mondiale (un conflit moins contrôlé, de dimension planétaire et impliquant les grandes puissances), désormais jugée probable à… 50% à horizon deux ans ! La guerre entre Israël et le Hamas ressemble selon lui à une étape supplémentaire vers un conflit plus brutal et plus mondial.

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