Alors que des communiqués soutenant la lutte armée des Palestiniens ont été diffusés, notamment par la section Solidaire étudiant·e·s de l’Ecole des hautes études en sciences sociales, la ministre de l’enseignement supérieur, Sylvie Retailleau, a invité les présidents d’université à signaler et sanctionner de tels propos ou actions.
Alors que des appels au soutien du Hamas, après l’attaque contre Israël, ont été exprimés dans le monde universitaire, la ministre de l’enseignement supérieur, Sylvie Retailleau, a adressé un rappel à l’ordre, le 9 octobre dans la soirée. « Nous avons vu ces dernières heures de la part d’associations, de collectifs, parfois d’acteurs de nos établissements, des actions et des propos d’une particulière indécence, écrit-elle dans une lettre aux présidents d’établissement rendue publique sur le réseau social X (anciennement Twitter). L’apologie du terrorisme, l’incitation à la haine, à la violence ou à la discrimination, sont interdits par la loi et doivent être sanctionnés. »
La ministre invite à apporter à tout manquement les sanctions disciplinaires et suites judiciaires appropriées, y compris en les signalant au procureur de la République. L’université Paris-Panthéon-Assas a ainsi suspendu un maître de conférences en droit constitutionnel « pour propos indécents et incompatibles avec les exigences des missions d’enseignement de l’université », annonce-t-elle dans un communiqué mardi 10 octobre. La section disciplinaire de l’université a été saisie pour décider des suites à donner à cette suspension à titre conservatoire et temporaire.
L’association étudiante Assas in progress rapporte les propos tenus par cet enseignant le 9 octobre, lors d’un cours en première année de licence, qui, « au-delà de leur mauvais goût évident », évoquent « des relents d’antisémitisme, écœurant, qu’il soit conscient ou non ». S’adressant aux étudiants, le maître de conférences aurait ainsi déclaré que si les étudiants arrivaient en retard, « [il] leur ferai[t] comme à la rave [party] », en référence au festival de musique électronique pris pour cible par le Hamas durant son attaque, et qu’il fallait « des roquettes pour [les] réveiller ».
« Suites judiciaires »
A l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), Romain Huret, son président, a fait un signalement à la plate-forme de traitement des contenus illicites en ligne Pharos, lundi 9 octobre. En cause : un communiqué diffusé par la section syndicale Solidaires étudiant·e·s appelant au « soutien indéfectible à la lutte du peuple palestinien dans toutes ses modalités et formes de lutte, y compris la lutte armée ».
« J’ai demandé au service juridique de l’école de procéder à un rappel à la loi auprès de la section Solidaires étudiant·e·s, en attendant de voir les suites judiciaires à donner », indique-t-il, tout en soulignant la faible représentativité du syndicat, qui représente environ 90 étudiants sur 3 000. Lors des élections de décembre 2022, seuls 6 % des étudiants ont pris part au vote, ce qui relativise les 50 % obtenus par Solidaires étudiant·e·s, précise Romain Huret.
Dans un message envoyé aux membres de la communauté de l’EHESS, le président rappelle que différents points de vue peuvent s’exprimer mais « dénonce tout appel à la violence, toute apologie du terrorisme et toute forme de xénophobie ».
Le syndicat des étudiants de droite, l’Union nationale inter-universitaire (UNI), demande au gouvernement de « prendre ses responsabilités » face à l’« apologie du terrorisme palestinien et de l’antisémitisme » dans l’enseignement supérieur. Il désigne notamment la Fédération syndicale étudiante et Le Poing levé, des mouvements qui feraient preuve de « complaisance avec le terrorisme islamique » en appelant à soutenir la « lutte armée du peuple palestinien ».
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