ISRAELVALLEY SPECIAL. L’attaque surprise du Hamas va entrainer des conséquences. Les investisseurs étrangers, qui ont toujours été persuadés qu’Israël possède une capacité d’anticipation extraordinaire, grâce à ses services de sécurité, sont ébranlés.
Israël possède une expérience unique en matière de gestion en temps de guerre. Quel est l’impact économique prévisible de l’attaque terroriste sur Israël par le HAMAS?
Dr Daniel Rouach.
A. DES MILLIERS DE CIVILS MOBILISES. UN COUT ENORME. La mobilisation de milliers de réservistes a été approuvée, a déclaré hier le lieutenant-colonel Richard Hecht, porte-parole de l’armée israélienne. Le coût de la mobilisation est énorme. Des centaines de millions de dollars. Des milliers d’israéliens ont été mobilisés. L’armée israélienne a déclenché des opérations armées à Gaza sous le nom de « Sabre d’acier ». «Des dizaines d’avions de chasse sont actuellement en train de frapper des cibles de l’organisation terroriste Hamas dans la bande de Gaza», a indiqué l’armée dans un communiqué. «Nos forces combattent désormais sur le terrain».
B. CHUTE DE L’ACTIVITE ECONOMIQUE DANS LE SUD ET AUX ENVIRONS DE SDEROT. En Israël, « dans les rues de Sdérot, les stigmates du carnage causé par les assaillants du Hamas est réel. Taches de sang, impacts de balle et sacs mortuaires… La localité israélienne située à seulement 1 km de la bande de Gaza est l’une des plus touchées par l’attaque palestinienne surprise de samedi ». Il est clair que la ville va encore subir une crise économique. Magasins fermés…
C. BOURSE DE TEL-AVIV. Il est clair que la Bourse de Tel-Aviv va être modérément touchée. Evaluer l’impact des opérations de contre-terrorisme sur les marchés financiers est un sujet brûlant depuis longtemps en Israël. Les principaux indices de la Bourse de Tel-Aviv vont chuter selon nos estimations d’environ de plus de 0,5 %.
D. TOURISME. Arrêt du tourisme? De nombreux vols sont annulés. Le conflit a provoqué d’importantes perturbations à l’aéroport international Ben Gourion de Tel-Aviv, et de nombreuses compagnies aériennes ont annulé leurs vols à destination de Tel-Aviv ce week-end.
E. JACQUES BENEDELAC. Depuis soixante-quinze ans, les Israéliens ont pris l’habitude de voir leur rythme de vie et de travail marqué par des opérations militaires. Quant au développement économique du pays, il varie au gré des situations de guerre ou de paix avec ses voisins arabes.
Très vite, les dirigeants israéliens ont compris que le fardeau financier imposé par les guerres ampute les budgets consacrés aux dépenses civiles comme l’éducation, la santé ou l’emploi. Cette prise de conscience a conduit Israël à repenser l’affectation des ressources nationales pour garantir à sa population un niveau de vie et de bien-être satisfaisant, tout en gérant une économie de guerre.
L’économie israélienne ne s’est pas seulement adaptée à la situation de guerre permanente ; elle a répondu aux besoins militaires en jetant les bases d’un secteur de haute technologie qui est devenu son principal moteur de croissance. Rapidement, la recherche militaire a débouché sur des applications civiles dans des domaines variés comme l’aéronautique, l’électronique ou l’espace, conduisant à la naissance d’une « start-up nation ».
Une longueur d’avance.
Le poids important du budget militaire (15 % de la dépense publique, contre 3 % en France et 8 % aux Etats-Unis) a contribué à élargir la place de la haute technologie dans l’économie israélienne : en 2020, ce secteur représentait 10 % de l’emploi total, 15 % du produit intérieur brut et 40 % des exportations de biens et services.
Certes, le modèle israélien d’économie de guerre n’aurait pu se développer sans le soutien financier des Etats-Unis, qui allège les finances de l’Etat juif et limite son endettement extérieur : au début des années 2020, l’aide américaine (3,8 milliards de dollars par an) finançait environ un cinquième du budget militaire israélien.
Mais les contraintes de l’économie nationale (un territoire exigu, des ressources limitées et une main-d’œuvre réduite) ont eu aussi un impact sur les guerres d’Israël. Le pays a mis ses capacités d’invention et d’innovation au service de l’armée et de la protection des civils. Depuis les avions sans pilote (drones), la cybernétique et la robotique, en passant par les simulateurs de vol et jusqu’au dôme de fer pour intercepter les roquettes, la technologie israélienne a permis à Tsahal de conserver une longueur d’avance sur ses ennemis.e appareil.