Connaissez-vous  Jeanne Garnier ? Née en 1811 de parents négociants, Jeanne Garnier a mené une vie très tôt marquée par le deuil: ses deux enfants, puis son mari, sont successivement emportés par une maladie. Veuve alors qu’elle n’a que 24 ans, cette catholique fervente transforme cette épreuve en se consacrant au soin des femmes malades, souvent à la rue, et que les hôpitaux n’accueillent plus. Elle les loge tout d’abord dans sa propre maison, avant d’être rejointe par des amies veuves et d’ouvrir un établissement à Fourvière, sur les hauteurs de la capitale des Gaules  ; une communauté qui deviendra, en 1842, l’association de l’Œuvre du calvaire et ce projet d’accompagner les personnes en fin de vie s’est poursuivi, depuis le XIXe siècle jusqu’à nos jours, et la Fédération de l’Œuvre des dames du calvaire ne regroupe aujourd’hui pas moins de cinq établissements à travers toute la France, progressivement professionnalisés à partir de la seconde moitié du XXe siècle. À l’étranger, le Calvary Hospital de New York se revendique également de l’héritage de la Française.

Le parcours admirable de Jeanne Garnier est tel point qu’un dossier, en vue de demander sa béatification à l’Église catholique, est actuellement en cours de montage depuis 2016 et le père Peyret, délégué épiscopal pour les causes de canonisation du diocèse de Lyon, dit y être favorable.

« Il y a entre 2000 et 3000 causes ouvertes aujourd’hui au Vatican, indique Sarah Barthélemy, historienne et chercheuse à l’université de Durham, au Royaume-Uni. Une fois formellement introduites, celles-ci ne sont jamais rejetées formellement, même si en pratique beaucoup sont en sommeil .» Chaque pièce du dossier doit en effet être à nouveau examinée, avant que les théologiens romains et les cardinaux ne se prononcent sur le fond, et remettent leur avis au pape, seul juge de la décision finale. Une démarche qui peut, par conséquent, s’étaler sur des années, voire des décennies.

Malgré tout certains obstacles demeurent, indépendants de la volonté de ses plus fervents partisans. Car en plus d’établir «l’héroïcité des vertus» de la personne, selon l’expression consacrée, l’Église catholique requiert en principe au moins une guérison miraculeuse. Ce qui, dans le cas de Jeanne Garnier, ne s’est pas encore produit.

Une première étape vient pourtant d’être franchie: au terme d’un long travail d’enquête réalisé par trois historiens, un «procès» diocésain s’est achevé. Celui-ci consiste à interroger les sources, afin d’attester de la véracité des faits rapportés, mais également à auditionner des témoins actuels pour évaluer l’importance de l’héritage et l’aura que conserve Jeanne Garnier aujourd’hui. Ce dossier ainsi réalisé doit être transmis courant septembre, sous le sceau du secret, à la Congrégation pour la cause des saints , à Rome. Mais il ne marque que le début du très long processus par lequel l’Église catholique peut reconnaître une personne «bienheureuse» puis «sainte».

Les soutiens de cette béatification disent y croire. «Pour moi, cette femme incarne les valeurs chrétiennes de fraternité dans ce qu’elles ont de plus vrai et de plus vivant, tient à souligner Emmanuelle Quillet. Le fait que son œuvre perdure, plus d’un siècle après sa disparition, montre que son engagement à accompagner la vie jusqu’au bout n’a rien perdu de sa force.»

Source : Le Figaro – résumé Israël Valley

 

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