Le « miracle israélien » est-il durable ?

n° 180 – Été 2023

 « La terre d’Israël ne sera bâtie que des mains d’un peuple zélé, puissant matériellement et spirituellement, confluant de l’étranger, mû par le besoin historique vital de se créer une patrie, équipé d’outils scientifiques et de techniques modernes, et prêt à tout pour transformer le néant et les ruines en une source florissante, dense, productive, riche de culture et densément peuplée. »

(David Ben Gourion, À la croisée des chemins, 1915)

 

Israël est passé en soixante-quinze ans du statut de proto-État sous- développé à celui de superpuissance régionale. Avec 560 milliards de dollars, son PIB annuel est désormais supérieur à la somme des PIB de tous les pays qui l’entourent — l’Égypte, la Syrie, la Jordanie et le Liban —, et cela alors qu’Israël ne représente que 6 % de la population de la sous-région.

Depuis 1948, son poids démographique a été multiplié par dix pour atteindre près de 10 millions d’habitants. Jauge de la qualité de vie, la longévité y a bondi de 65 à 81 ans pour les hommes — deux ans de plus qu’en France — et de 67 à 85 ans pour les femmes, soit cinq ans de plus qu’aux États-Unis.

Historiquement collectiviste et égalitariste, marquée par la sobriété et le socialisme des années pionnières, l’économie d’Israël ne comptait il y a quarante ans que trois millions de consommateurs, et son PIB par habitant était sept fois inférieur à celui d’aujourd’hui. Avec 52 000 dollars par habitant et par an, Israël se situe depuis peu devant la France. Mais si l’on intègre le coût de la vie et la parité du pouvoir d’achat, le pays repasse derrière, à la 29e place dans les indices de référence (1).

En 2023, les oranges de Jaffa ont cédé la place aux micro- processeurs, logiciels et autres systèmes de précision. D’une économie tournée vers l’auto-suffisance, il ne reste que le souvenir. L’agriculture ne pèse plus que 1 % de la production et 2,6 % à l’export, le reste étant tiré par l’électronique et la high-tech qui, en 2022, ont représenté 54 % des exportations. Le ratio de salariés dans les secteurs de haute technologie sur l’ensemble des actifs dépasse 10 % pour la première fois en 2021. En apparence, la prophétie de Ben Gourion s’est réalisée. Pourtant, à l’heure du 75e anniversaire, les Israéliens mesurent toute la fragilité de cette construction miraculeuse.

Les grandes étapes de l’avènement de la start-up nation

L’histoire moderne d’Israël est celle d’un état d’urgence permanent, jalonné de guerres, d’affrontements et d’attentats : 1948, 1956, 1967, 1973, 1982, opérations spéciales quasi annuelles, Israël n’a jamais connu de temps de paix. Si le pays ne consacre plus aujourd’hui que 5 % des dépenses publiques à l’armée, cela n’a pas toujours été le cas, sa part ayant déjà culminé à 30 % du budget.

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Anne Baer est experte en Développement Durable et Green IT Spécialiste des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC).

Elle est Présidente du Desk Israël des Conseillers du commerce extérieur de la France. (Les Conseillers sont « des dirigeants d’entreprise à capitaux français en France ou à l’étranger, qui ont pour rôle de conseiller les pouvoirs publics et de favoriser l’internationalisation d’entreprises françaises. Cette mission s’exerce à titre bénévole ».)

Actrice de la diplomatie économique France – Israël, spécialiste du développement durable elle a passé des années en Afrique et aux Nations-Unies, avant de décider de revenir au bilatéral. Aujourd’hui à la tête d’Ikare innovation, pour laquelle elle représente des sociétés du CAC 40 en Israël, elle avait récemment raconté son incroyable parcours et ses nombreux projets à Cathy Bensoussan de Radio Qualita (Tel-Aviv).

 

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