Fitch Ratings a défendu lundi sa décision d’aller à l’encontre du pessimisme généralisé sur l’économie israélienne concernant la refonte judiciaire et de maintenir la note de crédit A+ du pays.

Lundi dernier, l’agence de notation avait confirmé la note de crédit A+ d’Israël avec une perspective stable, tout comme elle l’avait fait en mars.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre des Finances Bezalel Smotrich, qui avaient rejeté les avertissements répétés des experts selon lesquels la refonte largement controversée nuirait gravement à l’économie, avaient salué l’annonce comme la preuve que ces prévisions étaient alarmistes.

Dans une interview accordée à Bloomberg, Cedric Berry, analyste principal de Fitch pour Israël, a déclaré que l’agence estime que la refonte a été suffisamment édulcorée pour ne pas causer de dommages à long-terme.

Il ne voit pas non plus Israël élire à nouveau un gouvernement de droite radicale.

« Même si le gouvernement israélien dure quatre ans, il est peu probable qu’une coalition similaire soit formée par la suite, de sorte qu’il faudrait une très forte impulsion réformatrice pour infliger des dommages significatifs », a expliqué Berry.

Il a également minimisé la baisse des investissements et la tendance à la délocalisation des entreprises du secteur de la high-tech et de leurs employés à l’étranger.

« Même s’il y a un léger mouvement de talents et de capitaux vers l’extérieur, il y a encore beaucoup d’activités qui resteront en Israël et qui suffiront à faire tourner l’économie », a affirmé Berry. « C’est toujours une question d’échelle. »

« L’une des grandes questions pour l’avenir d’Israël est de savoir si l’incertitude est temporaire ou si elle est le signe d’un changement structurel dans la perception des investisseurs », a-t-il expliqué à Bloomberg.

« Il faudrait probablement que le gouvernement mette en place un programme de refonte plus fort et plus néfaste pour changer structurellement cette perception. »

À l’annonce de la confirmation de la note de crédit, Fitch avait fait écho aux déclarations de Netanyahu lors d’interviews avec les médias internationaux. « Le programme initial de refonte judiciaire du gouvernement a été édulcoré, mais reste très controversé et se heurte à une forte opposition de la société civile et du monde politique. »

Début août, Netanyahu avait indiqué que son gouvernement mettrait de côté une grande partie de la législation, mais pas avant d’aller de l’avant avec la mesure la plus ambitieuse et la plus controversée du programme de refonte judiciaire, à savoir la modification de la composition de la commission de sélection des juges. Il avait laissé entendre qu’il était encore à la recherche d’un consensus sur ce point.

Le gouvernement a déjà adopté la loi du « caractère raisonnable », qui interdit le contrôle judiciaire des décisions gouvernementales et ministérielles sur la base de la notion juridique du « caractère raisonnable ».

Fitch avait pris note de ces mesures et avait averti qu’elles pourraient encore avoir un impact sur l’économie.

Fitch prévoit « une croissance d’environ 3,1 % du PIB en 2023 et de 3,0 % en 2024, inférieure à l’estimation du potentiel de la Banque centrale d’Israël d’environ 3,8 % par an et après 6,4 % en 2022, en raison d’effets de base, d’une croissance mondiale lente et d’une politique monétaire stricte ».

En ce qui concerne l’inflation croissante en Israël, Fitch prévoit qu’elle « continuera à ralentir jusqu’à la fin de l’année, car les prix des importations baissent et l’inflation endogène ralentit avec une modération de la consommation et de l’investissement ».

La notation de Fitch a été annoncée environ trois semaines après que l’agence de notation rivale Moody’s Investors Service a mis en garde contre des « conséquences négatives » et un « risque significatif » pour l’économie et la sécurité d’Israël à la suite de l’adoption de la première mesure du paquet de réformes radicales du gouvernement.

TIMES OF ISRAEL.
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