Les transactions à la bourse de Tel Aviv ont été « négativement » affectées par un sentiment d’incertitude et de peur parmi les investisseurs quant à l’impact de la refonte judiciaire prévue sur l’économie israélienne, a averti la bourse du pays.

S’exprimant lors de la présentation des résultats financiers du deuxième trimestre de la Bourse de Tel Aviv (TASE), son directeur général, Ittai Ben-Zeev, a averti mercredi qu’en raison de l’incertitude liée au projet de refonte judiciaire ainsi que de la hausse mondiale des taux d’intérêt et de l’inflation, les principaux indices de la Bourse ont continué à sous-performer par rapport aux indices boursiers mondiaux, les introductions en bourse (IPO) sont au point mort et les levées de capitaux par les sociétés publiques ont considérablement chuté cette année.

« Nous nous efforçons depuis des années de veiller à ce que le marché boursier reflète la réussite économique d’Israël, ainsi qu’à réaliser le potentiel d’Israël à devenir un centre financier mondial, capable d’attirer des investissements du monde entier. Mais la sous-performance du marché financier local depuis le début de l’année, qui reflète peut-être mieux que tout autre indicateur les attentes des investisseurs et le sentiment négatif à l’égard de l’économie locale, suggère qu’Israël se distancie de plus en plus des marchés mondiaux, qui sont déjà sur la voie de la reprise », a déclaré Ben-Zeev. « Le gouvernement israélien doit assumer ses responsabilités et tenir compte des avertissements des organismes internationaux. »

Les avertissements « s’accumulent et soulignent les risques importants qui peuvent nuire à la force économique d’Israël, ce qui, à son tour, nuira aux actifs et à la qualité de vie de tous les Israéliens « , a-t-il averti, tout en exhortant le gouvernement à prendre des mesures pour rétablir la confiance, la stabilité et la certitude sur le marché local des capitaux.

Fin juillet, M. Ben-Zeev a averti le gouvernement qu’il risquait une dégradation la note du pays par les agences de notation et une crise financière s’il ne revenait pas à la raison. L’appel du directeur de la bourse faisait suite à l’avertissement de Moody’s Investors Service concernant les « conséquences négatives » et le « risque significatif » pour l’économie israélienne suite à l’adoption du premier projet de loi de refonte judiciaire contestée du gouvernement.

L’appel réitéré de Ben-Zeev intervient alors que les législateurs qui proposent de remanier en profondeur le système judiciaire du pays sans parvenir à un consensus général ont fait fi des (très) nombreux avertissements émis ces derniers mois par les agences de notation, le gouverneur de la Banque d’Israël, des économistes de renommée mondiale et des investisseurs en série dans le domaine de la technologie, sur les dégâts économiques et sociaux irréversibles qui risquent d’en résulter.

Au deuxième trimestre de l’année, l’indice boursier TA-35 des sociétés blue-chip a chuté de 7,5 %, l’indice de référence TA-125 a chuté de 9,6 % et l’indice TA-90, qui suit les actions ayant la plus forte capitalisation non incluses dans l’indice TA-35, a reculé de 8,4 % par rapport à une progression de plus de 8 % de l’indice S&P 500 aux États-Unis. Au cours du premier semestre de l’année, les indices boursiers locaux ont baissé de 2 à 3 %, alors que l’indice S&P 500 a fait un bond de près de 20 %.

L’incertitude politique liée à la refonte judiciaire proposée par le gouvernement a entraîné un affaiblissement du shekel d’environ 5 % par rapport au dollar américain et de 7 % par rapport à l’euro au cours du premier semestre de l’année, selon les données de la bourse.

Dans son rapport financier, la Bourse de Tel Aviv a averti que « tant qu’elle se poursuit, et a fortiori si elle s’intensifie, la controverse autour des changements proposés au système judiciaire pourrait entraîner une nouvelle dévaluation du shekel, nuire aux exportations, provoquer des pressions inflationnistes, conduire à de nouvelles hausses des taux d’intérêt par la Banque d’Israël, ainsi qu’à une crise dans le secteur hypothécaire et à une diminution des investissements locaux – à la fois en raison de la réticence des investisseurs étrangers axés sur le secteur de la haute technologie et de la réorientation des investissements réalisés par les investisseurs locaux vers l’étranger ».

« Cette situation peut en outre entraîner une baisse de la cote de crédit de l’État d’Israël ou des prévisions de la cote de crédit par les agences de notation internationales et une augmentation de la prime de risque d’Israël, du moins, à court terme », selon la Bourse de Tel Aviv.

Craignant que les projets du gouvernement visant à affaiblir le pouvoir judiciaire n’entravent la croissance économique et ne provoquent des sorties de capitaux, les Israéliens ont retiré leur argent des fonds de placement qui investissent dans les actions et les obligations locales au profit de fonds financiers, de fonds paniers et de fonds communs de placement à capital variable investissant dans des titres étrangers et des dettes.

Au cours du premier semestre de l’année, le public a retiré environ 17,7 milliards de NIS des fonds qui investissent dans les obligations locales à la Bourse de Tel Aviv, après des rachats d’environ 24,6 milliards de NIS en 2022, selon les données de la Bourse de Tel Aviv. De plus, 3,8 milliards de shekels ont été détournés des fonds suivant les actions et indices locaux après qu’environ 0,8 milliard de shekels a été investi dans ces fonds au cours de l’année 2022.

Les fonds qui suivent les indices obligataires et boursiers internationaux, principalement le S&P 500 et le Nasdaq-100, ont en revanche enregistré un afflux de 5 milliards de shekels au premier semestre, après une sortie de 3,2 milliards de shekels de ces fonds en 2022.

L’afflux de fonds du marché monétaire s’est également accéléré, suivant la tendance amorcée en mai 2022, alors que les taux d’intérêt ont continué à augmenter. Au cours des six premiers mois de l’année, la population a placé 28,7 milliards de shekels dans des fonds d’investissement à court terme, après un afflux de 32,5 milliards de shekels entre mai et décembre 2022.

La Bourse de Tel Aviv a, quant à elle, noté une croissance significative des volumes de transactions sur les obligations d’État et les bons du Trésor. Les achats nets d’obligations d’État par les investisseurs étrangers à la Bourse de Tel Aviv ont totalisé 20 milliards de shekels, de janvier à mai 2023, contre des ventes nettes d’un milliard de shekels pour l’ensemble de l’année 2022, selon la Banque d’Israël.

En outre, au cours du premier semestre 2023, le secteur des entreprises a levé près de 47 milliards de shekels par le biais d’offres et de placements privés d’obligations auprès d’investisseurs institutionnels et du public, un montant similaire à celui levé au cours de la même période en 2022, a indiqué la bourse.

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