L’ex-chef du Mossad, Yossi Cohen, a demandé ce dimanche au gouvernement de mettre fin au mouvement de réforme judiciaire et reprendre les négociations, déplorant que le processus législatif menaçait très concrètement la sécurité du pays.
Dans un éditorial publié dans les colonnes du Yedioth Ahronoth, Cohen – qui est un proche du Premier ministre Benjamin Netanyahu – écrit que même si la réforme judiciaire « est justifiée », elle est faite d’une manière qui « met en danger l’appareil de sécurité de l’État d’Israël ».
Cohen dit prendre très au sérieux la menace des 10 000 réservistes de ne plus effectuer leurs périodes de réserve en cas d’adoption de la réforme et demande « de garder Tsahal et les forces de l’ordre en dehors de la polémique » parce que « la menace iranienne est toujours là, sur plusieurs fronts et que nous devons veiller à ce que la résilience de l’appareil de sécurité d’Israël ne soit pas affecté ».
D’autres anciens chefs de services de sécurité se sont, comme lui, prononcés contre la réforme judiciaire. Samedi, un groupe a dit tenir Netanyahu « directement responsable du grave préjudice » causé à la sécurité d’Israël, lui reprochant par ailleurs d’ « ignorer totalement le mal fait à la démocratie israélienne » par ce projet de loi.
Le geste de Cohen, qui a quitté la tête du Mossad en 2021 à l’issue de son mandat, est d’autant plus remarquable qu’il est considéré comme un fervent fidèle de Netanyahu. Par le passé, il se disait même que le Premier ministre voyait en lui un possible successeur.
En février, il a fait partie de la longue liste des anciens responsables de l’appareil de sécurité qui ont plaidé pour un compromis sur la réforme.
Lors d’une conférence de presse donnée samedi, les dirigeants du groupe Frères d’armes ont annoncé que quelque 10 000 réservistes avaient déclaré leur intention de ne plus se porter volontaires si la réforme était adoptée in fine.
Cette mauvaise nouvelle ajoute au désarroi de l’armée israélienne qui tente d’endiguer l’hémorragie de réservistes opposés à la réforme, consciente, comme les responsables de la Défense, que cela pourrait avoir de lourdes conséquences sur la Défense du pays.
Dans un geste sans précédent vendredi, 1 142 membres de l’armée de l’air, parmi lesquels plus de 400 pilotes, ont annoncé leur intention de ne plus prendre part à la réserve en signe de protestation contre le projet de réforme du système judiciaire, refusant de se soumettre aux ordres d’une « dictature ».
Les membres de la coalition et du gouvernement ont réagi en dénonçant ces réservistes, qu’ils accusent de mener un coup d’État militaire.
Le ministre des Finances Bezalel Smotrich a écrit une lettre ouverte aux manifestants de Tsahal dans laquelle il leur demande de revenir sur cette
« erreur », qui risque de porter gravement préjudice au pays.
Des députés d’extrême droite ont, eux, utilisé un langage beaucoup plus brutal pour qualifier le comportement de ces pilotes, avant d’assurer que le gouvernement ferait effectivement adopter la première loi de la réforme cette semaine, avant de passer aux suivantes et de parvenir à l’affaiblissement du système judiciaire dans les mois suivants.
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