EDITORIAL. YOUVAL BARZILAÏ. Info? Intox? Au départ c’est une « marche spontanée ». Ce vendredi soir il faut constater que la spontanéité est une fake-news. Rien n’est spontané. Cette marche spontanée ressemble beaucoup à « la marche verte » organisé par le Roi du Maroc en 1975 (1).
En fait tout a été millimétré. Les étapes de la marche, la vitesse du parcours, les pauses, la sécurité des marcheurs, la nourriture livrée en abondance avant shabbat.
Jeudi, à leur arrivée au kibboutz Nahshon, tentes, tables, nourriture et boissons apportées par des bénévoles attendaient ceux qui avaient prévu de bivouaquer sur place.
Epuisés par la marche, nombre d’entre eux se sont installés sur des couvertures dans un vaste champ, au centre du kibboutz. L’événement s’est alors transformé en fête : les marcheurs ont pu se détendre en mangeant et en buvant des bières, dans l’attente des discours des dirigeants des manifestations et de personnalités qui soutiennent le mouvement.
L’alignement au centimètre des tentes pour dormir en toute tranquillité. Il suffit de voir pour comprendre que les anti-Bibi sont très forts. L’argent semble ne pas manquer pour construire des estrades immenses à Tel-Aviv. Une logistique de haut niveau est indispensable à la victoire de cette marche. L’eau ne doit pas manquer. L’orientation de la foule en mouvement doit être parfaite.
Ce n’est pas par hasard qu’au sommet de l’Etat d’Israël Bibi Netanyahou est en train de prendre peur.
Selon Times of Israël : « Des milliers de manifestants poursuivent leur marche vers Jérusalem, vendredi, en signe d’opposition à la réforme judiciaire. Ils souhaitent rallier la capitale avant que la Knesset ne vote, dimanche, le premier projet de loi de la réforme.
Depuis son départ de Tel Aviv mardi soir, à l’issue de la dernière journée de manifestations anti-réforme, cette marche s’est muée en événement phare des manifestations. Elle devrait arriver samedi devant la Knesset, où ses organisateurs entendent installer un campement pour une durée indéterminée. La coalition se prépare en ce moment même à adopter une loi interdisant aux tribunaux d’annuler les décisions du pouvoir exécutif sur la base de la notion de « caractère raisonnable ».
Les marcheurs se sont relayés chaque jour, essentiellement le matin et le soir en raison des fortes chaleurs, et ont campé la nuit.
Jeudi soir, ils se sont retrouvés pour une randonnée nocturne dans la forêt de Lehi, par 31 ° C : ils ont marché sur une distance d’environ 6,5 kilomètres, sur des routes et des chemins, jusqu’au kibboutz Nahshon, près du monastère de Latroun où ils ont organisé un « festival de la démocratie » avec nourriture, musique et discours avant de camper pour la nuit.
« Par centaines de milliers, les citoyens d’Israël effectuent un pèlerinage », a déclaré Moshe Radman, avec une légère exagération du nombre des manifestants (les organisateurs parlaient de 10 000 participants vendredi matin, sans que cela ait été vérifié), mais pas de celui des Israéliens qui les soutiennent. Les manifestations du samedi soir contre la réforme ont plus d’une fois attiré des centaines de milliers de participants.
Avant de commencer à marcher, jeudi, un homme dans la force de l’âge a dit sur le ton de la plaisanterie que Radman, avec son foulard blanc, était une sorte de « Moshe Rabbenu » du mouvement anti-réforme, en route vers sa terre promise, à savoir l’abandon du projet de réforme judiciaire.
Les participants à cette marche sont venus de tout le pays, souvent avec leurs proches.
Lors de la marche de jeudi, les enfants, âgés de huit ou neuf ans, ont chanté en utilisant les mégaphones des adultes, criant des slogans pro-démocratie, dénonçant un « gouvernement de criminels » et assurant : « Unis, nous l’emporterons ».
Sur Twitter, Shikma Bressler, figure de proue des manifestations de Tel Aviv, a dit de cette marche qu’elle était une sorte de « retour aux sources », faisant le parallèle avec les pèlerinages juifs dans la ville sainte qui est aujourd’hui la capitale du pays.
« Le peuple d’Israël fait son pèlerinage à Jérusalem pour mettre un terme aux violations du contrat entre le peuple et son gouvernement, et empêcher l’effondrement d’un Israël juif et démocratique », a-t-elle annoncé dans une vidéo cette semaine.
Vers 19 h 30, jeudi, la marche a rejoint l’autoroute Route 3 et bloqué les voies en direction de Jérusalem pendant quelque temps.
Contrairement aux récentes manifestations qui ont parfois dégénéré en affrontements avec la police, la marche s’est faite dans une atmosphère sereine. Les participants ont rencontré très peu d’opposition au cours de leur avancée à travers la paisible vallée d’Ayalon, qui ne compte que de rares kibboutzim. Le long de l’autoroute, quelques conducteurs mécontents passant dans la direction opposée ont eu de mauvais gestes envers les manifestants, mais beaucoup ont klaxonné au rythme des slogans et des chants en signe de soutien.
Tous les marcheurs ne feront pas tout le parcours. Les organisateurs ont en effet établi des horaires pour que, chaque jour, le plus grand nombre puisse se joindre à la marche suivant ses possibilités. Jeudi, à leur arrivée au kibboutz Nahshon, tentes, tables, nourriture et boissons apportées par des bénévoles attendaient ceux qui avaient prévu de bivouaquer sur place.
Epuisés par la marche, nombre d’entre eux se sont installés sur des couvertures dans un vaste champ, au centre du kibboutz. L’événement s’est alors transformé en fête : les marcheurs ont pu se détendre en mangeant et en buvant des bières, dans l’attente des discours des dirigeants des manifestations et de personnalités qui soutiennent le mouvement.
Amit Bechel, fraîchement élu à la tête de l’Association du barreau israélien, résolument opposé à la réforme, Hagai Levine, épidémiologiste et président de l’Association des médecins de santé publique du pays et Dan Halutz, ex-chef d’état-major de Tsahal se sont relayés au micro.
« Ces lois scélérates en finiront avec la démocratie », a déclaré Bechel à la foule. « Nous nous battons pour le pays, contre l’annulation de la clause du caractère raisonnable et pour la démocratie. »
Les manifestants étaient pour la plupart laïcs, mais un grand nombre d’entre eux, parmi lesquels Yaya Fink, membre du parti Avoda, ont dit la prière traditionnelle du vendredi matin – sha’harit – et fait sonner le shofar avant de reprendre la route.
LE PLUS. (1) La Marche verte est une grande marche pacifique partie du Maroc le vers le Sahara espagnol (actuel Sahara occidental, disputé avec le Front Polisario), lancée par le roi marocain Hassan II dans le but de le récupérer, car considéré comme faisant historiquement partie du Sahara marocain. Elle mobilisa environ 350 000 volontaires civils marocains.