Après plusieurs jours où les milieux économiques ont craint que l’agence de notation de crédit Moody’s révise à la baisse la note d’Israël, le résultat est tombé pendant Shabbat.

Finalement, la note d’Israël reste A1 mais l’agence a décidé de revoir ses prévisions pour l’évolution de l’économie israélienne de  »positive » à  »stable ».

La note de crédit définit la capacité d’un pays, d’une entreprise ou d’un particulier à rembourser les prêts qu’ils demandent à contracter. Le classement est basé sur la solidité et la stabilité financière du citoyen, de l’entreprise ou du pays. Les données de l’historique financier sont prises en compte, par exemple si les dettes ont toujours été remboursées à temps ; l’état des actifs de l’emprunteur, l’équité, par exemple, si l’État possède de nombreux actifs ; et l’étendue des obligations qui existent déjà.

En fonction de la note qu’obtient l’Etat, les taux d’intérêt des prêts qu’ils contractent seront plus ou moins élevés.

Concernant Israël, les trois principales agences de notation lui attribuent la note A, à des degrés divers – Moody’s A1, S&P AA-, Fitch A+ – ce qui témoigne de la fiabilité et de la stabilité de l’Etat hébreu lorsqu’il veut emprunter à l’étranger.

 

Dans les explications de l’agence Moody’s pour justifier les prévisions à la baisse, on comprend que l’agence a pris en compte la réforme judiciaire, la manière dont le gouvernement a essayé de la légiférer et surtout les réactions qu’elle a suscitées dans la société civile.

»La manière dont le gouvernement israélien a tenté de faire passer une réforme importante sans chercher à obtenir un large consensus pointe une faiblesse des institutions de l’Etat et une baisse de sa capacité à prévoir des politiques sur le long terme. BIen que le dialogue autour d’un compromis au regard de cette réforme se poursuit, le gouvernement a indiqué son intention de modifier la méthode de nomination des juges. Il en résulte une tension politique et sociale continue en Israël. Si une solution est trouvée, sans accentuer ces tensions, alors les prévisions économiques positives que Moody’s émettaient par le passé, seront de nouveau d’actualité ».

L’agence ajoute que malgré  »les développements positifs au regard des réalisations économiques et fiscales, les changements proposés ont soulevé une forte protestation, un appel à la grève générale par la Histadrout le 27 mars et le refus de quelques soldats et officiers de réserve de se présenter aux entrainements, ce qui constituent des événements sans précédent ».

Les économistes de Moody’s constatent, par ailleurs, que  »beaucoup en Israël soutiennent un changement dans le système judiciaire. Les entreprises se plaignent des procédures judiciaires trop longues et beaucoup reconnaissent qu’il est nécessaire de mieux définir le rôle de la Cour suprême et de modifier sa composition pour qu’elle représente plus de nuances ». L’agence réitère la nécessité de parvenir à ces changements dans le cadre d’un large consensus.

Moody’s souligne que le maintien de la note A1 souligne la croissance économique forte d’Israël et l’amélioration de la résilience budgétaire:  »La croissance est solide face aux chocs économiques et géopolitiques qui ont été nombreux ces dix dernières années et augmente à un rythme rapide, avec l’aide des capacités concurrentielles globales de l’industrie israélienne de la hi-tech ».

A moyen terme, l’agence Moody’s estime que la croissance continuera à être solide et souligne la bonne reprise de l’économie israélienne après le Corona.

« Si les événements depuis le début de l’année ont démontré la force de la société civile, ils ont également révélé de véritables divisions dans la société israélienne, plus profondes que les changements judiciaires et laisseront probablement des risques sociaux et politiques élevés en Israël pendant un certain temps. Une plus grande polarisation pourrait saper l’efficacité des politiques et la force économique d’Israël à moyen terme », a déclaré Moody’s.

Dès la sortie de Shabbat, le Premier ministre et le ministre des Finances ont publié leur réaction commune:

« L’économie d’Israël est stable et solide et avec l’aide de Dieu, elle le restera. Les analystes de l’agence de notation Moody’s reconnaissent à juste titre la force de l’économie israélienne que prouvent tous les indicateurs et la politique économique juste et responsable que nous menons dans la gestion avisée des finances publiques, des dépenses et la promotion de réformes favorisant la croissance ».

Ils poursuivent: « L’inquiétude des analystes de Moody’s au sujet du débat public et de son effet sur la stabilité politique et économique d’Israël est naturelle pour ceux qui ne connaissent pas la force de la société israélienne. Nous croyons en la force de la société israélienne, son unité et sa capacité à surmonter les différends et les crises, comme nous l’avons fait à maintes reprises dans le passé, nous sommes convaincus que ce sera le cas avec l’aide de Dieu cette fois aussi. L’État d’Israël est une démocratie forte et, par conséquent, les citoyens d’Israël tiennent des discours enflammés sur des questions qui sont au coeur du débat au sein de la société israélienne et qui sont des signes de la force de la démocratie israélienne.

Par nature, les conflits politiques intenses conduisent à la protestation et peuvent créer une incertitude temporaire, ce sont des risques qui sont pris en compte et définis dans les évaluations économiques de l’État d’Israël. Il n’y aura aucune atteinte à la démocratie israélienne et à l’économie israélienne. Et nous continuerons à mener une politique économique, sécuritaire et sociale responsable et à tout faire pour une économie israélienne stable, en croissance et prospère. »

Le député et président de la commission des Lois, Simha Rotman, a accusé les journalistes de la presse israélienne de biaiser la manière dont ils rendent compte de l’estimation de l’agence Moody’s:  »Le message de Moody’s n’est pas agréable pour le mouvement de protestation et les dommages qu’il cause. Les journalistes ignorent le texte qui accompagne la notation dans lequel il est dit que c’est le fait que la Histadrout et l’armée ait été entrainées dans la protestation qui a porté atteinte à la stabilité du marché. Ce ne sont pas des journalistes mais des activistes de la protestation ».

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