Emmanuelle Ducros. Selon lopinion.fr : « La 10 édition du rapport annuel sur le bonheur mondiala été publié récemment. Un rapport élaboré par le Réseau de solutions pour le développement durable, inspiré par l’idée du Bonheur national brut née au Bhoutan en 1972, qui estimait que le succès d’un pays devait être jugé non sur ses résultats économiques, mais sur la satisfaction des habitants.
C’est un classement mondial des pays, réalisé à base de sondages menés localement, croisés avec des données économétriques et sociales. On demande à un échantillon représentatif d’habitants d’un pays d’évaluer leur vie actuelle sur cette échelle de 0 à 10 et croisé avec six facteurs : le PIB par habitant, l’espérance de vie en bonne santé, le soutien social, la générosité et la corruption, la liberté.
Le pays où on est le plus heureux au monde est la Finlande, ça fait six ans que ça dure. Ensuite, viennent le Danemark et l’Islande. Puis Israël, les Pays-Bas, la Suède, la Norvège, la Suisse. Pays qui présentent des caractéristiques similaires : espérance de vie en bonne santé et PIB par habitant élevés, niveau de corruption bas, une générosité importante dans une communauté où les individus s’entraident et la liberté. En queue de classement on trouve, loin derrière tous les autres, le Liban et l’Afghanistan.
Et la France dans tout ça ? Elle ne fait pas mentir sa réputation de paradis peuplé de gens qui se croient en enfer. Elle sort du palmarès des 20 pays les plus heureux du monde, après n’y avoir passé qu’un an. 21e ! On s’estime moins bien loti en France qu’au Royaume Uni. Ça ne console pas beaucoup de savoir que parmi les pays comparables, seuls l’Espagne et l’Italie se considèrent encore plus malheureux.
Pour expliquer la déprime française, on ne peut pas incriminer le niveau de richesse, la France étant encore au 7e rang mondial, ni l’espérance de vie en bonne santé, dans la moyenne européenne, c’est à dire parmi les plus importantes du monde. Pour ce qui est du soutien social, la France est championne du monde de la redistribution. 31% de sa richesse nationale est allouée aux dépenses sociales.
Indice, dans les commentaires livrés par les auteurs de l’étude : « Les pays nordiques ont le niveau de bien-être le plus élevé, bien qu’ils ne soient pas plus riches que beaucoup d’autres pays. Mais ils ont des niveaux plus élevés de confiance, de respect mutuel et d’entraide ».
L’entraide, on a pu le voir pendant la crise sanitaire ou avec la guerre en Ukraine, que ce n’était pas un vain mot. Reste la question de la confiance et du respect mutuel… Le spectacle politique consternant des dernières semaines et la traduction dans la rue ces derniers soirs expliquent sans doute une partie du malheur Français, pays qui a du mal à s’aimer lui-même… Fracturé, enfermé dans le ressentiment, l’autodénigrement, les jalousies recuites.
Reste la question de la liberté. La liberté au sens défini par l’étude, c’est-à-dire pas seulement la démocratie et l’Etat de droit mais le fait, pour chacun, de pouvoir prendre des décisions importantes concernant sa propre vie. La France, pays bardé de normes, de lois, de couches administratives qui découragent ses élans, brident sa créativité, découragent sa jeunesse et on le voit, empêchent toute réforme d’ampleur, quelle qu’elle soit.
Peut-être qu’elle est là, la source du malheur français. Un État nounou protecteur, si protecteur qu’il en est étouffant et qu’il nous empêche de voir notre chance. »