Grace Breeding, installée à Rehovot dans le centre d’Israël, s’est associée à une université brésilienne pour piloter son bio-engrais NFT, qui, selon elle, permet de limiter l’utilisation d’azote synthétique polluant, réduire les émissions de gaz à effet de serre, économiser l’eau et l’argent des agriculteurs.
L’utilisation de NFT sur les semis de maïs a permis d’obtenir une germination rapide, une croissance égale sinon meilleure et une plus grande efficacité de l’azote naturel par rapport à sa version synthétique (l’urée) utilisée dans les engrais chimiques, a annoncé la société.
Le rendement des cultures sera mesuré lors de la prochaine étape, à savoir les tests sur le terrain.
En septembre, la société avait publié les résultats de ses propres tests in vivo, sur du blé cultivé en Israël, qui concluaient à une amélioration des rendements de l’ordre de de 18 %.
Les plantes ont besoin d’azote pour pousser correctement. À défaut, leur croissance est entravée, leurs feuilles jaunissent et leurs fleurs et fruits sont de plus petite taille.
Dans la plupart des pays, l’azote est administré aux cultures via des engrais chimiques, non sans provoquer de nombreux problèmes.
Selon le PDG de Grace Breeding, Assaf Dotan, plus de la moitié de l’azote synthétique finit dans les plans d’eau, où il cause une eutrophisation (croissance excessive d’algues) susceptible d’épuiser l’oxygène de l’eau et de poser des problèmes de santé aux êtres – personnes et bétail – qui consomment cette eau.
La production de l’azote synthétique est également très polluante.
Pour chaque tonne métrique produite aux États-Unis, explique Dotan, 1,84 tonne métrique de dioxyde de carbone est émise, et bien davantage dans les usines chinoises ou indiennes.
La solution naturelle NFT Bio-Fertilizer de Grace Breeding a vocation à augmenter de manière durable les rendements des cultures et renforcer la résilience des plantes au changement climatique.
Dans la nature, les plantes s’associent à des champignons et des bactéries dans le sol pour convertir l’azote atmosphérique en une forme qu’elles peuvent utiliser.
Les plantes qui appartiennent à la famille des légumineuses, comme les pois ou les haricots, sont particulièrement douées en la matière. Elles se lient à des bactéries, appelées rhizobium, qui forment des nodules sur les racines des plantes.
C’est à l’intérieur de ces minuscules usines que l’alchimie a lieu.
Le maïs, en particulier, a besoin de grandes quantités d’azote, ce qui renchérit considérablement les couts pour les agriculteurs.
Grace Breeding a pris des céréales comme le blé ou le maïs, qui ne sont pas des légumineuses, et les a conditionnées pour interagir avec le rhizobium et bénéficier de son action, comme le font les légumineuses, même si physiologiquement, elles ne sont pas naturellement programmées pour le faire.
Un « bioactivateur » – cocktail spécial breveté de matières végétales aux propriétés anti-inflammatoires – est administré aux céréales pour favoriser cette relation.
Par analogie, on peut rapprocher le procédé de celui qui consiste à préparer un patient humain pour que son corps accepte une greffe.
Même si elle a l’intention, à terme, de remplacer complètement l’azote, Grace Breeding a pour l’heure une approche hybride, avec l’emploi de faibles quantités d’azote synthétique, de l’ordre d’un huitième de ce qui est normalement utilisé.
Son procédé permet de limiter l’apport externe d’azote à une fois, au moment des semis, au lieu de quatre fois normalement.
Les bactéries se multiplient rapidement autour des racines des plantes, d’où elles captent l’azote de l’atmosphère.
Dotan explique avoir choisi de mener ses tests avec le Brésil, gros producteur de maïs, en lien avec l’Université Londrina, située dans la région de production du maïs, et la société brésilienne Gaia AgroSolutions.
Il précise que NFT contribue au final à réduire par deux les émissions de dioxyde de carbone grâce à l’amélioration de la photosynthèse des plantes et de moindres besoins en azote de synthèse, très polluant.
Lors de la photosynthèse, les plantes combinent dioxyde de carbone, eau et lumière solaire pour créer des sucres.
« Ainsi, on fixe davantage de carbone, séquestré dans le sol », explique Dotan.
Si les rendements du maïs brésilien sont bons, Grace Breeding et ses partenaires feront certifier leur méthode afin de pouvoir émettre des crédits carbone.
Échangés dans le cadre d’un marché volontaire du carbone, es crédits carbone permettent aux gouvernements, entreprises et particuliers de compenser les émissions de gaz à effet de serre qu’ils ne peuvent pas réduire pour l’heure, en investissant dans des projets offrant une alternative aux émissions (comme les énergies renouvelables) ou permettant de les réduire ou de les stocker (comme le fait NFT de Grace Energy, s’il est approuvé).
« Les agriculteurs n’achèteront pas un produit simplement parce qu’il est bon pour la planète. Il faut qu’il garantisse de bons rendements, une meilleure qualité et des économies », a ajouté Dotan.
Dotan travaillait auparavant pour la société de pesticides chimiques Adama, auparavant connue sous le nom Makhteshim Agan.
Le chef du conseil consultatif scientifique de Grace Breeding est le professeur Yoram Kapulnik, expert en fixation de l’azote et ex-PDG de l’Organisation israélienne de recherche agricole, le Centre Volcani.
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