Une « Learning Expedition » de l’ESCP Business School a démarré ce jeudi en Israël. Le thème central de la mission de 5 jours « l’écosystème hightech de Tel-Aviv, Jérusalem et Beersheva ». Jeudi la délégation était à Yad Vashem. Le programme de visites est soutenu par la Fondation France-Israël. La CCIIF de Tel-Aviv manage la mission.

Yad Vashem est un mémorial israélien situé à Jérusalem, construit en mémoire des victimes juives de la Shoah perpétrée par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. Le Parlement israélien, la Knesset, a décidé sa construction en 1953 en votant la loi du mémorial. Il se trouve dans la forêt de Jérusalem, sur le versant ouest du mont Herzl (mont du Souvenir) à 804 mètres d’altitude.

Le nom Yad Vashem provient du Livre d’Isaïe : « Je leur donnerai dans ma maison et dans mes murs un monument et un nom meilleurs que des fils et des filles ; je leur donnerai un nom pour toujours, il ne sera jamais retranché » (Isaïe 56:5).

Mission

La loi de 1953 énonce que « Yad Vashem a pour mission de rassembler sur le sol de la patrie, les souvenirs de tous ces membres du peuple juif qui ont péri et sacrifié leur vie, qui ont combattu et qui se sont soulevés contre l’ennemi nazi et ses complices, d’élever un mémorial en leur mémoire et en mémoire des communautés, organisations et institutions qu’en raison de leur appartenance au peuple juif, l’oppresseur a vouées à une destruction totale et de perpétuer le souvenir des Justes des nations ».

Organisation du mémorial

Salle de la mémoire.

Ce mémorial couvre tout le sommet d’une colline à l’ouest de Jérusalem, un peu à l’écart de la ville. On y accède par un portail monumental rappelant ceux qui se trouvaient à l’entrée des camps. Il consiste en plusieurs bâtiments et jardins extérieurs :

  • une salle de la mémoire ;
  • un musée historique ;
  • une galerie d’art ;
  • des archives ;
  • la « Vallée des communautés détruites » ;
  • le Hall des noms ;
  • le mémorial des enfants ;
  • et un centre éducatif. L’École internationale d’études de la Shoah a intégré un bâtiment neuf comportant dix-sept salles de classe, un centre multimédia, un espace d’exposition. Lors des sixièmes rencontres internationales d’études de la Shoah, plus de sept-cents éducateurs de cinquante-deux pays se sont rassemblés pour confronter leurs expériences lors d’ateliers et rencontres avec des survivants, dont Batsheva Dagan, survivante de Ravensbrück et d’Auschwitz.

En outre, le Service autrichien de la Mémoire soutient le Mémorial de Yad Vashem en y envoyant ses collaborateurs.

Yad Vashem a longtemps condamné publiquement l’attitude du pape Pie XII pendant la Shoah, qui ne condamna pas explicitement les pratiques du IIIe Reich mais aida au sauvetage de Juifs4,5. En 2012, cette condamnation a été nuancée.

En 2020, le directeur depuis 27 ans de Yad Vashem, Avner Shalev, annonce son départ à la retraite à la fin de l’année. Le Premier ministre israélien propose en 2020 de nommer à partir de 2021 à la tête de Yad Vashem l’homme politique d’extrême droite Effi Eitam, suscitant une vive controverse, le mémorial étant jusqu’alors dirigé par des personnalités apolitiques et consensuelles. L’historienne Deborah E. Lipstadt s’oppose notamment à cette proposition en déclarant : « C’est plus qu’une erreur colossale –c’est une tragédie ». Quant à l’historien Israël Bartal, il menace, dans le cas de cette nomination, de mettre fin à tout contact avec l’institut de recherches du mémorial. Au 30 novembre 2020, la proposition du Premier ministre n’est pas retirée, à un moment ou le mémorial connaît des difficultés financières liées à la pandémie de Covid. Finalement, Dani Dayan, 65 ans, ancien dirigent du Conseil de Yesha est nommé à la tête de Yad Vashem le 22 août 2021.

Jardin des Justes

Des personnes non juives sont également honorées à Yad Vashem : les « Justes parmi les nations ». Ils ont sauvé des Juifs pendant la guerre, souvent au risque de leur vie. Tout un village français, Le Chambon-sur-Lignon, est honoré par un jardin et une stèle. Ses habitants avaient fait de leur village un refuge pour les Juifs fuyant les Nazis.

Environ vingt-mille personnes, vivantes ou décédées, sont honorées comme « Juste parmi les nations ».

Nouveau musée

Intérieur du nouveau bâtiment triangulaire inauguré en 2005.

La galerie – prisme

En , un nouveau bâtiment a été inauguré en présence de plusieurs chefs d’État et de gouvernement et de l’ancien secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan.

Le nouveau musée de l’histoire de la Shoah, conçu par Moshe Safdie, a la forme d’un prisme de béton à section triangulaire qui traverse le paysage, illuminé par une galerie baignée par la lumière du jour et longue de 200 mètres. Les visiteurs doivent suivre un parcours le long de galeries souterraines qui se séparent du hall central. Safdie est aussi l’architecte du Mémorial des enfants et de celui aux déportés, un wagon à bestiaux.

Les portes monumentales sont l’œuvre du sculpteur David Palombo (1920–1966).

Archives

Les archives de Yad Vashem, qui ont commencé à fonctionner en 1946, contiennent quelque 180 millions de documents, soit la plus grande collection au monde de documents sur la Shoah.

Yad Vashem a permis d’apprendre que des personnes qu’on croyait avoir été tuées pendant la guerre avaient en réalité survécu. Deux familles juives de Varsovie, celle de Nisan Band et celle de sa sœur Jenta, épouse Bor(e)nstein, passèrent toutes deux les années de guerre en Union soviétique. Après la libération, chacune des deux familles pensait que l’autre avait été tuée par les nazis. Nisan Band resta en Union soviétique jusqu’à sa mort en 1983, persuadé qu’à part lui, sa femme et ses enfants, toute sa famille avait été exterminée. En 1948, Jenta Band et son époux Symcha Bor(e)nstein émigrèrent en Israël avec leurs enfants. Symcha Bor(e)nstein témoigna au Yad Vashem que son beau-frère Nisan Band était à mettre au nombre des victimes de la Shoah. Les enfants de Nisan Band, eux, émigrèrent en Israël dans les années 1990. En 2016, ils eurent la surprise de constater que leur père, mort en 1983, était porté victime de la Shoah au Yad Vashem. Il s’enquirent de l’identité du déclarant et c’est ainsi que chaque famille sut que l’autre n’avait pas été tuée. Henia Moskowitz, fille des époux Borenstein, a déclaré : « J’ai grandi dans la croyance que toute notre parentèle avait été assassinée en Pologne. Mes parents ne parlaient jamais de la Shoah ni de leurs vies passées ».

Le , le Jerusalem Post publia un article selon lequel Shmuel Krakowski, directeur de Yad Vashem, lui avait déclaré que plus de la moitié des 20 000 témoignages de survivants de l’Holocauste enregistrés à Yad Vashem étaient indignes de foi (« unreliable ») Shmuel Krakowski envoya au journal un démenti qui fut publié le .

Autour de Yad Vashem

Au cours de sa visite d’État en Israël en 2013, le Premier ministre des Pays-Bas Mark Rutte est venu se recueillir au mémorial.

Yad Vashem avait choisi, pour clore son circuit sur les camps de concentration, le « Kaddish » qui termine Le Dernier des Justes d’André Schwarz-Bart (« Et loué. Auschwitz. Soit. Majdanek. L’Eternel. Treblinka. Et loué. Buchenwald. Soit. Mauthausen. L’Eternel. Belzec. Et loué. Sobibor. Soit. Chełmno. L’Eternel. Ponary. Et loué. Theresienstadt. Soit. Varsovie. L’Eternel. Vilno. Et loué. Skaryzko. Soit. Bergen-Belsen. L’Eternel. Janow. Et loué. Dora. Soit. Neuengamme. L’Eternel. Pustkow. Et loué… »). Ce « Kaddish » est aujourd’hui inscrit en lettres géantes sur un mur du nouveau musée inauguré en 2005.

 

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