Que se passe-t-il avec le shekel ?

Daniel Gugenheim (Docteur en économie )

Ces acteurs démentent avec vigueur toutes les rumeurs sur la sortie de capitaux des investisseurs étrangers

Depuis quelques semaines, le shekel baisse par rapport aux principales devises mondiales. Cette baisse s’est brusquement accélérée ces derniers jours pour atteindre son paroxysme le 22 février. Le dollar a alors presque atteint 3.7 shekels, son plus haut depuis trois ans, et l’euro a dépassé 3.9 shekel, un record depuis un an et demi. Puis, dans l’après-midi du même jour, le shekel s’est brusquement renforcé, le dollar revenant autour de 3.6 et l’euro autour de 3.8. A partir de ce moment-là, le shekel n’a plus bougé sensiblement.

Pour mieux comprendre ce retournement de situation, il faut avoir en tête que le cours du shekel est influencé par trois principaux facteurs : Les résultats macroéconomiques, l’attractivité de la monnaie selon les investisseurs, et la rentabilité des bourses américaines, particulièrement le Nasdaq.

Les résultats économiques de janvier 2023 en Israël sont bons, il y a eu toujours de l’excédent, tant dans la balance des paiements que dans celle des comptes budgétaires, et les réserves en devises de la banque d’Israël ont augmenté de 7 trillions, pour atteindre la somme de 201 trillions dollars, soit 39% du PIB. De plus, l’Etat d’Israël a emprunté avec succès des milliards sur les marchés financiers internationaux.

Du point de vue de l’attractivité du shekel, les taux d’intérêt de la banque d’Israël sont équivalents à ceux de la FED, mais l’inflation en Israël est plus faible qu’aux USA, si bien que les intérêts réels sont supérieurs pour le shekel. En fait, on vient d’apprendre que les « institutionnels » qui gèrent les retraites des Israéliens ont accru,  en janvier 2023, de 14 milliards shekalim leurs investissements à l’étranger et particulièrement sur les bourses américaines. De ce fait, ils ont acheté beaucoup plus de dollars.

C’est la principale explication de la baisse du shekel fournie par les responsables de la banque d’Israël et de la bourse. Ces acteurs démentent avec vigueur toutes les rumeurs sur la sortie de capitaux des investisseurs étrangers ou sur une ouverture massive de comptes à l’étranger, même dans la dernière période, qui seraient une conséquence de la réforme judiciaire voulue par le gouvernement.

Le 22 février, quand le shekel a baissé fortement, un organisme anonyme est intervenu puissamment sur le marché pour acheter le shekel en vendant du dollar. Certains analystes ont estimé qu’il pourrait s’agir de la banque d’Israël, qui d’ailleurs n’a pas démenti. Dans la soirée du 22, la banque d’Israël a réuni le conseil de la stabilisation financière, sans doute, en partie, pour apaiser les craintes du public.

Quoi qu’il en soit, le marché des devises est par essence volatile et des mouvements, surtout à court terme, ne peuvent pas toujours être expliqués par des motifs économiques, mais le plus souvent tiennent à des réactions psychologiques.

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